
La banque franco-belge Dexia, qui avait frôlé la faillite à l'automne 2008, va finalement réduire son bilan de 35% dans le cadre d'une restructuration exigée par la Commission européenne pour compenser les aides publiques lui ayant permis de survivre à la crise.
"A l'HORIZON 2014, le bilan du groupe aura diminué de 35% environ" comparé à fin 2008, a annoncé l'administrateur délégué, Pierre Mariani, à la presse vendredi à Bruxelles.
Le groupe avait commencé l'an dernier à faire le ménage dans son portefeuille obligataire, à arrêter les activités de marché les plus risquées et à céder des actifs comme la filiale américaine FSA ou des participations dans KommunalKredit Austria et Crédit du Nord.
Cela représentait déjà une réduction de bilan de 30%, mais pas assez pour la Commission européenne, gardienne de la concurrence dans l'UE.
Dexia va donc aussi se séparer d'activités de financement de collectivités en Italie (Crediop), en Espagne (Sabadell) et en Slovaquie, ainsi que d'assurance en Turquie où elle conservera en revanche sa banque, a annoncé vendredi sa direction.
Pour le président du conseil d'administration, Jean-Luc Dehaene, cela va "dans l'esprit de se retirer sur notre périmètre naturel", à savoir la France, la Belgique et le Luxembourg.
Dexia va aussi "réduire nettement sa dépendance aux financements à court terme", a encore relevé M. Mariani. Le groupe ne pourra pas procéder à des acquisitions pendant deux ans sans accord de la Commission, mais pourra le cas échéant verser un dividende. Et "une sortie complète des systèmes de garantie publique est prévue pour fin juin", a précisé M. Mariani.
Les mesures devaient encore être validées dans la soirée par le conseil d'administration de Dexia, et par une décision officielle de la Commission européenne dans les prochaines semaines.
Un porte-parole de la commissaire à la Concurrence Neelie Kroes a néanmoins déjà salué des "discussions très constructives avec Dexia et les autorités françaises, belges et luxembourgeoises".
Il a fait part de la satisfaction de Mme Kroes, qui quitte son poste dans quelques jours, face à la perspective d'une "restructuration de Dexia qui assurerait sa viabilité" et d'une "réduction d'activité suffisante pour compenser les distorsions de concurrence".
La Commission exige que toutes les banques européennes soutenues par les pouvoirs publics pendant la crise se restructurent afin de garantir qu'elles n'auront pas besoin d'aides supplémentaires à l'avenir.
C'est bien le cas de Dexia, qui n'a survécu à la crise financière que parce que les Etats français, belge et luxembourgeois ont procédé à une injection de 6,4 milliards d'euros et garanti sa dette à hauteur de 150 milliards d'euros, un montant depuis ramené à 100 milliards.
Mais elle s'en sort finalement bien comparé à certains de ses concurrents comme le néerlandais ING, qui a dû abandonner son modèle de bancassurance et renoncer à ses assurances, ou l'allemande Commerzbank qui va réduire son bilan de 45%.
L'accord avec Bruxelles "reconnaît que Dexia a déjà fait pas mal de chemin dans sa restructuration", s'est félicité vendredi M. Dehaene.
Il "salue le travail accompli en un an", a insisté M. Mariani, rappelant que mi-mars 2009, "la Commission européenne considérait que Dexia n'était pas viable".
Au final, "il y a des mesures d'économies qui sont présentées. Mais on a un maintien de l'actitivé et pour le personnel c'était très important", a souligné le ministre belge des Finances, Didier Reynders.