En déclarant, dans le sillage de résultats trimestriels inférieurs aux attentes, que la reprise allait continuer d'être "lente et graduelle" aux Etats-Unis comme en Europe, BP a sérieusement refroidi les investisseurs. A Londres, l'action décroche de 4,24% à 569,40 pence entraînant à sa suite ses concurrents Total (-1,32%) et Shell (-1,09%). A l'instar d'Exxon et Chevron qui ont déjà publié leurs comptes, la première compagnie pétrolière européenne est pénalisée par la baisse des prix du gaz et surtout par la dégradation des marges de raffinage.
Hors éléments exceptionnels et plus ou moins-values liées aux variations de stocks, le bénéfice net a progressé de 68% à 4,38 milliards de dollars. C'est moins que les 4,7 milliards attendus par les analystes interrogés par Bloomberg.
Le directeur général Tony Hayrward a déclaré qu'il s'attendait à une baisse de la production cette année et que les marges de raffinage resteraient déprimées. En 2009, BP avait satisfait les investisseurs - l'action a bondi de 20% lors de six derniers mois - en augmentant de 4% sa production de pétrole et de gaz et remis à pleine capacité ses raffineries.
Surtout, le groupe est parvenu à réduire de 4 milliards de dollars ses coûts de fonctionnement (le double du projet initial) et annoncé la découverte d'importants champs d'hydrocarbures, notamment dans le Golfe du Mexique (champ Tiber).
"La déception vient essentiellement du raffinage-marketing", a commenté CA Cheuvreux. A 1,49 dollar par baril, la marge de raffinage est tombée à son plus bas depuis le premier trimestre 1995, selon les chiffres de BP.
Pour autant, le broker maintient son opinion Surperformance en raison du dividende de 14 cents par action, en ligne avec ses attentes. De son côté, Merrill Lynch-Bank of America a réitéré sa recommandation Neutre.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pétrole et parapétrolier
L'AIE (Agence internationale de l'énergie) a revu à la hausse ses prévisions de demande de pétrole pour cette année. Elle prévoit désormais un recul de 1,7% sur un an, à 84,8 millions de barils par jour (mbj). Jusqu'à présent elle tablait plutôt sur une diminution de 1,9%. Les estimations de l'AIE ont également été revues à la hausse pour 2010 : la demande devrait progresser de 1,6% sur un an, pour s'établir à 86,2 mbj. Les producteurs de pétrole s'inquiètent des conséquences sur leurs économies que pourrait avoir un accord sur le climat à Copenhague, en réduisant significativement la demande de pétrole. Ces inquiétudes ont été corroborées par les données de l'AIE, qui estime que le manque à gagner pour les producteurs lié à l'adoption de politiques davantage tournées vers l'ENVIRONNEMENT pourrait s'élever environ à 4.000 milliards de dollars d'ici 2030. Sans changement des politiques énergétiques, les revenus de l'opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) s'élèveraient à 28.000 milliards de dollars entre 2008 et 2030.