Henri Proglio, patron d'EDF et président du conseil d'administration de Veolia, va toucher deux millions d'euros par an, dont 1,6 million d'EDF et 450.000 euros de Veolia, cumulant deux rémunérations contrairement aux promesses faites par le gouvernement lors de sa nomination.
"La rémunération annuelle de M. Proglio est de deux millions d'euros dont 450.000 euros au titre de Veolia et le reste au titre d'EDF", a-t-on expliqué dans l'entourage de la ministre de l'Economie Christine Lagarde, confirmant une information du Point.fr.
La somme de 1,6 million versée par EDF à M. Proglio correspond à une augmentation d'environ 45% par rapport à celle de son prédécesseur à la tête du groupe public Pierre Gadonneix.
"Sur proposition du comité des rémunérations d?EDF, l?Etat a fixé la rémunération d?Henri Proglio en qualité de Pdg d?EDF de telle sorte que, en tenant compte de ce qu?il perçoit au titre de la présidence non exécutive de Veolia, le total n?excède pas ce qui lui était versé dans ses anciennes fonctions de président exécutif de Veolia", fait-on valoir au ministère.
"L?Etat ne souhaitait ni imposer une baisse, ni tolérer une hausse de la rémunération totale d?Henri Proglio", a expliqué Bercy.
M. Proglio a perçu 1,6 million d'euros chez Veolia en 2008 et 2,5 millions en 2007. Les chiffres de 2009 n'ont pas encore été divulgués.
Selon une source proche du dossier, la rémunération de 1,6 million d'euros versée par EDF comprend "un million au titre du salaire fixe et 60% au titre du salaire variable, soit 600.000 euros s'il remplit les objectifs qui lui ont été fixés".
Face à la polémique suscitée par la double casquette de M. Proglio, devenu patron d'EDF tout en restant président du Conseil d'administration de Veolia, la ministre de l'Economie Christine Lagarde avait pourtant assuré en novembre qu'il ne toucherait qu'un salaire, celui de l'entreprise publique.
Henri Proglio avait, lui, demandé à conserver le niveau de revenus qui était le sien en tant que patron de Veolia, provoquant l'ire des syndicats d'EDF et de l'opposition de gauche ainsi que des remous au sein du gouvernement.
Le Haut Commissaire aux solidarités actives et à la jeunesse Martin Hirsch avait notamment affirmé ne pas aimer "les salaires trop élevés, du tout, pour Proglio comme pour d'autres". Quand "pendant beaucoup d'années, on a gagné autant, il y a un moment où on peut s'arrêter", avait-il ajouté.
Le député Vert Noël Mamère avait jugé digne d'une "république bananière" ce cumul de fonctions, tandis que le Parti socialiste évoquait "une confusion d'intérêts et de genres douteuse".
Le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF) Jean-Pierre Jouyet avait quant à lui qualifié de "baroque" la double fonction occupée par Henri Proglio.
M. Proglio a pris la tête d'EDF en novembre, en affichant sa volonté de réorganiser la filière nucléaire française autour d'EDF, ce qui a attisé les tensions avec son rival, le groupe nucléaire Areva.