Renault a réussi à contenir en 2009 le recul de ses ventes grâce à la prime à la casse, mais prévient qu'il va devoir faire face à "une guerre des prix" pour conforter sa place sur le marché mondial, au moment où son projet de délocalisation de la Clio IV suscite la polémique.
Avec 2,309 millions de véhicules écoulés l'an dernier, le constructeur français (marques Renault, Dacia, Samsung et Lada) a vu ses ventes mondiales baisser de 3,1%.
Mais il a augmenté légèrement sa part de marché à 3,7% (+0,1 point), dans un marché mondial en recul de 4,7%, selon les résultats présentés jeudi par le groupe, quelques jours après son concurrent PSA Peugeot Citroën dont les ventes ont reculé de 2,2% l'an dernier.
En 2008, les ventes de Renault avaient déjà baissé de 4,2% à 2,381 millions de véhicules, conséquence de la crise qui a durement touché le secteur.
Mais l'an dernier, les constructeurs ont été soutenus par les plans de relance gouvernementaux, dont les primes à la casse, qui ont dopé les ventes. "2009 a été très contrasté, avec des marchés mondiaux en baisse mais une certaine reprise du Brésil et de la Chine. Le marché de l'automobile s'est redressé au cours de l'année sous l'effet de la prime à la casse", a résumé le directeur commercial de Renault, Jérôme Stoll, lors d'une conférence de presse au siège de Boulogne-Billancourt (Haut-de-Seine).
Sur 702.083 véhicules vendus par le groupe en France, environ 29% ont bénéficié de cette prime, a-t-il ajouté. Comme pour son concurrent PSA, les petites voitures en sont les principales bénéficiaires.
La Clio III, 3e modèle le plus vendu en France, a ainsi été écoulée à 292.926 exemplaires (126.167 en France), a indiqué un porte-parole à l'AFP. La Logan et la Sandero, voitures de la gamme "Entry" (entrée de gamme), à respectivement 213.495 et 224.418 unités.
Pour 2010, le constructeur s'attend à une baisse de 8 à 10% du marché européen mais vise une nouvelle augmentation de sa part de marché mondiale.
"Avec la fin du plein effet des aides gouvernementales, le contexte de l'industrie automobile va demeurer tendu", estime Renault.
Pour conforter sa position, il compte "s'appuyer sur de nouvelles offres de produits" avec, par exemple, la poursuite du renouvellement de la gamme dans la famille véhicules utilitaires ou le déploiement complet de la gamme Mégane en véhicules particuliers.
Le constructeur étudie aussi une "OPTION stratégique" en Chine, marché à fort potentiel de croissance sur lequel le français est encore peu présent.
Mais il insiste surtout sur la nécessité, dans un secteur concurrentiel, de tout mettre en oeuvre pour produire des voitures à prix attractifs.
"En tant que directeur commercial, j'ai besoin de véhicules attractifs et compétitifs", d'autant que la "guerre des prix a déjà commencé" a fait valoir M. Stoll, alors que le projet de Renault produire en Turquie la future Clio IV a suscité l'ire du gouvernement français qui a massivement aidé le secteur.
Il a martelé que Renault était "un groupe français" même si seuls 25% des voitures sont fabriqués en France: "85% de son ingénierie est en France".
Il a aussi fait valoir que "les systèmes de production doivent tenir compte de la concurrence. La compétitivité est devenue un élément majeur, le coût de revient d'un modèle doit aussi être un coût qui permette d'être au plus près des attentes de NOS clients", a-t-il souligné.
Renault produit déjà la majorité de ses Clio de 3e génération en Turquie.
"Le gouvernement s'est préoccupé du site industriel pour la future Clio, mais il reviendra à Carlos Ghosn (le PDG) de prendre une décision", a déclaré M. Stoll. M. Ghosn est convoqué à l'Elysée samedi.