Le président Nicolas Sarkozy a encore fait monter d'un cran la pression mercredi sur Renault, qui n'a toujours pas tranché sur la délocalisation de la Clio en Turquie, avant une convocation à l'Elysée du PDG, Carlos Ghosn.
"Nous ne mettons pas tant d'argent pour soutenir NOS constructeurs pour que la totalité des usines s'en aillent à l'extérieur", a déclaré le président de la République en présentant ses voeux aux parlementaires à l'Elysée.
Auparavant, le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, s'était entretenu avec le directeur général du constructeur automobile français, Patrick Pélata, à Bercy, au sujet de cette éventuelle délocalisation. Cette réunion n'a débouché sur aucune décision concrète, mais les deux hommes se sont montrés rassurants.
Le ministre a assuré que le message du gouvernement, à savoir le refus du projet dévoilé par la presse d'une délocalisation de la production de la future Clio, la Clio 4, en Turquie, avait bien été "entendu".
Face à la polémique, M. Pélata a, lui, répété que le constructeur français n'avait pris à ce jour "aucune décision" concernant le futur lieu de production de la Clio 4.
Il s'est également engagé auprès de l'Etat, "quel que soit le scénario", à ce qu'il n'y ait "aucune perte d'emplois" sur le site de Flins (Yvelines) où sont produites actuellement les Clio 2 et 3.
Le ministre de l'Industrie a assuré qu'à l'issue de la réunion entre Nicolas Sarkozy et Carlos Ghosn, des décisions seraient prises concernant "les choix stratégiques" de Renault.
Le constructeur automobile devra, selon lui, apporter "des réponses qui permettent au président de la République de confirmer aux Françaises et aux Français que c'est bien la volonté de l'Etat qui devrait être respectée dans les choix futurs de Renault".
Interrogé sur la marge de manoeuvre de l'Etat, premier actionnaire de Renault avec environ 15% du capital et seulement deux représentants au sein d'un conseil d'administration qui compte 18 membres, Christian Estrosi a répondu: "c'est la détermination de l'Etat à être entendu qui compte".
Le ministre de l'Industrie a d'ailleurs précisé que la question du nombre d'administrateurs serait abordée entre Nicolas Sarkozy et Carlos Ghosn.
Depuis la révélation de ce projet par le quotidien La Tribune vendredi, cette affaire n'a cessé de soulever de vives réactions dans le monde politique et syndical.
"On a très nettement le sentiment que cette affaire monte en puissance a cause des élections qui vont arriver", a expliqué à l'AFP une source interne à Renault. "On comprendrait que le gouvernement soit révolté si on avait annoncé la fermeture de Flins or là ce n'est pas du tout le cas", a ajouté cette source.
La volonté exprimée par Christian Estrosi d'aboutir à une production majoritairement française de la prochaine Clio apparaît difficile à envisager pour le constructeur français.
"Il est plus difficile de produire en France dans le bas de gamme", a affirmé Patrick Pélata à l'issue de la réunion.
"Si on fait cette voiture exclusivement en France, elle ne sera pas rentable. Ce serait presque une production à perte", a assuré une source proche du constructeur automobile.
A la sortie de cette réunion, le directeur général a annoncé qu'il prévoyait d'arrêter la production des Clio sur les sites espagnols et slovènes. Une affirmation relativisée par une source interne expliquant qu'il ne s'agissait que d'une hypothèse parmi d'autres, "sans lien" avec la question de la Clio 4.