Les valeurs cycliques et plus particulièrement celles liées aux matières premières se sont démarquées hier après la publication d'indicateurs économiques encourageants en Europe et surtout en Chine, où l'indice des directeurs d'achats du secteur manufacturier pour le mois de décembre est ressorti à 56,1, son niveau le plus élevé depuis avril 2004. A Londres, les groupes miniers Xstrata et BHP Billiton ont progressé dans le sillage des prix du cuivre.
En 2009, le cuivre s'est envolé de 140%, soit la meilleure performance de l'indice CRB Reuters/Jefferies (+23,46% en un an). Le cuivre a bénéficié du niveau sans précédent des importations chinoises, de la spéculation et en fin d'année, des menaces sur l'offre.
A Paris, le groupe minier Eramet s'est envolé de 7,27% à 236,80 euros. Dans une note publiée hier matin, la Société Générale estime que les dépenses massives chinoises dans des projets d'infrastructures devraient continuer de soutenir les prix des métaux de base en 2010. Le nickel, l'une des spécialités d'Eramet, devrait surperformer en raison de l'augmentation de la demande et du niveau très faible des stocks.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Le groupe occupe des positions fortes sur le plan mondial dans ses trois activités : les alliages et aciers spéciaux à hautes performances, le manganèse et le nickel.
- La production d'acier, et par ricochet l'activité d'Eramet, bénéficient d'une tendance porteuse à long terme : 50% de la production mondiale d'acier est aujourd'hui chinoise et 50% de la consommation mondiale vient du secteur de la construction, du fait de l'urbanisation croissante des pays émergents.
- Le groupe dispose d'une marge de manoeuvre financière pour procéder à d'éventuelles acquisitions.
Les points faibles de la valeur
- En tant que premier employeur de Nouvelle-Calédonie, Eramet est très impliqué dans le climat social du territoire.
- Le groupe est confronté à la dégradation de la rentabilité de sa branche nickel sous l'effet de l'évolution du coût de l'énergie, des taux de change, de l'évolution du gisement et surtout d'une dégradation de la productivité de l'entreprise.
- Les trois activités du groupe sont cycliques, ce qui peut entraîner une certaine volatilité des résultats. La sidérurgie constitue 70% de la clientèle du groupe.
Comment suivre la valeur
- A suivre particulièrement : l'évolution des cours du nickel, qui entre dans la composition de l'acier inoxydable, et du manganèse.
- On s'intéressera également à la situation politique du Gabon, où Eramet est présent pour le manganèse, et celle de Nouvelle-Calédonie pour le nickel.
- La société souhaite mettre en place un plan d'économie avec pour objectif d'abaisser le coût de production complet de 1 dollar la livre de nickel.
- Areva (25% du capital) s'attelle à la vente de sa participation. Mais le groupe ne peut céder ses titres sans l'accord de la famille Duval (36%). Le gouvernement a reconnu l'intérêt stratégique d'Eramet et la nécessité que la participation d'Areva demeure dans des mains publiques. Le nom du FSI est régulièrement évoqué.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Métaux
Les perspectives sont plutôt bonnes pour les entreprises minières puisque les experts considèrent que la demande globale devrait s'accélérer vers le milieu de 2010. Néanmoins les acteurs sont confrontés à un enjeu de taille : réduire leur endettement. Selon Ernst & Young, à fin 2008, la dette nette totale d'un panel regroupant les 60 principales entreprises du secteur, atteignait 182 milliards de dollars. Après avoir seulement augmenté de plus de 5% entre 1980 et 2003, l'endettement net de ces entreprises a bondi de 25% par an entre 2003 et 2008. Les acteurs cherchent donc à redresseur leur bilan en limitant le recours au crédit et en privilégiant les émissions d'actions. Rio Tinto a décidé de lancer une augmentation de capital de 15,2 milliards de dollars. Les intervenants peuvent compter également sur l'activisme du fonds souverain chinois China Investment Corp. (CIC), qui cherche à saisir des opportunités dans le secteur des mines. Des opérations de croissance externe sont reportées. Xstrata abandonne, pour le moment, son projet de fusion avec Anglo American et se concentre sur sa croissance organique.