Nokia (+ 0,79% à 8,92 euros) est bien orienté après avoir lancé hier soir une nouvelle offensive juridique contre Apple. L'équipementier télécoms a porté plainte devant la Commission américaine du commerce international (ITC) pour violation de sept brevets concernant « potentiellement tous » les téléphones mobiles, les lecteurs multimédias et les ordinateurs fabriqués par Apple. En octobre, le finlandais avait déjà porté plainte contre la firme de Cupertino (Californie) pour la violation de dix brevets utilisés par l'iPhone depuis son lancement en 2007.
Réponse du berger à la bergère, la société co-fondée par Steve Jobs avait contre-attaqué en s'estimant lésé sur treize brevets.
Dans la plainte dévoilée hier, Nokia a souligné que les brevets étaient utilisés par Apple pour créer des caractéristiques clés dans ses produits dans les domaines de l'interface utilisateur, mais aussi des appareils photos, des antennes et de la gestion de l'énergie.
Cette offensive du groupe finlandais intervient au moment où il se fait tailler des croupières sur le marché très juteux des smartphones. Si Nokia demeure le numéro un mondial sur ce segment avec une part de marché de 39,3% au troisième trimestre, celle-ci a reculé de 5,7 points par rapport au deuxième trimestre. Ce chiffre cache en outre d'importantes disparités au niveau régional. En Amérique du Nord, avec 3,9% du marché, il est ainsi largement distancé par Research in Motion, fabricant du BlackBerry, qui en détient 51%, et par Apple, 29,5%.
Mais c'est surtout en termes de résultat que la pilule est amère pour Nokia. Au troisième trimestre, Apple a en effet généré plus de bénéfice que Nokia en vendant 7,4 millions d'iPhone contre 108,5 millions de combinés de toutes catégories pour son concurrent. Selon Morgan Stanley, Apple représentera 12% du chiffre d'affaires réalisé par les sept principaux vendeurs de téléphones portables en 2009 et 41% des profits, contre respectivement 31% et 29% pour Nokia. Le succès de Nokia sur segment des smartphones est donc fondamental pour que le groupe puisse redresser ses comptes.
Comme si la concurrence n'était pas déjà assez vive, Nokia risque de devoir affronter prochainement un nouvel adversaire : Google. Le lancement attendu en début d'année d'un téléphone mobile par le célèbre moteur de recherche s'annonce déjà comme l'un des évènements majeurs de l'année 2010 dans le domaine de la technologie.
(C.J)
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Equipementiers télécoms
Après trois baisses trimestrielles consécutives, le cabinet IDC estime que le marché mondial des téléphones mobiles a progressé de 5,6% au troisième trimestre par rapport au trimestre précédent, avec 287,1 millions d'articles vendus. Néanmoins, sur un an, le marché chute de 6%. Dans un secteur qui reste encore convalescent, le leader mondial, Nokia, est le grand perdant : sur un an, sa part de marché globale a reculé de 38,6% à 37,8% au troisième trimestre. Le groupe finlandais a annoncé une baisse de 20% de son chiffre d'affaires trimestriel et une part de marché dans les smartphones qui s'est affaissée de 41% à 35% au troisième trimestre. Le marché des smartphones continue à représenter un vrai eldorado pour les fabricants, en bénéficiant d'un taux de croissance à deux chiffres. Si l'offre dans ce domaine était très limitée il y a quelques mois encore, et se limitait à l'iPhone d'Apple et au BlackBerry de la société RIM, les équipementiers misent de plus en plus sur ce créneau pour relancer leur développement. Pour certains, ces produits représentent même un enjeu vital : Motorola, qui n'a rencontré aucun succès depuis 2005, compte rebondir grâce aux lancements de deux smartphones avec clavier azerty et écran tactile, qui utilisent le système d'exploitation Androîd de Google.