Le groupe français Thomson, en proie à de grandes difficultés financières, a franchi une étape décisive mardi avec l'approbation par ses créanciers d'un plan réduisant de près de moitié sa dette, un vote qui lui permet d'envisager plus sereinement son avenir.
Après le Comité des fournisseurs et celui des créanciers bancaires, qui avaient voté lundi le plan à l'unanimité, le comité des obligataires (déteneurs d'obligations) l'a approuvé à 98,8% mardi. Pour être accepté, le plan devait être approuvé par les deux-tiers de chaque comité.
"Suite à cette étape importante", le plan "va maintenant être soumis à l?approbation des actionnaires lors de l?Assemblée générale ordinaire et extraordinaire qui se tiendra le 27 janvier 2010", a rappelé le groupe de technologie pour les médias.
Thomson croule sous une dette brute de 2,84 milliards d'euros. Le plan vise à transformer une partie de la dette en capital et en obligations, afin de la réduire à 1,55 milliard.
Si le plan n'avait pas été accepté, Thomson se serait vu imposer un plan alternatif par le tribunal de commerce de Nanterre.
Fin novembre, son PDG Frédéric Rose s'était dit "raisonnablement confiant" car pour les créanciers, le plan proposé était "plus attractif que le plan qui serait imposé par le tribunal".
Thomson s'est placé le 30 novembre sous procédure de sauvegarde afin de disposer d'une photographie précise de ses créanciers.
Le groupe, qui emploie quelque 20.000 salariés dans le monde, ne parvenait en effet plus à les identifier, du fait de montages financiers complexes.
La fin de la procédure de sauvegarde "est attendue d?ici février 2010", a précisé la société.
Thomson, qui a frôlé à plusieurs reprises la faillite, espère avec ce plan repartir sur des bases plus solides.
En raison de la crise, mais aussi des incertitudes pesant son avenir, l'entreprise a vu au troisième trimestre le chiffre d'affaires des activités qu'elle entend poursuivre reculer de 20,2%.
Premier fabricant de téléviseurs dans les années 90, le groupe, qui a depuis complètement changé de profil, entend se recentrer sur les studios de cinéma et de télévision, autour de la marque Technicolor rachetée fin 2000. Il va d'ailleurs se rebaptiser du nom de cette filiale.
Thomson compte céder notamment ses filiales Screenvision (régie publicitaire pour le cinéma) et Grass Valley (équipements vidéos professionnels).
Un choix que conteste les syndicats pour qui Grass Valley est "un produit d'appel": "si Grass Valley quitte le groupe, ce sera la fin de Thomson", a déclaré à l'AFP Jean-Pierre Ottavi, secrétaire de l?intersyndicale CFDT-CGT-FO-Sud.
Ce dernier a regretté que "depuis 18 mois", l'équipe dirigeante "s'occupe de la dette, mais pas du groupe". "Il n'y aucune stratégie industrielle", a-t-il déploré.