Le constructeur automobile américain General Motors a essuyé un nouvel échec dans son projet de restructuration, annonçant vendredi qu'il allait devoir fermer sa filiale suédoise Saab en raison de l'échec d'un plan de reprise par le néerlandais Spyker.
John Smith, un vice-président de General Motors (GM) chargé des "alliances", a assuré au cours d'une conférence de presse que GM avait négocié de bonne foi jusqu'au bout pour sauver Saab avec un projet industriel crédible.
Mais "les deux parties ont pensé que les difficultés ne pouvaient être résolues en temps voulu" alors que les négociations s'étaient engagées il y a quelque semaines seulement, après l'échec d'un précédent projet de reprise.
Quelque 3.400 employés de Saab vont perdre leur emploi, de même que 1.100 concessionnaires, selon GM, qui a annoncé un processus "ordonné" à partir de janvier sans préciser d'échéancier.
M. Smith s'est refusé à préciser pourquoi les négociations, prolongées jusqu'à vendredi matin à Stockholm, avaient tourné court.
Il a évité de mettre en cause le gouvernement de centre-droit suédois, qui l'a "soutenu" dans les négociations mais a refusé de prendre une participation directe dans Saab, qui n'a pratiquement jamais dégagé de bénéfice depuis vingt ans.
C'est apparemment la Banque européenne d'investissement (BEI) qui a été difficile à convaincre du sérieux du projet Spyker, un tout petit constructeur qui durant les six premiers mois de 2009 n'a vendu que 23 voitures, à un prix de base de 199.990 euros.
"Nous étions encore en discussions avec la BEI ce matin", a dit M. Smith, précisant n'avoir obtenu aucun engagement ferme.
En octobre la banque avait donné son feu vert à un prêt de 400 millions d'euros à Saab sur la base du plan de rachat du petit constructeur suédois de voitures de luxe Koenigsegg qui a finalement jeté l'éponge en novembre.
General Motors, qui n'a survécu cette année que grâce à une aide gouvernementale américaine massive, cherchait depuis janvier à vendre Saab, dans le cadre de son plan de redressement.
Faute de reprise de l'ensemble de la filiale, M. Smith a laissé la porte ouverte à la cession de certains actifs, y compris la marque.
Le groupe a déjà conclu avec le groupe chinois Beijing Automotive Industry holding Co. (BAIC), qui était partenaire de l'offre de reprise de Koenigsegg, un accord pour reprendre les droits de propriété intellectuelle sur certains actifs et développer des voitures sous sa marque avec l'aide de Saab.
Le quotidien financier suédois Dagens Industri a évalué mardi à 1,4 milliard de couronnes (134 millions d'euros) les actifs repris par BAIC, ce qui permettrait, selon le journal, de financer Saab jusqu'en mars.
Ce nouvel échec de GM pour céder des actifs, après qu'un projet de reprise de sa marque américaine Saturn ait tourné court en septembre, laisse l'ancien plus grand constructeur automobile au monde avec quatre marques américaines (Buick, Cadillac, Chevrolet, GMC) et une filiale européenne: Opel/Vauxhall.
GM a renoncé a céder Opel mais a décidé au contraire de développer cette filiale. Dans un entretien publié vendredi par le Financial Times, le président des activités européennes de GM, Nick Reilly, a indiqué qu'il entendait la rendre bénéficiaire dès 2012.
General Motors espère par ailleurs céder sa filiale de gros tout-terrain Hummer au chinois Tengzhong, avec lequel un accord définitif a été conclu en octobre, pour un montant non précisé.
M. Reilly a précisé que l'extinction de Saab n'était "ni une faillite ni une liquidation forcée". "En conséquence nous prévoyons que Saab honorera ses dettes, y compris les paiements aux fournisseurs, et que la production et la distribution s'arrêteront de façon ordonnée, en s'occupant des clients".