Le secteur bancaire européen est resté sous le choc hier, après l'annonce par l'émirat de Dubaî de son incapacité à honorer en temps et en heure une partie de sa dette. Natixis a chuté de 7,11% à 3,44 euros. L'émirat de Dubaî a en effet annoncé son intention de demander aux créanciers de son conglomérat Dubai World un moratoire et un report des échéances portant sur plusieurs milliards de dollars de dettes. Le paiement serait repoussé de six mois au 30 mai 2010.
Dubai World contrôle notamment le groupe immobilier Nakheel, qui a piloté ces dernières années les projets de développement titanesques de l'émirat. Il est notamment réputé pour avoir conçu plusieurs îles artificielles dans le golfe Persique, dont les Palm Islands, en forme de palmiers.
L'annonce de la demande de moratoire par Dubaî a jeté le doute sur la santé financière de l'émirat, d'autant que les risques seraient considérables en cas de défaut. La dette totale de Dubaî était estimée à 80 milliards de dollars en 2008, dont 59 milliards de dollars pour la seule compagnie Dubai World.
Moody's a aussitôt dégradé ses notes sur six importantes compagnies du gouvernement du Dubaî, tandis que Standard & Poor's a rétrogradé sa notation sur cinq compagnies.
Outre HSBC, les banques les plus exposées à Dubai World sont RBOS, Lloyds Banking Group, ING, Bank of Tokyo-Mitsubishi, Sumitomo Mitsui Banking Corp, Emirates Bank ainsi que Mahreq Bank, selon Dow Jones. L'agence de presse estime à 40 milliards de dollars l'exposition totale de ces banques à Dubai World.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Natixis est né en novembre 2006 de la fusion des activités de banque de gros des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne. Initialement les participations respectives des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne dans le nouvel ensemble étaient de 45,5%. Mais la mise sur le marché de 233,65 millions de titres, au prix de 19,55 euros, a permis de les abaisser à 34%.
Le nouveau groupe s'affiche comme la première banque française en matière de gestion d'actifs avec plus de 500 milliards d'euros sous gestion dans le monde. Natixis s'organise autour de 6 pôles d'activités: la banque de détail, la banque de financement et de marché, la banque d'investissement privé, l'assurance-crédit et les crédits à la consommations et autres prestations.
Les points forts de la valeur
-Un quart de ses revenus proviennent des sommes reversées par les réseaux des Banques Populaire et des Caisses d'Epargne, par nature peu cycliques.
-Natixis devrait profiter des synergies de fusion attendues à 522 millions d'euros.
-Le nouvel ensemble bénéficie d'un important potentiel de croissance compte tenu du soutien de ses réseaux.
Les points faibles de la valeur
- De tous les grands établissements français cotés à Paris, Natixis est le plus lié aux revenus cycliques, de banques d'affaires (40% des recettes) et de marché (10%).
- Le système de gouvernance de la banque, partagé entre ses deux actionnaires principaux, Banque Populaire et l'Ecureuil, peine à convaincre de son efficacité, malgré leur réaction rapide lors du rachat de CIFG, une filiale de Natixis touchée par la crise du subprime, pour 1,5 milliard de dollars, qui a permis d'éviter une recapitalisation à la jeune banque.
- La faible visibilité de l'activité de banque d'investissement de Natixis, son plus gros contributeur en termes de revenus, ne joue pas en sa faveur.
Comment suivre la valeur
- Le groupe est très sensible à l'évolution des marchés financiers (pour sa division banque d'investissement), mais également à celle de la conjoncture économique (pour son activité de banque de financement).
- Par ailleurs, en tant que valeur financière, le titre est sensible à l'évolution des taux d'intérêts.
- En raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
Selon la Banque centrale européenne (BCE) les perspectives de profitabilité des banques de l'Union Européenne en 2009 restent très incertaines. La nouvelle augmentation probable du provisionnement des pertes sur créances pèse sur les résultats. Ces pertes pourraient atteindre leur niveau le plus élevé fin 2009. Moody's maintient sa perspective « négative » sur les banques françaises. Même si elles ont bien mieux résisté à la crise que leurs concurrentes étrangères, notamment anglo-saxonnes, grâce à leur modèle de banque universelle, certaines faiblesses demeurent. Face à un certain nombre de défis, ces banques vont devoir s'adapter. La crise économique et la baisse consécutive de leurs revenus, combinée à un accroissement du risque, vont peser sur leur rentabilité. De plus, leurs ratios de fonds propres réglementaires sont inférieurs à ceux de leurs concurrents internationaux. L'adaptation devrait passer par une intégration accrue des métiers spécialisés. Cette tendance a été récemment soulignée par la fusion des filiales de gestion d'actifs de la Société Générale et du Crédit Agricole.