Le secteur bancaire européen est sous le choc aujourd'hui, après l'annonce par l'émirat de Dubaî de son incapacité à honorer en temps et en heure une partie de sa dette. Dans l'après-midi, le britannique HSBC reculait de 4,47% à 708,10 pence, en ligne avec le reste du secteur. L'indice DJStoxx européen des banques abandonnait quant à lui 4,13%.
L'émirat de Dubaî a en effet annoncé son intention de demander aux créanciers de son conglomérat Dubai World un moratoire et un report des échéances portant sur plusieurs milliards de dollars de dettes. Le paiement serait repoussé de six mois au 30 mai 2010.
Dubai World contrôle notamment le groupe immobilier Nakheel, qui a piloté ces dernières années les projets de développement titanesques de l'émirat. Il est notamment réputé pour avoir conçu plusieurs îles artificielles dans le golfe Persique, dont les Palm Islands, en forme de palmiers.
L'annonce de la demande de moratoire par Dubaî a jeté le doute sur la santé financière de l'émirat, d'autant que les risques seraient considérables en cas de défaut. La dette totale de Dubaî était estimée à 80 milliards de dollars en 2008, dont 59 milliards de dollars pour la seule compagnie Dubai World.
Moody's a aussitôt dégradé ses notes sur six importantes compagnies du gouvernement du Dubaî, tandis que Standard & Poor's a rétrogradé sa notation sur cinq compagnies.
Outre HSBC, les banques les plus exposées à Dubai World sont RBOS, Lloyds Banking Group, ING, Bank of Tokyo-Mitsubishi, Sumitomo Mitsui Banking Corp, Emirates Bank ainsi que Mahreq Bank, selon Dow Jones. L'agence de presse estime à 40 milliards de dollars l'exposition totale de ces banques à Dubai World.
(An.P)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
HSBC, pour HongKong & Shangai Banking Corporation, a été créée en 1865 pour financer les échanges commerciaux entre la Chine et l'Europe. Aujourd'hui, basée à Londres, HSBC Holdings est la deuxième banque mondiale (par la capitalisation boursière).
Ses activités se répartissent entre les services financiers aux particuliers, la banque commerciale, la banque de financement et d'investissement, la banque privée et le crédit à la consommation. A l'international, HSBC Holdings intervient principalement aux Etats-Unis, en Europe, à Hong-Kong et dans le reste de l'Asie-Pacifique. Le groupe compte 9600 bureaux répartis dans 76 pays.
Les points forts de la valeur
- Le groupe dispose d'importants fonds propres et d'une structure financière saine.
- Depuis l'entrée d'HSBC sur le marché du crédit à la consommation, les activités du groupe sont bien réparties entre services aux entreprises et aux particuliers.
- HSBC est mieux positionnée que ses concurrentes européennes sur les marchés émergents à fort potentiel de croissance (Mexique, Brésil, Chine et Inde).
- La forte implantation d'HSBC en Asie la met plus à l'abri des difficultés du secteur financier occidental que ses concurrents.
Les points faibles de la valeur
- La baisse du dollar, dans lequel sont libellés les dividendes, a un impact négatif sur le cours de l'action et ne profite pas aux actionnaires britanniques d'HSBC.
- Le risque d'un ralentissement de l'économie américaine pèse sur le résultat du groupe étant donné les créances douteuses détenues par la banque sur ce marché.
- Bien que les marchés émergents, en particulier en Asie, continuent de soutenir la banque britannique, la crise du "subprime" a détérioré les performances du groupe.
Comment suivre la valeur
Les indicateurs qui relatent l'état de santé des économies asiatiques ou d'Amérique Latine sont à suivre de près. Par ailleurs, en tant que valeur financière, le titre est sensible à l'évolution des taux d'intérêts. Du fait de son positionnement sur la banque d'investissement, le groupe est dépendant de l'évolution des marchés financiers. Enfin, au titre de son activité de banque de détail, HSBC Holdings est sensible à la fois au niveau d'épargne et au niveau de consommation des ménages. En raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
Selon la Banque centrale européenne (BCE) les perspectives de profitabilité des banques de l'Union Européenne en 2009 restent très incertaines. La nouvelle augmentation probable du provisionnement des pertes sur créances pèse sur les résultats. Ces pertes pourraient atteindre leur niveau le plus élevé fin 2009. Moody's maintient sa perspective « négative » sur les banques françaises. Même si elles ont bien mieux résisté à la crise que leurs concurrentes étrangères, notamment anglo-saxonnes, grâce à leur modèle de banque universelle, certaines faiblesses demeurent. Face à un certain nombre de défis, ces banques vont devoir s'adapter. La crise économique et la baisse consécutive de leurs revenus, combinée à un accroissement du risque, vont peser sur leur rentabilité. De plus, leurs ratios de fonds propres réglementaires sont inférieurs à ceux de leurs concurrents internationaux. L'adaptation devrait passer par une intégration accrue des métiers spécialisés. Cette tendance a été récemment soulignée par la fusion des filiales de gestion d'actifs de la Société Générale et du Crédit Agricole.