Avec une chute de 6,23% à 16,655 euros dans la matinée, Legrand signe la plus forte baisse des valeurs du marché SRD. Le fabricant d'équipements électriques a été attaqué dès l'ouverture après l'annonce par Wendel et KKR (Kohlberg Kravis Roberts & Co) de la cession conjointe sur le marché de 30 millions actions Legrand représentant approximativement 11% du capital. La cession a été effectuée avec succès au prix de 18,50 euros par action. A l'issue de cette opération, KKR et Wendel détiennent chacun 25% du capital et 65% des droits de vote, contre 30,7% du capital auparavant.
«Cette opération s'inscrit dans les stratégies de KKR et de Wendel reposant sur une gestion active de leurs participations», précisent les deux groupes. «Elle a également vocation à accroître significativement la liquidité du titre Legrand grâce à une augmentation du flottant d'environ 34%», ajoutent-ils.
KKR et Wendel ont par ailleurs indiqué leur intention de demeurer les actionnaires de référence de Legrand, actifs et fortement impliqués, grâce à leurs droits de vote double et à leur position majoritaire au Conseil d'administration de Legrand. Les deux partenaires ont conclu un engagement de conservation de 6 mois.
L'impact négatif de cette opération sur le cours de bourse de Legrand est logique selon Aurel. «En effet, le volume quotidien moyen pour Legrand est de 300 000 euros de titres, une telle cession représente plus de 30 jours de bourse», écrit-il. Le broker a maintenu sa recommandation Conserver sur le titre, avec un objectif de cours de 18 euros.
Aurel estime en revanche que cette nouvelle est positive pour Wendel dans la mesure où il réduit son endettement et repousse à 2012 son problème de trésorerie, soit un report d'un an.
De son côté, Oddo rappelle que certains espéraient une cession complète des titres Legrand à un industriel dans les prochains mois. «Cette annonce réduit fortement cette probabilité et, en ce sens, elle pourrait être mal perçue», écrit-il.
«Pour autant, nous estimons que l'engagement de conservation des titres sur six mois par les deux actionnaires de référence offre aux investisseurs une visibilité à cet HORIZON (en annulant le risque de nouveau placement) et accroît le flottant sur le titre, ce qui est selon nous positif», tempère-t-il.
(An.P)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Historiquement implanté à Limoges, Legrand est le spécialiste mondial des produits et systèmes pour installations électriques et réseaux d'information. Son offre intègre des solutions pour les bâtiments résidentiels, tertiaires et industriels. Avec 150 000 références de produits et des implantations dans plus de 70 pays, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 4,1 milliards d'euros en 2007.
Fort de ses 35 000 collaborateurs et avec près de 5% de ses ventes engagées dans la R&D chaque année, le groupe concentre son développement sur l'innovation et le lancement régulier de nouveaux produits à forte valeur ajoutée. En 2003, la Commission européenne a opposé son veto à la fusion entre Legrand et son concurrent Schneider Electric. Les actions Legrand ont été rachetées par les fonds d'investissement KKR et Wendel Investissement, qui restent les deux principaux actionnaires avec chacun 30% du capital. Le groupe a fait son retour en Bourse en 2006.
Les points forts de la valeur
- Legrand est dirigé par une équipe appréciée de la communauté financière. La gestion de l'échec de la fusion avec Schneider, du rachat par des fonds d'investissement et du retour en Bourse a accru la crédibilité du management.
- Très attaché à la Recherche et Développement et à l'innovation, Legrand se développe actuellement sur le marché en pleine croissance de la domotique. Ces équipements plus sophistiqués, plus esthétiques et donc à plus forte valeur ajoutée offrent des marges plus élevées.
- Le groupe développe ses activités dans les pays émergents à fort potentiel de croissance.
- Legrand a tout d'une cible idéale. Si les analystes ne voient pas Schneider Electric repartir à l'assaut du groupe, il pourrait en revanche attiser les convoitises de l'allemand Siemens, du suédois ABB ou des américains Honeywell et General Electric.
Les points faibles de la valeur
- Legrand est largement exposé aux difficultés actuelles du marché de la construction, le segment du Résidentiel représentant 42% de son activité globale et 30% de son chiffre d'affaires US.
- Legrand n'est pas protégé par de véritables barrières technologiques. Il pourrait ainsi souffrir de la montée en puissance d'un nouvel acteur. Ses seules protections résident dans la maîtrise des normes des différents pays, la fidélisation des électriciens et l'innovation.
- Legrand pâtit de la hausse des coûts d'achat qui représentent 30% de son chiffre d'affaires.
Comment suivre la valeur
- On s'intéressera aux tendances à long terme de l'industrie et aux investissements de production d'électricité. Le potentiel de l'automatisation, dans l'industrie comme à la maison (domotique), semble prometteur.
- On surveillera également les mouvements de fusions-acquisitions. Legrand pourrait être racheté par l'un de ses concurrents dans un contexte d'intégration verticale de l'industrie.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Biens d'équipement
L'Insee a revu à la baisse ses prévisions de recul des investissements industriels pour 2009. Ils devraient subir une chute historique de 21%, les investissements dans l'industrie manufacturière enregistrant même une dégringolade de 23% cette année. En avril dernier, la baisse anticipée des investissements industriels était limitée à 18% et à 21% pour la seule industrie manufacturière. Cette dégradation des prévisions provient d'une diminution de la demande de la part des secteurs des biens d'équipements et des biens intermédiaires, touchés de plein fouet par la crise. En avril dernier, les industriels s'attendaient à une stagnation des investissements dans les biens d'équipement. Ils tablent désormais sur un recul de 9%.