Le numéro un allemand de l'acier ThyssenKrupp a publié vendredi le pire résultat de son histoire, une perte avant impôts de 2,36 milliards d'euros pour l'exercice 2008/09, sous l'effet d'un effondrement de ses marchés, de charges massives de restructuration et de dépréciations.
ThyssenKrupp, poids lourd de l'industrie allemande, a vu son chiffre d'affaires s'écrouler de 24% à 40,6 milliards d'euros. Le groupe produit et vend de l'acier, mais aussi des ascenseurs, des sous-marins et des yachts, et a fortement souffert de la récession. Seuls les ascenseurs ont réussi à augmenter leurs ventes.
Le groupe de Düsseldorf (ouest) a en outre passé sur l'exercice clos fin septembre 1,6 milliard d'euros de charges: des charges liées à la construction de deux nouvelles usines, des charges de restructuration -- s'expliquant entre autres par la suppression de quelque 12.000 postes dans le monde sur l'année -- et des dépréciations. L'essentiel concerne sa division technologies, qui abrite ses activités de chantiers navals et automobiles, deux secteurs en crise.
Dans une large mesure, ThyssenKrupp a fait le choix délibéré d'imputer un maximum de charges à l'exercice 2008/09, pour entamer l'exercice suivant sur "une base solide, et renforcée par la crise", selon les propos de son patron Ekkehard Schulz, cité dans un communiqué. Au niveau comptable, cela signifie aussi que les résultats de l'exercice 2009/10 seront forcément en nette croissance, car partant d'un niveau très bas.
L'an prochain, le groupe attend un résultat avant impôt à nouveau positif, compris entre 100 et 500 millions d'euros.
Il table aussi sur une stabilisation du chiffre d'affaires, sur fond de reprise de l'économie en général et du marché de l'acier en particulier. Ses concurrents, à commencer par le numéro deux allemand Salzgitter jeudi, ont tous évoqué récemment un mieux sur le marché de l'acier, et les acteurs du secteur redémarrent petit à petit leurs capacités de production.
Le bilan annuel de ThyssenKrupp n'était pas attendu avant le 27 novembre, mais devant l'ampleur de la perte, le groupe a dévoilé ses résultats en avance.
M. Schulz a indiqué lors d'une conférence de presse que ThyssenKrupp entendait se séparer de sa filiale grecque de chantiers navals, Hellenic Shipyards.
De manière générale, ThyssenKrupp veut se retirer de la construction de bateaux civils, une activité très fortement ébranlée par la crise, pour ne rester présent que dans la marine de défense.
Le groupe vient de trouver une société d'Abou Dhabi pour prendre une participation majoritaire dans trois filiales allemandes de Thyssenkrupp spécialisée dans les yachts, et a déjà cédé un autre chantier en Allemagne à un fabricant d'éoliennes.
Par ailleurs, le directeur financier Alan Hippe a indiqué que ThyssenKrupp était "très très près de céder Safway", filiale américaine d'échafaudages. Il a indiqué qu'une lettre d'intention avait été signée, mais n'a pas voulu dévoiler l'identité de l'investisseur.
Safway fait partie de l'ancienne division de services industriels de ThyssenKrupp, que ce dernier a démantelée en trois parties pour mieux la céder. Le groupe veut se désengager depuis août 2008 de ce pan d'activités.