Avec un recul de 3,80% à 4,10 euros, Natixis connaît l'une des plus fortes baisses des valeurs du SRD après la publication de ses résultats trimestriels. La banque d'affaires a certes renoué avec les bénéfices après cinq trimestres consécutifs de pertes, mais le marché attendait mieux. Les investisseurs n'ont visiblement pas non plus été rassurés par les prévisions de la banque d'affaires, qui pense rester dans le vert au prochain trimestre.
Natixis a dévoilé un résultat net part du groupe de 268 millions d'euros au troisième trimestre contre une perte de 234 millions d'euros sur la même période un an plus tôt. Ce chiffre demeure en deçà des attentes du marché, qui tablait en moyenne sur un bénéfice de 488 millions d'euros.
Le produit net bancaire a atteint 1,348 milliard d'euros sur la période, contre un chiffre de 1,334 milliard d'euros au troisième trimestre 2008. Le coût du risque a atteint 190 millions d'euros contre 392 millions d'euros, un an auparavant.
Du côté de la solidité financière, Natixis revendique un ratio Tier One pro forma de 9,7% et un ratio Core Tier One pro forma de 8,6%.
Concernant les perspectives, François Pérol, le président du directoire de BPCE, la maison mère de Natixis, a estimé que la banque d'affaires resterait bénéficiaire au quatrième trimestre. «Après cinq trimestres consécutifs de pertes, Natixis redevient rentable et le restera au prochain trimestre», a-t-il déclaré dans une interview accordée à la Tribune. «La banque génère sa rentabilité sur ses trois métiers coeur : banque de financement et d'investissement, épargne, services financiers spécialisés, c'est-à-dire sans éléments exceptionnels, ni crédit d'impôts, ni reprises de provisions», ajoute-t-il.
Les réactions des brokers ont été mitigées suite à cette publication. Oddo Securities a abaissé sa recommandation à Accumuler contre Achat auparavant, avec un objectif de cours de 4,50 euros.
En revanche, Credit Suisse a relevé son objectif de cours sur Natixis de 5,7 à 6,2 euros avec une recommandation inchangée à Surperformance.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Natixis est né en novembre 2006 de la fusion des activités de banque de gros des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne. Initialement les participations respectives des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne dans le nouvel ensemble étaient de 45,5%. Mais la mise sur le marché de 233,65 millions de titres, au prix de 19,55 euros, a permis de les abaisser à 34%.
Le nouveau groupe s'affiche comme la première banque française en matière de gestion d'actifs avec plus de 500 milliards d'euros sous gestion dans le monde. Natixis s'organise autour de 6 pôles d'activités: la banque de détail, la banque de financement et de marché, la banque d'investissement privé, l'assurance-crédit et les crédits à la consommations et autres prestations.
Les points forts de la valeur
-Un quart de ses revenus proviennent des sommes reversées par les réseaux des Banques Populaire et des Caisses d'Epargne, par nature peu cycliques.
-Natixis devrait profiter des synergies de fusion attendues à 522 millions d'euros.
-Le nouvel ensemble bénéficie d'un important potentiel de croissance compte tenu du soutien de ses réseaux.
Les points faibles de la valeur
- De tous les grands établissements français cotés à Paris, Natixis est le plus lié aux revenus cycliques, de banques d'affaires (40% des recettes) et de marché (10%).
- Le système de gouvernance de la banque, partagé entre ses deux actionnaires principaux, Banque Populaire et l'Ecureuil, peine à convaincre de son efficacité, malgré leur réaction rapide lors du rachat de CIFG, une filiale de Natixis touchée par la crise du subprime, pour 1,5 milliard de dollars, qui a permis d'éviter une recapitalisation à la jeune banque.
- La faible visibilité de l'activité de banque d'investissement de Natixis, son plus gros contributeur en termes de revenus, ne joue pas en sa faveur.
Comment suivre la valeur
- Le groupe est très sensible à l'évolution des marchés financiers (pour sa division banque d'investissement), mais également à celle de la conjoncture économique (pour son activité de banque de financement).
- Par ailleurs, en tant que valeur financière, le titre est sensible à l'évolution des taux d'intérêts.
- En raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
Selon la Banque centrale européenne (BCE) les perspectives de profitabilité des banques de l'Union Européenne en 2009 restent très incertaines. La nouvelle augmentation probable du provisionnement des pertes sur créances pèse sur les résultats. Ces pertes pourraient atteindre leur niveau le plus élevé fin 2009. Moody's maintient sa perspective « négative » sur les banques françaises. Même si elles ont bien mieux résisté à la crise que leurs concurrentes étrangères, notamment anglo-saxonnes, grâce à leur modèle de banque universelle, certaines faiblesses demeurent. Face à un certain nombre de défis, ces banques vont devoir s'adapter. La crise économique et la baisse consécutive de leurs revenus, combinée à un accroissement du risque, vont peser sur leur rentabilité. De plus, leurs ratios de fonds propres réglementaires sont inférieurs à ceux de leurs concurrents internationaux. L'adaptation devrait passer par une intégration accrue des métiers spécialisés. Cette tendance a été récemment soulignée par la fusion des filiales de gestion d'actifs de la Société Générale et du Crédit Agricole.