Après un plus d'un an d'âpres négociations, les compagnies aériennes British Airways (BA) et Iberia semblaient jeudi sur le point de sceller leur projet de fusion, qui vise à donner naissance à un nouveau champion européen, capable de tenir tête à Air France-KLM et Lufthansa.
Les deux ex-compagnies nationales ont indiqué, dans des communiqués séparés, que leurs conseils d'administration se réunissaient ce jeudi pour examiner un accord au sujet d'une "éventuelle transaction".
Iberia a fait savoir à la mi-journée que la réunion de son conseil d'administration avait démarré, mais BA a refusé pour sa part de préciser à quelle heure la sienne devait débuter.
La compagnie espagnole Iberia a par ailleurs précisé que cet accord portait sur une "fusion entre égaux", qui donnerait environ 45% du capital de la nouvelle société à ses propres actionnaires, et les 55% restants à ceux de BA.
Cela reflèterait grosso modo la valeur respective des deux groupes. D'après leurs capitalisations boursières actuelles, la compagnie britannique BA vaut autour de 2,76 milliards d'euros, quand Iberia pèse 2,13 milliards d'euros.
Ensemble, les deux groupes vaudraient donc 4,9 milliards d'euros, dépassant largement la capitalisation boursière du groupe franco-néerlandais Air France-KLM (3,3 milliards d'euros) et talonnant celle de la compagnie allemande Lufthansa (qui pèse un peu plus de 5 milliards d'euros).
L'accord, s'il est accepté par les CA des deux entreprises, conclurait positivement près d'un an et demi de discussions mouvementées.
Les deux compagnies avaient en effet dévoilé dès juillet 2008 leur projet de fusion, mais leurs négociations ont traîné en longueur, freinées par des querelles sur des détails cruciaux, comme la gouvernance et la localisation du siège de l'entreprise, mais aussi la répartition du capital entre les deux groupes (BA exigeait au départ autour de 60%, selon la presse, un niveau jugé inacceptable par Iberia).
Et les fortes variations des cours des deux groupes depuis l'été 2008, amplifiées par la dégringolade de la livre par rapport à l'euro, ainsi que la crise du secteur aérien, qui a poussé les deux transporteurs à lancer de lourdes suppressions d'emplois, n'ont rien fait pour simplifier les choses.
Enfin, Iberia s'était inquiétée publiquement ces derniers mois du problème du financement des retraites des employés de BA, un fardeau qui risque de peser lourd sur les finances de la nouvelle compagnie.
Les deux compagnies sont déjà partenaires au sein de l'alliance commerciale Oneworld et possèdent des participations croisées: BA possède 13,15% d'Iberia et celle-ci 9,07% de BA. British Airways avait même tenté il y deux ans, mais sans succès, de racheter Iberia avec l'aide du fonds américain Texas Pacific Group (TPG).
La fusion pourrait dégager d'importantes synergies, leurs réseaux étant fortement complémentaires: BA est très présente sur les vols Europe/Amérique du Nord (en particulier sur le lucratif axe Londres/New York), et dans une moindre mesure sur l'Asie, tandis qu'Iberia domine les vols entre l'Europe et l'Amérique du Sud.
Dans la foulée, les cours de Bourse des deux groupes se sont envolés. A Madrid, Iberia grimpait de 12,64% à 2,237 euros vers 13H50 GMT, tandis qu'à Londres, BA gagnait au même moment 10,05% à 220,1 pence, signant ainsi la plus forte hausse des valeurs vedettes londoniennes.
Lufthansa n'a pas réagi, tandis qu'Air France-KLM a considéré qu'il s'agissait de l'évolution logique "du panorama du marché aérien européen", notant qu'elle avait elle même devancé ce mouvement en 2004, avec le rapprochement entre Air France et KLM.