L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a maintenu mercredi inchangée sa prévision de demande mondiale de brut en 2009 et 2010 malgré la reprise économique, jugeant celle-ci encore fragile et n'excluant pas un dérapage des prix lié à la faiblesse du dollar.
"Même si la reprise économique attendue se réalise, il reste à voir si la demande pourra revenir à son niveau antérieur à la crise", souligne dans son rapport mensuel, publié à Vienne, le cartel pompant environ 40% du brut mondial.
Confirmant --à quelques centimales près-- ses prévisions d'octobre, l'Opep estime que la consommation reculera de 1,65% cette année, à 84,3 millions de barils par jour (mbj), et augmentera de 0,89% l'an prochain, à 85,07 mbj.
Cette prudence se manifeste au moment où les prévisions d'évolution de l'économie mondiale ont été relevées, avec une récession désormais limitée à 1,1% en 2009 et une croissance de 2,9% en 2010, selon des chiffres cités par l'Opep.
L'organisation relève également que si la croissance restera principalement tirée par les pays émergents, Chine en tête, les principales régions de l'ocde (Etats-Unis, zone euro, Japon) devraient elles aussi revenir dans le vert.
Toutefois, "les risques baissiers pèsent sur les prévisions" de demande, indique l'Opep, soulignant, en particulier, la vulnérabilité des cours du brut aux fluctuations du dollar.
"Si les prix devaient augmenter et se maintenir au-dessus du niveau actuel, la demande baisserait de plus de 1% dans les pays de l'OCDE", selon le cartel.
L'Opep indique cependant tabler "à court terme" sur un maintien des cours dans la fourchette des 75-80 dollars le baril, proche de son objectif.
Hors paramètres de change, la demande des pays de l'OCDE ne devrait en tout état de cause pas dépasser 45,7 mbj en 2010, soit son niveau de 1996, selon le cartel, qui pointe un changement des mentalités et des technologies lié à la crise.
"Les politiques énergétiques et les modifications des comportements vont certainement avoir un impact sur la consommation", estime-t-il.
La demande mondiale de brut risque en outre de rester fragilisée par la hausse du chômage dans les pays riches. La demande américaine a ainsi reculé en octobre, note l'Opep ajoutant que dans ce pays les stocks restent à un niveau historiquement élevé malgré un recul le mois dernier.
Mercredi vers 11H00 GMT, les cours du brut étaient en hausse à Londres et à New York, sur fond de dollar toujours faible et de confirmation de la reprise économique chinoise. Le baril de brent de la mer du Nord gagnait 47 cents à 77,97 dollars et le "light sweet crude" 41 cents à 79,46 dollars.
Fin octobre, le secrétaire général de l'Opep Abdallah el-Badri avait évoqué la possibilité d'une augmentation sous conditions de l'offre de pétrole de l'Opep dès la prochaine réunion ministérielle le 22 décembre à Luanda, en Angola.
Lors de sa réunion de septembre à Vienne, le cartel avait décidé le maintien de ses objectifs de production. Celle-ci s'est établie à 26,5 mbj en octobre (hors Irak), soit 1,6 mbj de plus que ses quotas de production.