La croissance économique de l'Afrique pour 2009 a été revue à la baisse à moins de 2% par des experts qui participent à une réunion de la Banque africaine de développement (BAD) et de la Commission économique pour l'Afrique (CEA) de l'ONU.
"La crise économique et financière mondiale a frappé le continent africain à un moment où sa croissance tournait autour de 5 ou 6%. Jusqu'en mai dernier, nous espérions une croissance d'environ 2,3%, mais maintenant, selon les estimations en octobre, nous avons revu ce chiffre à la baisse à moins de 2% pour l'ensemble du continent en 2009", a indiqué Abdul Kamara, un des experts de la BAD au cours d'une conférence de presse mercredi.
"Nous pouvons nous projeter en 2010 et constater un repli de la crise, mais la reprise pour le continent africain sera basée sur la reprise dans le monde développé", a-t-il averti.
"Plus que jamais, le continent prend conscience de la nécessité d'une diversification de ses économies pour que les Etats africains soient moins vulnérables aux crises", a-t-il souligné.
La BAD et la CEA organisent à Addis Abeba une conférence de trois jours sur le thème "Promouvoir le développement en période de crises économiques et financières", qui rassemble plusieurs centaines d'experts et de décideurs politiques africains.
L'économiste en chef de la BAD, Louis Kasekende, estime que cette baisse de la croissance "implique la baisse des revenus par habitant, avec des millions d'Africains qui vont retomber dans la pauvreté extrême".
M. Kasekende a également souligné que les prix des matières premières, dont les Etats africains sont généralement très dépendants, "restent encore inférieurs à leur niveau d'il y a trois ans".
Certains participants estiment toutefois que la crise et ses conséquences peuvent constituer une chance pour l'Afrique, notamment en définissant de nouvelles politiques.
Evoquant la croissance élevée des pays africains depuis le début du siècle, Emmanuel Nnadozie, directeur de la division Commerce, finance et développement économique de la CEA, a souligné qu'elle "n'a pas significativement amélioré les conditions de vie de la plupart des Africains".
Pour lui, "la crise nous fournit ainsi une occasion de réévaluer les stratégies, les politiques et les pratiques de développement pour passer de la dépendance aux exportations de matières premières à un développement effectif des capacités internes de production et d'industrialisation afin de nous ouvrir à la concurrence".