Le groupe nucléaire Areva a reçu trois offres fermes venues des français Alstom-Schneider, de l'américain General Electric et du japonais Toshiba dans le cadre de la cession controversée de sa division Transmission et Distribution (T&D), évaluée entre 3 et 5 milliards d'euros.
L'entreprise publique, dirigée par Anne Lauvergeon, avait fixé à lundi 17H00 la date limite pour le dépôt des offres engageantes sur cette division, qu'elle a mise en vente fin juin.
Areva T&D emploie 31.000 salariés dans plus de 100 pays et réalise près de 40% des ventes du groupe nucléaire, soit 5,1 milliards d'euros.
Anne Lauvergeon avait dû se résoudre à céder cette division afin de fournir au géant du nucléaire civil les 8 à 10 milliards d'euros nécessaires à son développement dans les trois prochaines années.
Areva doit aussi procéder à une ouverture de son capital (détenu à 93% par l'Etat) et céder des participations minoritaires dans d'autres entreprises.
Parmi les offres reçues, celle des groupes industriels Alstom et Schneider Electric est donnée favorite depuis le début.
Selon l'Usine Nouvelle, l?Etat-actionnaire aurait d'ailleurs déjà "pris sa décision" en faveur de la candidature française et devrait l'annoncer "d?ici à la mi-novembre".
Mais cette offre est aussi la plus critiquée par les salariés, qui craignent un démantèlement de leur branche. Alstom et Schneider entendent en effet se partager Areva T&D, Alstom récupérant les activités haute tension et Schneider les activités moyenne tension.
Dans un courrier adressé aux dirigeants d'Areva et rendu public mercredi, 41 cadres dirigeants d'Areva T&D ont estimé qu'une cession aux deux français "conduirait à une perte de marché, et au risque de cessions d'actifs ou de restructurations de sites industriels".
Alstom et Schneider Electric assurent au contraire que leur offre n'aura "aucune conséquence sociale".
L'américain General Electric a de son côté rompu son alliance avec le fonds d'investissement CVC, nouée à l'occasion de la première phase de dépôt des offres non-engageantes.
Cette alliance avec un fonds d'investissement avait été dénoncée comme le stigmate d'une offre purement "financière" et à "court terme", par les concurrents de GE.
Le groupe, dont la filiale française est présidée par Clara Gaymard, a toutefois précisé lundi dans un communiqué que, si son offre l'emportait, T&D serait "ouverte a l'entrée d'investisseurs minoritaires", notamment français ou "des fonds souverains issus de zones stratégiques comme le Moyen-Orient et l'Asie"
Enfin, Toshiba s'est lui finalement associé au fonds d'investissement semi-public INCJ (Innovation Network Corporation of Japan).
Selon La Tribune, c'est Toshiba qui aurait déposé l'offre la plus élevée, à près de 5 milliards d'euros, contre plus de 4 milliards pour General Electric et 3,5 milliards pour Alstom Schneider.
La cession doit être conclue d'ici à la fin de l'année. Anne Lauvergeon a d'ores et déjà prévenu qu'elle ne vendrait pas T&D "à l'aveuglette"