Avec une hausse de 4,36% à 45,56 euros, Société Générale figure parmi les plus fortes progressions de l'indice CAC 40 dans la matinée. La valeur surperforme largement l'indice DJStoxx du secteur bancaire, qui progresse de 2,24%. Les investisseurs se sont tournés vers Société Générale après la publication des résultats trimestriels, malgré un bénéfice net inférieur au consensus et des réactions mitigées parmi les analystes. Ce matin, un article de La Tribune faisait par ailleurs état d'une rumeur d'intérêt de BNP Paribas sur Société Générale ; information aussitôt démentie par BNP.
Le groupe bancaire a fait état d'un bénéfice net de 426 millions d'euros au troisième trimestre. Malgré une hausse de 132%, ce chiffre est ressorti inférieur aux anticipations des analystes, qui attendaient en moyenne 524 millions d'euros selon le consensus Reuters.
Le résultat a notamment subi l'impact de provisions plus élevées que prévu sur la période. Ces provisions se sont élevées à 1,5 milliard d'euros, en hausse de 40%, contre 1,3 milliard seulement attendu par le marché. Le bénéfice a par ailleurs été marqué par une hausse des impayés sur la banque de détail à l'international.
Le produit net bancaire est quant à lui ressorti à 5,97 milliards d'euros, soit une hausse de 16,9% par rapport au troisième trimestre 2008.
Oddo a conservé sa recommandation Alléger sur la valeur avec un objectif de cours de 49 euros. Le broker estime que le résultat net n'est sauvé que grâce à un taux d'impôt très bas, à 7%. Il déplore par ailleurs la chute plus prononcée qu'attendu des revenus du Fixed Income d'un trimestre sur l'autre, à - 32%. Parmi les points positifs, Oddo remarque que la meilleure maîtrise des encours pondérés, encore en baisse, permet au groupe d'afficher un ratio Core tier one satisfaisant de 8,6%.
De son côté, Cheuvreux attendait un bénéfice de 273 millions d'euros seulement au troisième trimestre. Il souligne que Société Générale a publié des bénéfices de 133 millions d'euros, là où il attendait une perte de 32 millions. Il salue par ailleurs la robustesse des activités de détail en France, avec une hausse de 3,6% des ventes à 1,8 milliard d'euros ; un chiffre là encore supérieur à ses attentes.
Côté perspectives, Société Générale estime que le succès de son augmentation de capital place le groupe «dans une position solide pour la sortie de crise» et «lui permet de se focaliser sur ses priorités : maintenir un portefeuille d'activités équilibré et diversifié, tourné vers la croissance, optimiser le modèle opérationnel, réinvestir de manière sélective pour renforcer le modèle de banque universelle».
AOF - EN SAVOIR PLUS
Performances et stratégie
Chiffre d'affaires
- Au 30/06/2009, Produit Net Bancaire : 10 629 millions d'euros (-5,6%)
- Au 31/12/2008, Produit Net Bancaire : 21 866 millions (-3,9%)
Résultats
- Au 30/06/2009, résultat brut d'exploitation : 2 745 millions d'euros (-19,3%); résultat net part du groupe : 31 millions d'euros (-98,2%)
- Au 31/12/2008, résultat brut d'exploitation : 3 683 millions (-47,2%)
Prévisions
Le groupe anticipe un accroissement de la charge du risque sur l'année 2009, notamment en Europe centrale et orientale et plus particulièrement en Russie. D'autres dépréciations d'actifs ne sont pas à exclure sur le second trimestre 2009. Il vise désormais une rentabilité sur fonds propres plus faible à l'avenir, qui atteindrait 15% de rentabilité en moyenne, contre 20% jusqu'à présent.
Stratégie
La banque s'est engagée dans un renouvellement de ses équipes et de son organisation et a mis en place une politique de réduction des coûts et des risques. Néanmoins sa stratégie plus globale reste inchangée : être une banque universelle, présente dans les métiers de détail et de gros. Elle souhaite poursuivre le rééquilibrage vers les métiers et marchés à fort potentiel en privilégiant les activités de détail et de Banque privée génératrice de dépôts. Le groupe cherche à maintenir un niveau de fonds propres élevé pour faire face à une éventuelle détérioration brutale de l'ENVIRONNEMENT économique. La banque souhaite, à terme, être parmi les cinq premières banques d'affaires en France et les dix premières en Europe.
Evènements financiers
La Société Générale a émis 1 milliard d'euros de dette subordonnée, qui lui permettra de renforcer ses fonds propres de première catégorie (Tier One). Fin mai 2009, dans le cadre du Plan Français de Soutien à l'Economie, la Société Générale a émis des actions de préférence (sans droits de vote) pour 1,7 milliard d'euros au profit de la Société de Prise de Participation de l'Etat (SPPE). A l'issue de cette opération, cette dernière détient 7,2% du capital du groupe.
Forces et faiblesses de la société
Forces
- Le groupe occupe des positions de premier plan dans ses différentes activités;
- Il est engagé dans une réorganisation, notamment dans la banque d'investissement, qui devrait lui permettre de mieux contrôler ses risques. La mise en place des nouvelles orientations devrait être facilitée par l'arrivée du nouveau président, Frédéric Oudéa;
- Après avoir fortement augmenté sur le premier trimestre 2009, le coût du risque a reculé à 1,1 milliard d'euros (soit 112 points de bas des encours pondérés), confirmant ainsi le ralentissement de la dégradation de son portefeuille d'actifs;
- Sur le second trimestre l'activité de Banque de Financement et d'Investissement a bénéficié d'excellentes performances : son produit net bancaire a bondi de 97% par rapport à celui du second trimestre 2008;
- Bénéficiant déjà d'un ratio de solvabilité plus élevé que ses concurrents européens, le groupe a encore consolidé ce ratio au premier semestre 2009 : il atteint désormais 9,5%, en hausse de 0,3 point par rapport à fin mars;
- La politique de dividende n'est pas sacrifiée à la réorganisation : le dividende par action sur les résultats 2008 est en croissance de 33% (à 1,20 euro).
Faiblesses
- La Société Générale pâtit d'une image ternie par l'affaire Kerviel, les stock-options qui devaient être initialement attribuées à ses dirigeants en pleine crise et les pertes divulguées en gestion d'actifs (pour 1,2 milliard d'euros). A ces affaires s'ajoute la récente démission du responsable de la banque de financement et d'investissement, Jean-Pierre Mustier, visé par une procédure de l'AMF qui le soupçonne de « manquement d'initié » pour des opérations de l'été 2007;
- Les résultats du premier semestre sont inférieurs à ceux de ses principaux concurrents, notamment de BNP Paribas, qui enregistre un résultat net de 3 milliards d'euros (contre 31 millions pour la Société Générale);
- En dépit des bonnes performances de la Banque de Financement et d'Investissement, des éléments non récurrents pour 1,7 milliard d'euros (en particulier la dégradation de 800 millions de la Marked to Market des CDS) ont eu un impact négatif sur le résultat;
- La banque devrait pâtir de sa présence en Europe Centrale et Orientale qui représentait 18% de la totalité de ses créances douteuses fin 2008 et qui connaît une dégradation du risque;
- L'agence de notation financière Standard & Poor's a abaissé d'un cran sa note à long terme (à A+), suite à des incertitudes sur la capacité bénéficiaire de la Société Générale.
La valeur et son secteur
Principales activités
Banque de détail & services financiers (69% du Produit Net Bancaire); gestion d'actifs & services aux investisseurs (13%); banque de financement & d'investissement (18%).
Le secteur
Moody's maintient sa perspective « négative » sur les banques françaises. Même si elles ont bien mieux résisté à la crise que leurs concurrentes étrangères, notamment anglo-saxonnes, grâce à leur modèle de banque universelle, certaines faiblesses demeurent. La crise économique et la baisse consécutive de leurs revenus, combinée à un accroissement du risque, vont peser sur leur rentabilité. De plus, leurs ratios de fonds propres réglementaires sont inférieurs à ceux de leurs concurrents internationaux. L'adaptation devrait passer par une intégration accrue des métiers spécialisés. Cette tendance a été récemment soulignée par la fusion des filiales de gestion d'actifs de la Société Générale et du Crédit Agricole.
La valeur dans son secteur
Une des premières banques de réseau en Europe - 5e banque gestionnaire d'actifs de la zone euro avec 336 milliards d'euros d'actifs gérés (à fin décembre 2008) et 3e acteur européen par les actifs en conservation
Comment suivre la valeur
- En tant que valeur financière le titre est sensible à l'évolution des taux d'intérêt, l'état des bourses mondiales qui influencera ses activités de banque de financement et d'investissement et de gestion d'actifs, et enfin, le niveau de consommation et d'épargne des ménages qui influera sur les performances de la banque de détail, représentant une grande partie du Produit Net Bancaire.
- La charge du risque, qui a diminué sur le second trimestre 2009 mais reste élevée, est à surveiller étroitement.
Rémunération des actionnaires
Dividendes versés
1,20 euro par action
Taux de distribution des dividendes
35,5%
Taux de croissance du dividende par action
+33%
Rendement (dividendes / cours moyen depuis début 2009)
3%
Estimations de dividendes par action
0,69 euro en 20090
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
Selon la Banque centrale européenne (BCE) les perspectives de profitabilité des banques de l'Union Européenne en 2009 restent très incertaines. La nouvelle augmentation probable du provisionnement des pertes sur créances pèse sur les résultats. Ces pertes pourraient atteindre leur niveau le plus élevé fin 2009. Moody's maintient sa perspective « négative » sur les banques françaises. Même si elles ont bien mieux résisté à la crise que leurs concurrentes étrangères, notamment anglo-saxonnes, grâce à leur modèle de banque universelle, certaines faiblesses demeurent. Face à un certain nombre de défis, ces banques vont devoir s'adapter. La crise économique et la baisse consécutive de leurs revenus, combinée à un accroissement du risque, vont peser sur leur rentabilité. De plus, leurs ratios de fonds propres réglementaires sont inférieurs à ceux de leurs concurrents internationaux. L'adaptation devrait passer par une intégration accrue des métiers spécialisés. Cette tendance a été récemment soulignée par la fusion des filiales de gestion d'actifs de la Société Générale et du Crédit Agricole.