Le projet d'alliance dans le nucléaire entre Constellation Energy et le français EDF est entré dans sa dernière ligne droite vendredi avec l'obtention du dernier feu vert des autorités américaines.
Dans un avis, les autorités de l'Etat américain du Maryland (Est) ont approuvé le rachat par EDF de la moitié des activités nucléaires de Constellation Energy.
La Commission des services publics du Maryland a toutefois imposé plusieurs conditions, afin qu'il soit conforme à "l'intérêt public".
Pour que ce projet soit "bénéfique" et ne "nuise pas aux consommateurs", Constellation va devoir apporter 250 millions de dollars de liquidités d'ici juin 2010 à sa filiale Baltimore Gas & Electric, qui est notamment en charge de la distribution d'énergie.
L'américain devra verser 110,5 millions de dollars à ses clients, soit 100 euros par contribuable, au titre de rabais fiscal.
Les autorités imposent aux deux groupes de dire par écrit avant le 6 novembre s'ils souhaitent conclure l'accord et à quelle date, et feront état de leurs conclusions le 1er décembre.
Les deux parties se sont contentées de dire qu'ils avaient pris "connaissance de cette décision", dans un communiqué commun et succinct.
Peu avant cette annonce, le PDG du groupe américain Mayo Shattuck avait estimé que si feu vert il y avait, le rapprochement entre les deux groupes "pourrait être conclu dans les deux semaines".
Cette alliance, véritable feuilleton dont la conclusion devait intervenir au troisième trimestre, a essuyé de nombreux obstacles et retards. Elle a maintenant reçu tous les feux verts nécessaires des autorités fédérales, dont celui début octobre de l'agence américaine de réglementation du nucléaire.
EDF, qui a déboursé 4,5 milliards de dollars pour acquérir 49,99% des activités nucléaires de l'américain, prévoit de construire quatre réacteurs nucléaires de troisième génération (EPR) aux Etats-Unis, à travers une coentreprise avec Constellation.
Avec cet accord annoncé en décembre 2008, EDF avait damé le pion à Warren Buffett qui convoitait également le groupe de Baltimore (Maryland).
Les deux groupes avaient affirmé que 4.000 emplois dans la construction puis 400 emplois permanents dans le Maryland en découleraient.
Pourtant, si côté américain le temps presse, côté français quelques voix discordantes se sont fait entendre.
Selon le Financial Times de vendredi, le gouvernement français s'interroge sur le bien-fondé pour EDF (détenu à 84% par l'Etat) d'un tel investissement.
Une source gouvernementale a toutefois démenti. "C'est faux", a affirmé à l'AFP un responsable gouvernemental ayant requis l'anonymat. "Nous avons autorisé cette opération" et l'Etat n'a pas changé de position sur la question.
Lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, Henri Proglio, qui doit prendre ses fonctions le 25 novembre à la tête d'EDF, a émis des doutes sur l'intérêt de l'opération, a indiqué à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat, un député ayant participé à cette réunion à huis clos.
Interrogé sur ces propos, le PDG de Constellation a rappelé que "les conseils d'administration des deux groupes avaient approuvé le rapprochement". "Il n'y a pas de raison que cela change", a-t-il martelé.