En repli de 2,02% à 72,79 dollars, Exxon Mobil signe la deuxième plus mauvaise performance du Dow Jones, pénalisé par des résultats trimestriels inférieurs aux attentes. La première compagnie pétrolière mondiale a réalisé au troisième trimestre un bénéfice net de "seulement" 4,73 milliards de dollars, soit plus de trois fois moins qu'au troisième trimestre 2008. L'an dernier, la major avait réalisé le meilleur trimestre de tous les temps d'une entreprise à la faveur de la flambée des prix du pétrole. Les bénéfices avaient atteint près de 15 milliards de dollars.
Les analystes anticipaient une chute, mais pas si importante
Au troisième trimestre, le bénéfice par action d'Exxon est en effet ressorti à 98 cents par action, contre un consensus de 1,03 dollar. Affecté par la division de près de deux des cours du brut (118 dollars le baril au troisième trimestre 2008, 68 dollars au troisième trimestre 2009) , le chiffre d'affaires a plongé de 40% à 82,26 milliards de dollars. Petite consolation, il est supérieur aux attentes de Wall Street (79,29 milliards de dollars). En outre, la production d'hydrocarbures du groupe de Houston a progressé de 3%.
Pour certains observateurs aux Etats-Unis, Exxon maintient trop élevé le rythme de ses dépenses, au risque de dégrader son retour à l'actionnaire. Le géant américain a dépensé 6,5 milliards de dollars d'investissement ce trimestre, un montant en léger repli par rapport à l'an passé alors que la demande s'est effondrée et les que les stocks ont explosé. A l'inverse, son rival ConocoPhilips a annoncé hier des mesures pour réduire ses dépenses en exploration-production.
Exxon a retourné au troisième trimestre environ 6 milliards de dollars aux actionnaires, dont 4 milliards via des rachats d'actions et deux milliards via les dividendes. Ce montant, pourtant impressionnant, pourrait paraître un peu chiche : Exxon offre actuellement un taux de rendement de moins de 2,5%. Par contraste, son rival ConocoPhilips dégage un rendement de 4%.
S'il veut conserver des attraits aux yeux des investisseurs, Exxon devrait donc réduire ses investissements et gonfler ses dividendes, estiment certains experts de Wall Street.
Ce raisonnement n'est pas sans danger pour l'économie mondiale et in fine pour le secteur. En contractant leurs investissements pour réduire la production de pétrole, les majors risquent de recréer le déséquilibre entre l'offre et la demande de brut dès que cette dernière repartira vraiment. Dans ce cas, le baril de brut pourrait flamber bien au-delà des 147 dollars le baril et mettre en péril la reprise économique, moteur de la demande de brut.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pétrole et parapétrolier
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a révisé à la hausse ses prévisions pour la demande de pétrole. Cette dernière devrait diminuer cette année de 2,2% par rapport à l'an dernier, contre une baisse de 2,7% précédemment estimée. Ces données plus optimistes reflètent la croissance de la consommation chinoise et la demande plus forte que prévue aux Etats-Unis. L'IAE estime désormais que la demande devrait atteindre 84,4 millions de barils par jour (mbj) cette année. Pour 2010, elle devrait s'accroître de 1,5%, à 85,7 mbj. Selon l'Agence deux scénarios peuvent être envisagés pour l'avenir. Dans le premier, la croissance mondiale atteindrait 5% par an en 2012-2014. La demande de pétrole augmenterait alors de 1,4% par an après 2009. Dans ce cas un « choc pétrolier » risque de survenir car les compagnies reportent actuellement leurs investissements actuels, ce qui pénalise l'offre future. Dans le second scénario, la croissance mondiale serait plus limitée, de l'ordre de 3% par an sur la période 2012-2014. La demande serait alors satisfaite par l'offre et tout « choc pétrolier » serait écarté.