Alstom a marqué un point dans sa bataille l'opposant à Bombardier en signant mardi un méga-contrat pour une nouvelle gamme de trains régionaux (TER) qui devrait lui rapporter à terme plus de 7 milliards d'euros.
La commande passée mardi par la SNCF, qui agit au nom de huit régions françaises, ne concerne pour le moment que 100 rames, pour un montant de 800 millions d'euros. Mais elle est assortie d'une OPTION sur 35 trains supplémentaires, ce qui devrait lui faire dépasser le milliard d'euros.
Surtout, le marché devrait atteindre à terme 1.000 rames, pour plus de 7 milliards.
"Nous sommes partis sur 100 rames. Il y a déjà pas loin d'une cinquantaine d'options qui pourraient se dégager dans les mois qui viennent", a indiqué à l'AFP Philippe Mellier, le président d'Alstom Transport.
"Entre maintenant et la mise en service en 2013, d'autres régions vont commander, et d'autres encore à la mise en service quand elles verront le matériel roulant, il y a un effet d'entraînement. Je suis confiant qu'on arrivera aux 1.000!"
"Je pense que l'on va arriver au 1.000. Ca mettra peut-être quinze ans, mais on va arriver aux 1.000", a confirmé Jean-Pierre Farandou, directeur général délégué SNCF Proximités, la branche qui chapeaute les TER.
Les huit régions qui se sont lancées dans l'aventure, et qui financent le matériel, sont l'Alsace, l'Aquitaine, la Basse Normandie, la Haute Normandie, la Lorraine, Midi-Pyrénées, Pays de la Loire et la Picardie.
Alstom était pour ce contrat opposé au groupe canadien Bombardier. Pour le français, la victoire est d'importance, puisque le nouveau TER, baptisé "Régiolis", va succéder à l'AGC, un train vendu à 700 exemplaires par Bombardier, et dont la livraison n'est pas encore achevée.
Les deux groupes se disputent âprement le marché français: outre ses TGV, Alstom a récemment vendu des trains à deux niveaux TER2NG et des trams-trains. Mais Bombardier a placé le futur train régional Francilien, qui doit faire ses premiers tours de roues au nord de Paris en décembre, en plus des AGC.
Et on retrouve les deux mêmes en compétition pour le dernier appel d'offres en cours de la SNCF, qui porte sur 860 rames à deux niveaux destinées aux lignes de banlieue provinciales... Réponse à la fin de l'année.
Toutes ces commandes devraient permettre aux lignes régionales françaises de disposer de trains neufs ou complètement rénovés avant 2018, estime M. Farandou. "Le matériel, c'est décisif en matière d'image", ajoute-t-il. L'objectif est de quadrupler le nombre de passagers sur les TER de France d'ici 2030.
"On change de constructeur, c'est la vie", indique, un brin philosophe, le président de la SNCF Guillaume Pepy. "On a la chance d'avoir en France, avec Bombardier --et son usine de Crespin dans le Nord-- et Alstom, deux des meilleurs constructeurs ferroviaires au monde. La SNCF est le premier client mondial d'Alstom et le premier client mondial de Bombardier, et j'en suis fier!"
Les nouveaux trains commandés mardi "représentent aujourd'hui le meilleur de la technologie", a affirmé le président d'Alstom Patrick Kron. Ils seront fabriqués dans cinq usines françaises du groupe.
Modulable en fonction des besoins, le "Régiolis" sera susceptible de rouler à 160 km/h et existera en deux versions, électrique et bimode (diesel et électrique). Trois longueurs sont proposées, de même que trois types de confort: interurbain, régional et périurbain.