STMicroelectronics (- 4,78% à 6,273 euros) affiche l'une des plus fortes baisses de l'indice CAC 40. Le fabricant de semi-conducteurs a dévoilé une perte nette, la septième consécutive, supérieure aux attentes au troisième trimestre, mais aussi un chiffre d'affaires plus élevé que prévu. Cette bonne surprise au niveau de l'activité était déjà anticipée par les investisseurs après notamment la bonne performance de Texas Instruments, son comparable américain. Par ailleurs, les analystes reprochent à la société de ne pas assez réduire ses dépenses opérationnelles.
Au troisième trimestre, STMicroelectronics a essuyé une perte nette de 201 millions de dollars, soit 23 cents par action, contre une perte de 289 millions de dollars, soit 32 cents par action, un an plus tôt. Hors éléments exceptionnels, elle s'est élevée à 17 cents par action. Les analystes interrogés par Thomson Reuters anticipaient en moyenne une perte de 9 cents par action.
Le chiffre d'affaires a, lui, progressé de 14% par rapport au trimestre précédent à 2,275 milliards de dollars, soit dans le haut de la fourchette d'objectifs du groupe. Quant à la marge brute, un indicateur de rentabilité très suivi dans le secteur, elle s'est élevée à 31,3%, contre 26,1% au deuxième trimestre.
Dans leurs notes de réaction à cette publication, les analystes se disent déçus par la trop faible baisse des dépenses opérationnelles de la société. Cazenove indique ainsi qu'elles se sont élevées à 885 millions de dollars, en recul de seulement 1% par rapport au trimestre précédent. L'analyste visait 855 millions de dollars.
Selon Oddo, « le point positif de cette publication provient des guidances communiquées pour le quatrième trimestre ». Sur cette période, STM prévoit d'enregistrer une croissance du chiffre d'affaires net comprise entre 5% et 12% par rapport au troisième trimestre 2009. Le groupe a précisé que cette croissance était supérieure à la normale saisonnière. La marge brute devrait, elle, atteindre environ 36,5%, à plus ou moins 1,5 point de pourcentage près.
(C.J)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Le groupe STMicroelectronics a été créé en juin 1987 à la suite du regroupement de Thomson Semiconducteurs (France) et de SGS Microelettronica (Italie). En mai 1998, SGS-Thomson Microelectronics a pris le nom de STMicroelectronics. Le groupe franco-italien est l'un des premiers fabricants mondiaux de semi-conducteurs et le premier européen. Il exerce son activité dans plusieurs domaines : les télécommunications, l'électronique grand public, l'informatique ou encore l'automobile. Le groupe réalise une grande partie de ses ventes en Asie-Pacifique puis en Europe et en Amérique du Nord et enfin dans les pays émergents. Le groupe compte près de 50.000 employés, 16 unités de recherche et développement avancées, 39 centres de conception et d'applications, 15 principaux sites de production et 78 bureaux de vente dans 36 pays.
Les points forts de la valeur
- STM évolue vers un modèle d'activité dit « fab-light », qui consiste à ne pas détenir en propre ses capacités de production. Le groupe devrait ainsi améliorer ses marges.
- Avec un portefeuille de produits " différenciés ", STMicroelectronics a noué des partenariats stratégiques avec ses principaux clients, notamment dans le secteur des télécommunications et de l'électronique grand public.
- La structure financière de ST Microelectronics est saine.
- Le groupe a annoncé la création d'une entreprise commune avec Intel dans les mémoires flash, baptisée Numonyx. La cession de la division mémoires flash permettra au groupe de s'alléger d'un fardeau, cette activité affichant de faibles marges et étant fortement consommatrice de capitaux.
Les points faibles de la valeur
- STM évolue dans un secteur extrêmement concurrentiel et fortement cyclique qui alterne phases de surcapacités et de sous-capacités.
- Le groupe réalise une part importante de son chiffre d'affaires avec Nokia, ce qui lui confère une importante exposition à la santé du fabricant finlandais de téléphones mobiles.
- le groupe présente une structure de coûts plus rigide que celle de ses concurrents.
- Si le groupe publie ses comptes dans la devise américaine, une grande partie de ses coûts reste libellée en euros. Le groupe met toutefois en place une politique de change qui le protège partiellement des fluctuations à la hausse comme à la baisse.
Comment suivre la valeur
- Le niveau d'activité des fabricants de semi-conducteurs est bien évidemment lié à l'évolution des principaux débouchés du secteur (informatique, téléphonie mobile, électronique grand public, électronique embarquée, ou encore la domotique). Ainsi, le secteur est fortement cyclique, c'est-à-dire qu'il varie en fonction de la conjoncture et, plus particulièrement, en fonction du marché des équipements électriques et électroniques.
- Parallèlement, le niveau des stocks mondiaux de semi-conducteurs est un bon indicateur de tendance. En général, plus il est élevé, plus la demande est faible, et plus les capacités de production sont excédentaires, donc peu rentables.
- Certains analystes considèrent que le marché des semi-conducteurs est désormais un marché mature, qui ne devrait plus afficher des taux de croissance supérieurs à 15 %. On peut s'attendre à voir se former à l'avenir des alliances entre les différents acteurs du secteur.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Electronique
Face au recul de leur marché, les acteurs développent de nouvelles offres : Sony va lancer son troisième livre électronique (e-book) aux Etats-Unis, le Reader Daily, pour les fêtes de fin d'année. Outre-Atlantique, Sony propose déjà un livre d'entrée de gamme, le Pocket Reader, à 199 dollars et un produit milieu de gamme, le Touch, à 299 dollars. S'attaquant directement au Kindle d'Amazon, le Reader Daily, commercialisé à 399 dollars, sera équipé d'un écran tactile, et connecté au réseau de télécommunications 3G de l'opérateur ATT. Le marché américain du livre numérique est très dynamique. Selon l'association des éditeurs américains, au premier trimestre 2009, les ventes de « e-book » représentaient 2,4% du marché du livre global, contre une moyenne de 0,6% l'an passé. La concurrence devrait encore se développer sur ce segment puisque le taîwanais Acer, troisième fabricant mondial de micro-ordinateurs, pourrait prochainement faire son entrée sur ce marché afin d'affronter le ralentissement de la croissance de l'industrie informatique.
=/Semi-conducteurs/=
Gartner a révisé à la hausse ses prévisions pour le marché mondial des semi-conducteurs pour 2009. Alors qu'il prévoyait, fin avril, une chute des ventes de 22,4% il estime désormais que le repli du marché devrait se limiter à 17%. La valeur du marché devrait donc atteindre 212 milliards de dollars cette année. En 2010, l'institut prévoit un retour à la croissance avec une progression de 10% par rapport à 2009, à 233 milliards de dollars. L'association professionnelle, Semiconductor Industry Association, est moins optimiste : elle table, elle, sur un recul de 21% en valeur du marché, cette année à 196 milliards de dollars. La reprise en 2010 devrait se caractériser par une croissance limitée à 6,5%. Pour l'ensemble des analystes, deux indicateurs essentiels plaident pour une reprise de la croissance en 2010. Les stocks se réduisent alors qu'ils s'étaient gonflés sur les derniers mois du fait d'une baisse de la demande en provenance de l'informatique, des télécommunications et de l'électronique grand public. De plus, le prix moyen des composants devrait remonter.