Le procès pour fraude comptable de Vivendi et son ancien PDG Jean-Marie Messier s'est ouvert à New York, où les petits porteurs espèrent obtenir dédommagement pour un des pires désastres financiers de la décennie.
L'ancien PDG du groupe n'était pas présent à l'ouverture du procès, qui a débuté vers 10H30 (14H30 GMT) mais l'ancien directeur financier de Vivendi Universal (VU), Guillaume Hannezo, se trouvait au tribunal.
M. Messier était attendu au tribunal mardi, voire dès lundi après-midi, selon ses avocats.
L'actuel président du conseil de surveillance du groupe, Jean-René Fourtou, était attendu quant à lui dès lundi, et devait également assister à la présentation du dossier par les principaux avocats attendue mardi, mais "en spectateur", sans s'exprimer.
Le juge fédéral Richard Holwell a consacré la journée de lundi à la sélection du jury, prévenant les jurés potentiels qu'ils pourraient être mobilisés durant deux à trois mois, du lundi au jeudi.
L'affaire remonte aux années 2000-02, c'est à dire aux suites de la fusion avec Seagram et Canal Plus qui avait fait de Vivendi Universal l'un des plus gros groupes de médias au monde.
Les plaignants -- qui pourraient atteindre le million, nombre d'investisseurs ayant détenu des actions Vivendi durant la période litigieuse selon la justice française -- attaquent MM. Messier et Hannezo ainsi que le groupe lui-même (redevenu Vivendi tout court en 2006) pour avoir embelli les comptes: alors que le groupe affirmait générer assez de liquidités pour honorer ses dettes, il a frôlé la faillite en 2002.
Des investisseurs français avaient porté plainte dès septembre 2002 aux Etats-Unis, joignant leurs efforts à ceux d'investisseurs qui avaient acheté des certificats de dépôts (ADS) cotés à New York.
L'idée était "d'obtenir une indemnisation effective", bien plus difficile à recevoir en France où les procès en action collective font leurs premiers pas et où l'Autorité des marchés financiers ne rembourse pas les actionnaires, les plaignants devant aller en correctionnelle pour tenter d'obtenir des compensations financières, a expliqué à l'AFP Maxime Delespaul, un avocat représentant des investisseurs français.
Ce n'est pas la première fois que Vivendi et son flamboyant ex-PDG affrontent la justice pour rendre compte de cette époque, mais ce procès aux Etats-Unis pourrait s'avérer le plus onéreux pour eux: un autre avocat d'actionnaires français, Frédérik-Karel Canoy, espère que Vivendi sera condamné à 50 milliards de dollars de dommages et intérêts.
Le groupe a jugé ce chiffre "fantaisiste" et exagéré, mais l'issue du procès reste incertaine - d'autant qu'il est très "exceptionnel" que de telles affaires aillent devant un juge, selon Me Delespaul, les entreprises mises en cause préférant généralement transiger plutôt que d'affronter un jury populaire.
Du côté de Vivendi, on se dit "confiant".
"Vivendi est associé à de nombreux experts et dispose d'arguments solides à faire valoir auprès du jury et aborde ce procès avec confiance", a souligné un porte-parole, Antoine Lefort.
La SEC, le gendarme de la Bourse américain, a déjà infligé une amende de plus de 48 millions de dollars en juillet 2008 à Vivendi, pour indemniser quelque 12.000 investisseurs.
En France l'Autorité des marchés financiers a également imposé des amendes, fixées par la justice à 500.000 euros pour le groupe et autant pour M. Messier, mais ces sommes ne sont pas destinées à indemniser les petits porteurs.