Altran (- 3,79% à 3,602 euros) affiche l'une des plus fortes baisses du marché SRD, pénalisé par la dégradation de la recommandation de Société Générale de Conserver à Vendre. Ces dernières semaines, le spécialiste de la R&D externalisée était plutôt un habitué des plus fortes hausses. En un mois, l'action s'est ainsi envolée de plus de 40%. C'est justement cette forte progression qui a poussé l'intermédiaire à adopter une recommandation négative. Cet avis n'est pas partagé par tous ses confrères. Lundi, Exane BNP Paribas a ainsi relevé son opinion de Sous-performance à Surperformance.
L'adoption d'une recommandation négative a pourtant été accompagnée d'un relèvement d'objectif de cours de 2,2 euros à 3 euros car l'action est désormais valorisée sur des multiples de valorisation de reprise. Le bureau d'études a également motivé sa décision par la visibilité « très faible » sur les profits en raison de l'incertitude pesant sur l'activité et l'ampleur incertaine des charges de restructurations encore à venir.
La publication des résultats du premier semestre fin août a été mal accueillie en raison du manque de visibilité sur ses activités et de la rupture attendue de l'un des covenants bancaires au second semestre. En revanche, la chute du résultat opérationnel courant n'a pas surpris les analystes après la pré-annonce de fin juillet. Il a fondu de près de 85% à 8,9 millions d'euros, pour ne représenter que 1,2% du chiffre d'affaires contre 7,1%, un an auparavant.
L'action a ensuite bénéficié du soutien de certains analystes, comme Oddo Securities qui a relevé sa recommandation d'Alléger à Acheter début septembre, mais également du plus grand appétit pour le risque des investisseurs. Celui-ci les a amenés à s'intéresser aux petites et moyennes capitalisations, contribuant parfois à des « squeeze » de liquidité sur certains titres. De plus, 50% des activités d'Altran sont cycliques et elle est l'une des sociétés les plus endettées du secteur des SSII.
(C.J)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Créé en 1982, le groupe Altran est spécialisé dans le conseil en innovation technologique à forte valeur ajoutée. Son métier consiste à aider ses clients - de grands industriels et les principaux acteurs du secteur tertiaire - à améliorer leur compétitivité et leurs performances, en leur permettant notamment d'innover dans leurs produits ou leurs process. Les principaux marchés d'Altran sont l'automobile, les télécommunications, l'aéronautique / spatial et la banque / assurance. Plus de la moitié du chiffre d'affaires du groupe est réalisée à l'international. Altran a sélectionné 20 pays prioritaires.
Les points forts de la valeur
- Le groupe est engagé dans un programme destiné à réduire le poids des coûts indirects. A moyen terme, l'objectif est de les ramener à 20% du chiffre d'affaires, en ligne avec les standards de l'industrie.
- Altran compte un actionnaire de référence : la société d'investissement Apax Partners. Le concert formé par les fondateurs du groupe, Alexis Kniazeff et Hubert Martigny, d'une part, et la société Altrafin Participations (Apax), d'autre part, détient 28,96 % du capital et 31,37 % des droits de vote d'Altran. Altrafin seul détient 19,21% du capital et 18,46% des droits de vote.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe qui avait restauré ses marges au cours des trois derniers exercices est désormais confronté à une conjoncture défavorable.
- Les analystes soulignent le manque de visibilité sur le succès du plan de départs volontaires qui porte que 500 personnes.
- Altran pourrait ne plus respecter son covenant bancaire (clause restrictive attachée à un contrat de prêt et destinée à protéger le créancier) en 2009.
Comment suivre la valeur
- Dans une société de conseil, l'essentiel des charges d'exploitation réside dans les salaires des consultants. A ce titre, le taux d'utilisation des consultants de l'entreprise par rapport à celui du secteur est un indicateur important à suivre. Lorsqu'il diminue (c'est-à-dire que le nombre de consultants sans mission augmente), les charges de l'entreprise pèsent davantage sur la rentabilité.
- Parallèlement, l'effectif est à surveiller. Ces éléments sont d'autant plus importants que la rentabilité de ces sociétés est plafonnée. En effet, toute augmentation de chiffre d'affaires requiert une augmentation de l'effectif.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Informatique - SSII
En France, le Syntec estime que le secteur devrait résister cette année en affichant une croissance nulle. Il considère également que les applications à la demande (« SaaS », Software as a Service) devraient enregistrer une belle progression, même si les volumes sont encore limités. En Europe la situation est plus contrastée : le secteur devrait pâtir d'un léger recul en 2009 ; néanmoins certains marchés se porteront mieux que d'autres. Si l'Allemagne parvient à bien résister de même que la Grande-Bretagne, qui bénéficie du poids de l'infogérance (gestion des parcs informatiques des entreprises), l'activité devrait fortement reculer en Espagne. Sur le plan mondial, le cabinet Gartner prévoit que la demande de services informatiques devrait se replier de 1,7% en 2009, pour atteindre environ 800 milliards de dollars, du fait d'investissements moindres engagés par les entreprises. Ce recul reste toutefois limité grâce à l'infogérance qui procure des revenus récurrents. Néanmoins Gartner estime que certains clients devraient renégocier les contrats de façon à réduire les tarifs.