Avec une hausse de 4,78% à 39,75 euros, Accor connaît la plus forte progression de l'indice CAC 40. Le groupe hôtelier a annoncé la cession des murs de 158 hôtels de l'enseigne hotelF1, représentant 12 300 chambres, pour 272 millions d'euros. Accor a précisé que cette opération lui permettra de réduire son endettement net retraité d'environ 187 millions d'euros en 2009, dont 130 millions d'euros d'impact de trésorerie. Le groupe hôtelier précise que ce deal aura un impact positif de l'ordre de 5 millions d'euros sur le résultat avant impôts.
Accor continuera par ailleurs à gérer ces 158 hôtels sous l'enseigne hotelF1. L'opération a été réalisée auprès d'un consortium d'investisseurs institutionnels français à travers un OPCI (Organisme de placement collectif en immobilier), précise le communiqué du groupe. Cette cession s'inscrit dans la stratégie dite de l'«Asset Right» d'Accor, qui a conduit à la cession de 625 hôtels depuis le 1er janvier 2005.
Cette cession s'accompagne de la signature concomitante d'un bail commercial d'une durée de 12 ans, renouvelable six fois à l'initiative de Accor, avec un loyer variable sans minimum garanti égal à 20% du chiffre d'affaires en moyenne. Sur la base du chiffre d'affaires 2008, le loyer variable aurait été de 21,3 millions d'euros.
Les analystes ont réservé un bon accueil à cette annonce. Oddo a relevé son objectif de cours à 41 euros avec une recommandation inchangée à Accumuler. «Le deal est important car il réduit la dette nette retraitée de 187 millions d'euros (...) et rend davantage crédible la viabilité d'Accor Hôtels seul sans les Services», écrit le broker. Il estime par ailleurs que cette opération montre le volontarisme d'Accor en matière d'asset management, ce qui restera selon lui un catalyseur important pour le titre.
Société Générale conserve sa recommandation Achat et son objectif de cours de 42 euros. Cette opération est clairement positive dans l'ENVIRONNEMENT actuel, estime le broker. Elle confirme selon lui l'intérêt des investisseurs dans l'immobilier hôtelier. Or, il s'agit d'un facteur-clef pour la scission prévue de ses activités de services prépayés. Société Générale anticipe une réaction positive du marché, et considère que la décision d'Accor est un message fort aux investisseurs.
Cheuvreux conserve quant à lui sa recommandation à Surperformance ainsi que son objectif de cours de 43 euros. Le broker remarque qu'il s'agit de la première transaction immobilière de taille dans ce domaine depuis décembre 2007. Il s'agit donc d'un signal très positif pour le secteur, montrant l'intérêt des investisseurs pour l'immobilier hôtelier.
De son côté, Natixis a maintenu sa recommandation Renforcer ainsi que son objectif de cours de 43 euros. «Au-delà de l'aspect positif de cette opération sur l'endettement et sa traduction sur l'optimisation du groupe, le titre devrait très bien réagir dans la perspective d'autres opérations de ce type à venir», estime Natixis.
Cet avis n'est toutefois pas partagé par Oddo, qui pense que ce deal n'est pas révélateur d'autres opérations imminentes à venir.
(An.P)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Performances et stratégie
Chiffre d'affaires 2008
7,73 milliards d'euros, en baisse de 4,7%, mais en progression de 2,8% à périmètre et change constants
Résultats 2008
Résultat avant impôt et éléments non récurrents : 875 millions d'euros (-3,5%)
Résultat net part du groupe : 575 millions d'euros (-34,9%)
Prévisions
Le premier trimestre 2009 devrait être aussi difficile que le dernier trimestre 2008. Objectif de bénéfice courant avant impôts entre 870 et 890 millions d'euros confirmé pour 2009.
Stratégie
Programme de réduction des coûts de support de 100 millions d'euros sur 2009/2010 dont 75 millions sur 2009. L'enveloppe annuelle de 500 millions d'euros d'investissements de développement hôtelier prévue pour 2009 et 2010 sera ramenée à 400 millions d'euros au-delà. Ces 100 millions d'euros de réduction portent sur les segments haut de gamme et milieu de gamme tandis qu'une hausse de 20 millions d'euros est prévue dans les investissements de l'hôtellerie économique en Europe. Dans l'hôtellerie, le développement reste prioritaire avec un objectif de 40000 nouvelles chambres ouvertes par an, au-delà de 2010. Dans les services, Accor cherche à se développer dans les services prépayés, comme le souligne le partenariat récent avec MasterCard, qui permettra d'accélérer la croissance du groupe dans ce domaine. Sur ce marché estimé à 132 milliards d'euros en Europe à l'HORIZON 2015, Accor ambitionne d'atteindre 5% de part de marché.
Evènements financiers
Dans le cadre de sa stratégie de recentrage sur l'hôtellerie et les services prépayés, le groupe a procédé à la cession de participations non stratégiques pour 759 millions d'euros en 2006, pour 541 millions en 2007 et pour 110 millions en 2008. Il s'agit entre autres des titres Compass, Carlson Wagonlit Travel, Club Med et Go Voyages. Accor a modifié le mode d'exploitation de ses unités hôtelières selon une stratégie dite de l' «Asset Right», qui a conduit à la cession de 625 hôtels depuis le 1er janvier 2005. La majorité d'entre eux a été cédée avec maintien d'un contrat de location variable. 22% du parc hôtelier était en pleine propriété à fin 2008.
Forces et faiblesses de la société
Forces
- Structure financière solide avec un gearing de 30% à fin 2008;
- L'hôtellerie économique, qui représente plus de la moitié du chiffre d'affaires (55%), a bien résisté lors du dernier trimestre 2008;
- Le partenariat avec MasterCards devrait renforcer la croissance de l'activité services, alors que celle-ci résiste mieux à la crise;
- 66% de l'excédent brut d'exploitation provient des activités les moins cycliques : l'hôtellerie économique et les services prépayés.
Faiblesses
- Accor réalise 75% de son activité dans le secteur hôtelier, qui subit de plein fouet les effets de la crise, en particulier en Amérique du Nord;
- Le groupe est peu diversifié géographiquement et tire 64% de ses revenus de l'Europe (France incluse).
La valeur et son secteur
Principales activités
- Hôtellerie (marques Sofitel, Pullman, MGallery, Novotel, Mercure, Suitehotel, Ibis, All seasons, Etap Hotel, Formule 1 et Motel 6)
- Services (avantages aux salariés et aux citoyens, récompenses et fidélisation, gestion des frais professionnels)
Le secteur
Selon l'OMT (Organisation mondiale du tourisme) le nombre de touristes dans le monde devrait reculer de 2% en 2009, après une progression de 2% en 2008. Elle n'exclut pas un recul encore plus important, ce qui constituerait une récession sans précédent pour le secteur. Il s'agit de la première baisse du nombre de touristes depuis 2003, année du déclenchement de la guerre en Irak, et du virus SRAS en Asie. Cette année-là le secteur mondial avait affiché une activité en retrait de 1,3%. Le tourisme en Asie-Pacifique, en Afrique et au Proche-Orient devrait poursuivre sa progression. Par contre, en 2009, l'Europe sera la région la plus touchée par cette récession.
La valeur dans son secteur
Leader européen dans l'hôtellerie, leader mondial dans les services aux entreprises et aux collectivités publiques.
Comment suivre la valeur
Son activité d'hôtellerie rend la valeur cyclique, la crise économique actuelle pesant sur son chiffre d'affaires.
Les indices sectoriels à suivre sont le taux d'occupation des hôtels et le RevPar, revenu par chambre disponible, en hausse de 4,6% en moyenne pour les chaînes hôtelières françaises l'an passé.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Hotellerie et loisirs
Selon l'OMT (Organisation mondiale du tourisme), les arrivées de touristes internationaux ont diminué de 8% entre janvier et février 2009, revenant à leur niveau constaté deux ans auparavant. Le recul du nombre d'arrivées, qui s'était déjà produit au second semestre de 2008 (-1%), a donc été amplifié sur les deux premiers mois de cette année. Le Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC), qui comprend les cent principales entreprises du secteur, souhaite que l'industrie mondiale du voyage soit associée aux plans de relance mis en place par les gouvernements dans un certain nombre de pays. Il demande l'instauration d'un ensemble de mesures destinées à favoriser les voyages : une limitation des visas et des taxes d'aéroports, davantage d'incitations fiscales, une amélioration des infrastructures et des campagnes de promotion du tourisme grâce à des allocations de fonds. Ce secteur, qui représente 9% du PIB mondial et 220 millions d'emplois, souffrent de sombres perspectives. Le WTTC estime que, sur le plan mondial, 18 millions d'emplois, liés indirectement ou directement au marché, devraient disparaître sur deux ans (en considérant 2008 et 2009). Les voyages d'affaires sont beaucoup plus affectés que les voyages liés aux loisirs. Ils ont enregistré une baisse comprise entre 10% et 20% sur le premier trimestre.