La fin d'une époque. En confirmant le succès de son appel au marché et du placement réalisé par son principal actionnaire, la famille Merckle, HeidelbergCement a soulagé des investisseurs inquiets de la fragilité de la structure financière du quatrième cimentier mondial. Pour preuve, le titre s'est envolé de près de 11% à 48,20 euros à la Bourse de Francfort. Mais cette annonce donne également un sérieux coup de canif à l'empire industriel bâti par Adolf Merckle, qui s'est donné la mort en janvier, ruiné par la crise.
La famille Merckle, actionnaire majoritaire depuis l'origine avec 81% du capital, devra se contenter désormais d'une participation de 24% dans HeidelbergCement, selon les calculs de Natixis Securities.
HeidelbergCement a donc confirmé le succès de son augmentation de capital et du placement réalisé par son principal actionnaire, la famille Merckle. Ces deux opérations représentent un montant total de 4,4 milliards d'euros, la plus grosse cession de titres réalisée cette année en Allemagne.
Le prix des deux opérations a été fixé à 37 euros par action, soit une décote de 15% par rapport au cours de clôture d'hier et de 14% par rapport à celui du 11 septembre, avant le lancement de l'opération. Le produit net de l'augmentation de capital s'élève donc à 2,25 milliards d'euros. Il devrait permettre au groupe d'améliorer sa structure financière, souligne Natixis. Ce dernier a d'ailleurs confirmé sa recommandation Renforcer. Même soulagement chez WestLB qui a relevé sa recommandation sur le titre de Neutre à Accumuler.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - Matériaux
Selon Moody's la crise de l'immobilier devrait générer une baisse de la demande mondiale de ciment entre 5% et 10%, en 2009. Cette tendance inciterait les entreprises à se livrer à une guerre des prix. Comme le souligne l'agence de notation, certains acteurs souffrent d'un endettement trop conséquent du fait d'acquisitions. Ainsi Lafarge, qui a racheté Orascom, supporte une dette nette représentant 1,15 fois ses fonds propres. Face à une situation financière très tendue, il est devenu urgent pour certains groupes d'être recapitalisés. Saint-Gobain et Lafarge ont décidé de lever chacun 1,5 milliard d'euros en Bourse. A cela s'ajoute une politique de réduction des coûts : aux 400 millions de réductions de coûts dégagées l'an passé, Saint-Gobain va ajouter 600 millions d'euros. Lafarge prévoit, lui, 200 millions d'économies en 2009, contre 120 millions prévus initialement dans le cadre du programme Excellence 2008. Aucune acquisition n'aura lieu en 2009, pour Saint-Gobain, alors que Lafarge va réduire de 40% ses investissements.