Le géant allemand des matériaux de construction HeidelbergCement chute de 4,16% à 41,42 euros, pénalisé par l'annonce d'une augmentation de capital de 62,5 millions de nouvelles actions combinée au placement d'un maximum de 62,5 millions d'actions existantes par son actionnaire principal, le milliardaire Ludwig Merckle. Lourdement endetté (11,6 milliards d'euros fin 2008) après le rachat du britannique Hanson pour 11,2 milliards en 2007, le groupe a déjà arraché fin juin un accord de restructuration de sa dette de 8,7 milliards et engagé un processus de cessions d'actifs non stratégiques.
Le prix des nouvelles actions, et donc le montant global de l'augmentation de capital, sera connu à partir du 22 septembre, deux jours avant le lancement prévu de l'opération. Ludwig Merckle, principal actionnaire avec 72,4% des parts a déclaré qu'il souscrirait à l'opération mais qu'il revendrait dans la foulée les nouvelles actions à des investisseurs institutionnels. Il a même précisé qu'il vendrait autant d'actions existantes que de d'actions nouvelles.
"Les investisseurs peuvent être surprise de la taille du placement secondaire (50% des actions existantes), dans la mesure où ils s'attendaient à ce que les actionnaires principaux conservent une part majoritaire", a commenté Exane BNP Paribas.
Cette situation n'est pas encore intégrée dans le modèle du bureau d'études, qui estime cependant que l'impact sur le bénéfice par action 2010 devrait être de -21%. Dans un scénario à 40 euros par action, le flottant représenterait 80% d'une capitalisation boursière portée à 7,5 milliards d'euros.
Pour Exane, cette opération était nécessaire pour refinancer une partie de sa dette (3,3 milliards d'euros) qui venait à échéance en décembre 2011.
"La taille de l'offre devrait mettre l'action sous pression à court terme, mais nous pensons que cette annonce est une étape majeure sur la route de rétablissement pour HeidelbergCement", a estimé le courtier. Ce dernier a donc maintenu son opinion de Surperformance sur le numéro trois mondial du ciment mais placé son objectif de cours sous revu.
(P-J.L)
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LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - Matériaux
Selon Moody's la crise de l'immobilier devrait générer une baisse de la demande mondiale de ciment entre 5% et 10%, en 2009. Cette tendance inciterait les entreprises à se livrer à une guerre des prix. Comme le souligne l'agence de notation, certains acteurs souffrent d'un endettement trop conséquent du fait d'acquisitions. Ainsi Lafarge, qui a racheté Orascom, supporte une dette nette représentant 1,15 fois ses fonds propres. Face à une situation financière très tendue, il est devenu urgent pour certains groupes d'être recapitalisés. Saint-Gobain et Lafarge ont décidé de lever chacun 1,5 milliard d'euros en Bourse. A cela s'ajoute une politique de réduction des coûts : aux 400 millions de réductions de coûts dégagées l'an passé, Saint-Gobain va ajouter 600 millions d'euros. Lafarge prévoit, lui, 200 millions d'économies en 2009, contre 120 millions prévus initialement dans le cadre du programme Excellence 2008. Aucune acquisition n'aura lieu en 2009, pour Saint-Gobain, alors que Lafarge va réduire de 40% ses investissements.