Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a souligné vendredi les risques de la taxe carbone --telle que compte l'adopter la France-- pour la compétitivité de l'industrie européenne, s'opposant aussi à un "protectionnisme" environnemental.
"Je suis pour la croissance verte, pas pour la décroissance. Je crois que nous avons besoin d'une industrie en Europe, et il faut assurer que nos entreprises ne sont pas mises dans une position de manque de compétitivité à cause du fait que nous sommes plus avancés sur le plan de la règlementation environnementale que d'autres parties du monde", a déclaré M. Barroso à l'antenne de la radio RTL.
"Je ne suis pas contre qu'en France ou dans d'autres pays on puisse avoir une fiscalité plus orientée sur le plan environnemental", a-t-il dit.
Mais "il ne faudrait pas qu'à cause des mesures environnementales que nous prenons, il y ait une délocalisation de notre industrie, de notre production pour d'autres pays", a-t-il ajouté, interrogé sur une généralisation dans l'UE de la taxe carbone envisagée par la France sur le modèle de plusieurs pays européens comme la Suède.
Quant à une taxe carbone "extérieure", distincte de la première, également proposée par la France, "il faut le voir avec détail parce que nous ne voulons pas bien sûr introduire des mesures protectionnistes dans le monde", a poursuivi M. Barroso.
"L'Europe est de loin le premier exportateur mondial, donc il faut qu'on reste avec des marchés ouverts. Nous devons (nous) assurer qu'on protège sans tomber dans le protectionnisme", a-t-il dit.
"Je pense qu'on ne pourra en discuter qu'après (les discussions mondiales sur le climat à) Copenhague" en décembre, a-t-il souligné.
Le président français Nicolas Sarkozy a répété jeudi son souhait de voir l'Union européenne se doter d'une "taxe carbone aux frontières" qui s'appliquerait aux produits en provenance de pays non soumis aux contraintes de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre.
L'idée avait été avancée par la France en 2008, mais le sujet est loin de faire l'unanimité parmi les 27. L'Allemagne, le Danemark et la Suède, qui préside actuellement l'UE, y sont notamment opposés.