En plein débat sur la taxe carbone, Laurence Parisot a ouvert mercredi l'université d'été du Medef en prévenant qu'il serait "suicidaire" d'alourdir la fiscalité sur les entreprises au moment où un début de reprise commence à se dessiner.
Délibérément tourné vers les sujets de société en dépit de la crise et de la flambée du chômage, le traditionnel rendez-vous de rentrée du patronat français, baptisé "à la recherche des temps nouveaux", n'en a pas pour autant oublié les chevaux de bataille habituels du Medef.
La présidente de l'organisation patronale a d'abord salué la suppression partielle de la taxe professionnelle (TP): "c'est une excellente nouvelle" et "a priori une victoire du Medef".
Mais elle a aussitôt apporté un bémol à ce satisfecit au gouvernement.
"Aucune entreprise" ne doit être "perdante", a averti Mme Parisot, il faut qu'au final "toutes les entreprises paient moins" qu'aujourd'hui.
Surtout, cette "victoire" ne saurait être remise en cause par la création annoncée pour 2010 d'une taxe carbone, ou Contribution climat énergie (CCE), alors que le débat politique fait rage sur cette mesure.
La dirigeante patronale a jugé "normal" de taxer l'émission de CO2 dès lors que celle-ci a "un coût social", afin de "changer les comportements".
La taxe carbone vise à inciter à consommer moins d'énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), notamment dans les transports et le chauffage, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Laurence Parisot réclame néanmoins "une compensation pour les entreprises", sous forme par exemple d'un "chèque vert" ou d'allègements de "charges salariales", là où le gouvernement ne prévoit jusqu'ici de redistribuer la CCE qu'aux ménages.
"Ce serait franchement suicidaire de vouloir pénaliser les entreprises aujourd'hui" car cela mettrait "en danger de mort" les pme qui ne ressentent pas les effets du début de reprise, a-t-elle insisté.
Mme Parisot n'a toutefois pas explicité la manière de dissuader le recours aux énergies fossiles sans coût supplémentaire pour les entreprises.
Selon la patronne des patrons, l'urgence c'est de sauvegarder l'emploi dans les petites entreprises. "Le plus grand plan social, ce sont les dépôts de bilan des PME. Si l?on reste sur le rythme du début d?année, près de 70.000 entreprises vont disparaître en 2009 et, avec elles, des centaines de milliers d?emplois", s'est-elle inquiétée.
Autre leitmotiv patronal, une réforme durable des retraites, érigée en "priorité absolue".
"Il ne s?agit pas de savoir si elle doit être bouclée en 2010, en 2012 ou après. Il s?agit d?avoir l?ambition d?une vraie grande réforme, car nous sommes arrivés au bout d?un système et de ses rustines", a affirmé Mme Parisot, qui a plaidé une fois de plus pour le "recul" de l'âge de départ à la retraite et l'introduction d'une part de "capitalisation".
En dépit de ces exigences sans cesse réaffirmées, le Medef ne se veut pas moins "un espace anti-idées reçues". L'université d'été, qui réunit jusqu'à vendredi sur le campus d'HEC à Jouy-en-Josas (Yvelines) quelque 4.000 chefs d'entreprise, a invité une pléiade de responsables politiques et d'intellectuels.
Le forum a été inauguré pas Cherie Blair, épouse de l'ex-Premier ministre britannique et avocate, qui a appelé les patrons à "s'engager" à protéger les enfants.
Des enfants qui "seront les acteurs des temps nouveaux", a renchéri Mme Parisot.