Natixis s'envole de 33,26% à 3,07 euros alors que la banque pourrait renouer avec les bénéfices au troisième trimestre après cinq trimestres dans le rouge. Ce retour à une meilleure fortune est rendue possible par la garantie accordée par sa maison-mère, BCPE, sur son portefeuille d'actifs toxiques de 35 milliards d'euros. Interrogé lors d'une conférence téléphonique sur la possibilité pour Natixis d'afficher des comptes dans le vert au prochain trimestre, François Pérol, président de la banque, a déclaré, selon Reuters : « C'est bien l'objectif que nous nous assignons ».
Au deuxième trimestre, Natixis a essuyé une perte nette de 883 millions d'euros contre un déficit de 1,017 milliard d'euros, un an plus tôt. Les analystes interrogés par Reuters tablaient en moyenne sur une perte de 911 millions d'euros. Ces comptes intègrent en particulier une dépréciation de 866 millions d'euros du portefeuille d'actifs toxiques et une provision supplémentaire de 748 millions d'euros pour l'activité de banque d'affaires. Le produit net bancaire s'est, lui, élevé à 568 millions d'euros contre 81 millions d'euros, un an plus tôt.
Natixis a aussi confirmé l'information des « Echos » selon laquelle BPCE allait garantir les actifs de la structure de cantonnement d'actifs toxiques, baptisée GAPC (Gestion Active des Portefeuilles Cantonnés). Cette garantie portera sur environ 35 milliards d'euros. « Cette garantie a pour conséquence une baisse d'environ 16 milliards d'euros d'encours pondérés, tout en conservant une partie du potentiel d'appréciation des portefeuilles », a expliqué la banque. Avant de souligner que cette garantie crée les conditions d'un retour à la rentabilité au second semestre.
Souhaitant tourner les pages noires de ces derniers trimestres, Natixis a lancé un nouveau plan stratégique à HORIZON 2012. Le coeur de son activité sera recentré sur trois métiers : la BFI, banque d'affaires du groupe BPCE, l'Epargne (gestion d'actifs, assurance et banque privée) et les Services Financiers Spécialisés. Au terme de ce plan, Natixis prévoit d'afficher un ROE (rendement des capitaux propres) supérieur à 12%.
(C.J)
AOF - EN SAVOIR PLUS
LEXIQUE
ROE (Return on Equity) : Le ROE (pour Return On Equity) mesure la rentabilité des capitaux employés d'une société. En d'autres termes, il quantifie le montant des bénéfices réalisés pour un euro investi en capital. Ce ratio s'obtient par le rapport du résultat net sur les capitaux propres. La plupart du temps, on enlève du ROE tous les éléments exceptionnels type amortissement des survaleurs.
Activité de la société
Natixis est né en novembre 2006 de la fusion des activités de banque de gros des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne. Initialement les participations respectives des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne dans le nouvel ensemble étaient de 45,5%. Mais la mise sur le marché de 233,65 millions de titres, au prix de 19,55 euros, a permis de les abaisser à 34%.
Le nouveau groupe s'affiche comme la première banque française en matière de gestion d'actifs avec plus de 500 milliards d'euros sous gestion dans le monde. Natixis s'organise autour de 6 pôles d'activités: la banque de détail, la banque de financement et de marché, la banque d'investissement privé, l'assurance-crédit et les crédits à la consommations et autres prestations.
Les points forts de la valeur
-Un quart de ses revenus proviennent des sommes reversées par les réseaux des Banques Populaire et des Caisses d'Epargne, par nature peu cycliques.
-Natixis devrait profiter des synergies de fusion attendues à 522 millions d'euros.
-Le nouvel ensemble bénéficie d'un important potentiel de croissance compte tenu du soutien de ses réseaux.
Les points faibles de la valeur
- De tous les grands établissements français cotés à Paris, Natixis est le plus lié aux revenus cycliques, de banques d'affaires (40% des recettes) et de marché (10%).
- Le système de gouvernance de la banque, partagé entre ses deux actionnaires principaux, Banque Populaire et l'Ecureuil, peine à convaincre de son efficacité, malgré leur réaction rapide lors du rachat de CIFG, une filiale de Natixis touchée par la crise du subprime, pour 1,5 milliard de dollars, qui a permis d'éviter une recapitalisation à la jeune banque.
- La faible visibilité de l'activité de banque d'investissement de Natixis, son plus gros contributeur en termes de revenus, ne joue pas en sa faveur.
Comment suivre la valeur
- Le groupe est très sensible à l'évolution des marchés financiers (pour sa division banque d'investissement), mais également à celle de la conjoncture économique (pour son activité de banque de financement).
- Par ailleurs, en tant que valeur financière, le titre est sensible à l'évolution des taux d'intérêts.
- En raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
Les grandes banques américaines ont enregistré des performances bien meilleures qu'attendues sur le premier trimestre. Citigroup a affiché un bénéfice de 1,6 milliard de dollars. Même constat pour Wells Fargo (3 milliards de dollars), Goldman Sachs (1,8 milliard) ou JPMorgan Chase (2,14 milliards). Plusieurs éléments ont contribué à redresser leur situation. A l'aide massive des pouvoirs publics américains s'est ajoutée la baisse des taux menée par la Réserve fédérale, qui a permis aux banques de reconstituer leurs marges. De plus, les établissements ont mené des plans de réductions de leurs coûts, à travers des baisses d'effectifs. Ainsi, 260000 postes du secteur financier ont été supprimés en un an. Les analystes restent néanmoins prudents pour l'avenir, compte tenu de l'ampleur de la crise économique. Côté français, les résultats des grandes banques ont été décevants sur le premier trimestre 2009, à l'exception de ceux de BNP Paribas. Au Crédit Agricole, des dépréciations de 570 millions d'euros et une forte hausse du coût du risque, ont provoqué une chute de 77% du bénéfice à 202 millions d'euros. La Société Générale a enregistré des pertes de 278 millions d'euros tandis que la filiale des Caisses d'pargne et des Banques Populaires, Natixis, a affiché des pertes de 1,83 milliard d'euros sur la période.