Lundi, dans un marché action européen déprimé, l'information publiée par le "Sunday Times" selon laquelle le réseau britannique d'EDF attirerait les investisseurs n'a pas empêché l'action du groupe français de clôturer en baisse de 2,32% à 34,95 euros (- 2,16% pour le CAC 40). La cession de son réseau au Royaume-Uni, d'une valeur estimée à 4,7 milliards d'euros, permettrait à EDF d'alléger sa dette de 36,8 milliards d'euros, améliorant ainsi son profil financier.
En un an, la dette de l'électricien français a bondi de 50% essentiellement en raison de l'achat de l'exploitant britannique de centrales nucléaires British Energy, la plus grosse acquisition de l'histoire du groupe.
Soucieux de maintenir une notation financière forte (EDF est actuellement noté A+ par Standard & Poor's, assortie d'une perspective négative), le groupe français a récemment mis en enchère son réseau britannique qui fournit environ 8 millions de foyers. Selon le « Sunday Times ». Plusieurs fonds souverains, fonds de pension et groupes spécialisés dans les infrastructures et les services aux collectivités seraient intéressés.
Le journal britannique cite l'agence d'investissement d'Abu Dhabi, la société Cheung Kong Infrastructure, détenue par le milliardaire hongkongais Li Ka-shing ainsi que trois fonds de pension canadiens : Borealis, Ontario Teachers et Canadian Pension Plan. En outre, croit savoir le "Sunday Times", Scottish & Southern, National Grid, le fonds d'investissement GIP et Morgan Stanley envisageraient de constituer un consortium.
Par ailleurs, du côté des brokers, CA Cheuvreux a estimé que la hausse des tarifs de l'électricité en France à compter du 15 août était une bonne nouvelle pour EDF. Pour autant, le bureau d'études, qui s'attendait à cet ajustement, a renouvelé son opinion de Sous-performance et son objectif de cours de 32,5 euros.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Performances et stratégie
Chiffre d'affaires
Au 31.03.2009 : 21 106 millions d'euros (+15,1% et +12,5% de croissance organique)
Au 31.12.2008 : 64 279 millions (+7,8%)
Résultats
Au 31.12.2008, résultat d'exploitation : 7 911 millions d'euros (-20,8%) - Résultat net part du groupe : 3 400 millions (-39,5%)
Prévisions
Le groupe a confirmé ses objectifs pour 2009 : son EBITDA (qui correspond à l'excédent brut d'exploitation) devrait être dynamisé par la consolidation des activités nouvellement acquises, en particulier British Energy. Le résultat net de 2009 hors éléments non récurrents ne devrait pas être supérieur à celui de 2008.
Stratégie
Pour la période 2008-2012, le groupe a arrêté 3 priorités stratégiques: la relance du nucléaire dans le monde, les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique, et enfin le renforcement de son leadership en Europe.
La priorité du groupe pour 2009 est la croissance organique et le renforcement de sa structure financière, en cohérence avec une notation forte. A cet égard, il a engagé un programme de cessions d'actifs qui devrait alléger son endettement financier net d'au moins 5 milliards d'euros à fin 2010. Il cherche déjà à céder son réseau de distribution d'électricité en Grande-Bretagne, estimé à 3,36 milliards d'euros.
Evènements financiers
Début 2009, EDF a finalisé l'acquisition de British Energy pour près de 12 milliards de livres sterling (13,6 milliards d'euros). Il s'agit de la plus importante acquisition de son histoire. Cette opération devrait lui permettre de jouer un rôle de premier plan dans le renouveau du nucléaire au Royaume-Uni. Ce rachat améliore également les positions existantes du groupe sur les marchés de la production d'énergie au Royaume-Uni. A l'HORIZON de 2011 des synergies de coûts, de revenus et des synergies opérationnelles d'un montant global d'environ 200 millions d'euros devraient être générées. EDF a également finalisé la reprise pour 4,5 milliards de dollars (3,1 milliards d'euros) de 49,9 % des activités nucléaires de l'américain Constellation Energy. Il a enfin acquis la participation de 51 % de son partenaire britannique, Centrica, dans le second électricien belge SPE.
Forces et faiblesses de la société
Forces
- Fortes positions concurrentielles en Europe, en particulier en France;
- Les besoins énergétiques futurs sont énormes car d'ici une dizaine d'année 1 milliard de personnes devraient accéder à l'électricité dans le monde;
- Bonne progression de l'activité sur le premier trimestre 2009 grâce aux évolutions de tarifs et à l'intégration dans les comptes des performances de British Energy;
- Même si depuis 2007 le marché français est ouvert à la concurrence, le leadership d'EDF n'est, pour le moment, pas menacé du fait de prix de revient très compétitifs grâce à ses réacteurs nucléaires;
- En mettant la main sur British Energy, EDF devient le principal acteur de la relance du nucléaire en Grande-Bretagne. Cela répond à sa volonté de devenir le premier acteur mondial dans ce domaine;
- En dépit de la baisse du résultat net par action en 2008 (1,87 euro contre 3,08 en 2007), le dividende est maintenu à 1,28 euro par action.
Faiblesses
- La structure financière d'EDF a été fragilisée par l'acquisition de British Energy : l'endettement net s'élevait, fin 2008, à 24,5 milliards d'euros (en progression de 48% par rapport à 2007), soit 1,04 fois les capitaux propres part du groupe. L'agence de notation Standard & Poor's a d'ailleurs abaissé la note de la dette d'EDF de AA- à A+;
- Le maintien des tarifs réglementés (déterminés par l'Etat), que seul EDF peut pratiquer pour l'instant, risque d'être menacé suite à la remise au gouvernement du rapport Champsaur. Il préconise d'étendre ces tarifs à tous les fournisseurs d'électricité;
- L'annonce par EDF Energy d'une baisse des prix de l'électricité de 8,8% en moyenne au Royaume-Uni à compter du 31 mars 2009 pourrait s'observer ailleurs en Europe;
- Le recul du prix du pétrole pourrait limiter l'avantage du nucléaire, au coeur du développement du groupe.
La valeur et son secteur
Principales activités
Energéticien intégré, présent sur l'ensemble des métiers de l'électricité : production, transport, distribution, commercialisation et négoce d'énergies. EDF est également de plus en plus actif sur la chaîne du gaz en Europe
Le secteur
Dans la production d'électricité d'origine nucléaire les acteurs, pourtant rivaux, n'hésitent pas à nouer des partenariats pour partager de lourds investissements et faire face à des recettes qui tombent plusieurs années après le démarrage d'un projet. Ainsi EDF a annoncé la création d'une co-entreprise avec le groupe britannique Centrica, pour exploiter quatre réacteurs EPR (dits de troisième génération). Aux Etats-Unis le groupe français a noué un accord avec Constellation Energy pour y construire et y exploiter quatre EPR. Les accords devraient se multiplier dans ce pays, sur un marché très morcelé.
La valeur dans son secteur
Leader du marché français de l'électricité - Un des leaders européens de l'énergie avec de fortes positions en Allemagne, au Royaume-Uni et en Italie.
Comment suivre la valeur
EDF appartient au secteur des « utilities » (producteurs d'eau, de gaz et d'électricité), qui regroupe des valeurs défensives. Surveiller les diversifications du groupe dans le gaz et les acquisitions dans le nucléaire. L'évolution prochaine de l'application des tarifs régulés devrait être importante pour le groupe.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Services aux collectivités
Les records historiques de consommation d'électricité enregistrés en janvier suite à la vague de froid ont soutenu l'activité d'EDF. Le groupe a affiché une croissance de 15% de son chiffre d'affaires trimestriel, à 21,1 milliards d'euros. La hausse atteint 12,5% à taux de change et structure comparables. C'est bien supérieur aux attentes des analystes qui tablaient, en moyenne, sur une progression de 10%. En dépit de la crise GDF Suez a bénéficié d'une croissance de ses revenus et de son bénéfice d'exploitation à deux chiffres au premier trimestre 2009. Son chiffre d'affaires a ainsi bondi de 10% à périmètre constant, à 25,6 milliards d'euros, tandis que son résultat brut d'exploitation s'est accru de 12,6%, à 5,3 milliards d'euros. Encore une fois, ces excellentes performances proviennent de conditions climatiques favorables. Début 2009, l'Europe a connu la plus forte vague de froid depuis dix ans. Quant aux groupes d'environnement, l'activité de collecte des déchets auprès des clients industriels de Suez Environnement a été touchée par le ralentissement économique. Le chiffre d'affaires du groupe a donc reculé de 2,7% au premier trimestre. Par contre, en dépit d'une activité propreté en repli (-7,7%), les revenus de Veolia ont progressé de 4% à taux de change courants. La croissance des activités défensives - eau, énergie et transport - a plus que compensé le déclin des activités cycliques de propreté.