Le cours de Natixis témoigne d'un net désintérêt des investisseurs dans la matinée : avec une chute de 11,54% à 2,215 euros, le titre connaît le plus vif recul du marché SRD. Ces prises de bénéfices s'expliquent tout d'abord par la flambée qu'a connu Natixis ces derniers jours. Toujours très volatil, il atteignait hier 2,71 euros, son niveau le plus haut depuis le début de l'année. Depuis le 1er janvier, la valeur a explosé de près de 80%. Cette chute s'explique également par les déclarations du groupe BPCE, qui a mis fin à la vague de spéculation sur un retrait du titre de la cote.
Ce groupe, détenu par Banques Populaires Participations et Caisses d'Epargne Participations, a indiqué à l'Autorité des marchés financiers qu'il n'avait pas l'intention de retirer Natixis de la cote. BPCE possède 71,54% du capital et des droits de vote de la banque d'investissement. « Il n'est pas envisagé, en l'état du marché et de la revue stratégique, de projet de radiation des négociations d'une catégorie de titres financiers de Natixis », a déclaré le groupe à l'AMF.
BPCE annonce également qu'il n'envisage pas de modifier l'activité et les statuts de Natixis. Elle déclare cependant qu'il pourrait être procédé à l'étude d'opérations de réorganisation et/ou de transfert d'actifs de Natixis dans le cadre du processus d'intégration résultant du rapprochement des groupes Banque Populaire et Caisse d'Epargne.
Les conclusions de la revue stratégique feront l'objet d'une communication aux marchés, a précisé BPCE.
De son côté, Oddo a conservé sa recommandation Alléger et son objectif de cours de 1 euro sur la valeur. «Selon nous, le transfert d'actifs du GAPC au holding constituerait une bonne solution pour l'actionnaire de Natixis», juge toutefois Oddo.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Natixis est né en novembre 2006 de la fusion des activités de banque de gros des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne. Initialement les participations respectives des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne dans le nouvel ensemble étaient de 45,5%. Mais la mise sur le marché de 233,65 millions de titres, au prix de 19,55 euros, a permis de les abaisser à 34%.
Le nouveau groupe s'affiche comme la première banque française en matière de gestion d'actifs avec plus de 500 milliards d'euros sous gestion dans le monde. Natixis s'organise autour de 6 pôles d'activités: la banque de détail, la banque de financement et de marché, la banque d'investissement privé, l'assurance-crédit et les crédits à la consommations et autres prestations.
Les points forts de la valeur
-Un quart de ses revenus proviennent des sommes reversées par les réseaux des Banques Populaire et des Caisses d'Epargne, par nature peu cycliques.
-Natixis devrait profiter des synergies de fusion attendues à 522 millions d'euros.
-Le nouvel ensemble bénéficie d'un important potentiel de croissance compte tenu du soutien de ses réseaux.
Les points faibles de la valeur
- De tous les grands établissements français cotés à Paris, Natixis est le plus lié aux revenus cycliques, de banques d'affaires (40% des recettes) et de marché (10%).
- Le système de gouvernance de la banque, partagé entre ses deux actionnaires principaux, Banque Populaire et l'Ecureuil, peine à convaincre de son efficacité, malgré leur réaction rapide lors du rachat de CIFG, une filiale de Natixis touchée par la crise du subprime, pour 1,5 milliard de dollars, qui a permis d'éviter une recapitalisation à la jeune banque.
- La faible visibilité de l'activité de banque d'investissement de Natixis, son plus gros contributeur en termes de revenus, ne joue pas en sa faveur.
Comment suivre la valeur
- Le groupe est très sensible à l'évolution des marchés financiers (pour sa division banque d'investissement), mais également à celle de la conjoncture économique (pour son activité de banque de financement).
- Par ailleurs, en tant que valeur financière, le titre est sensible à l'évolution des taux d'intérêts.
- En raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
Les grandes banques américaines ont enregistré des performances bien meilleures qu'attendues sur le premier trimestre. Citigroup a affiché un bénéfice de 1,6 milliard de dollars. Même constat pour Wells Fargo (3 milliards de dollars), Goldman Sachs (1,8 milliard) ou JPMorgan Chase (2,14 milliards). Plusieurs éléments ont contribué à redresser leur situation. A l'aide massive des pouvoirs publics américains s'est ajoutée la baisse des taux menée par la Réserve fédérale, qui a permis aux banques de reconstituer leurs marges. De plus, les établissements ont mené des plans de réductions de leurs coûts, à travers des baisses d'effectifs. Ainsi, 260000 postes du secteur financier ont été supprimés en un an. Les analystes restent néanmoins prudents pour l'avenir, compte tenu de l'ampleur de la crise économique. Côté français, les résultats des grandes banques ont été décevants sur le premier trimestre 2009, à l'exception de ceux de BNP Paribas. Au Crédit Agricole, des dépréciations de 570 millions d'euros et une forte hausse du coût du risque, ont provoqué une chute de 77% du bénéfice à 202 millions d'euros. La Société Générale a enregistré des pertes de 278 millions d'euros tandis que la filiale des Caisses d'pargne et des Banques Populaires, Natixis, a affiché des pertes de 1,83 milliard d'euros sur la période.