Les valeurs liées au secteur des semi-conducteurs sont bien orientées à la Bourse de Paris. STMicroelectronics gagne ainsi 5,34% à 5,424 euros et Soitec 5,06% à 6,65 euros. Les deux sociétés bénéficient des résultats trimestriels supérieurs aux attentes du numéro un mondial du secteur, Intel, qui a en outre dévoilé des prévisions officielles. Il ne s'était pas livré à cet exercice depuis le mois de janvier. Le groupe signale ainsi aux investisseurs que la visibilité dans le secteur s'améliore.
« Les résultats du deuxième trimestre d'Intel reflètent l'amélioration des conditions régnant sur le marché des ordinateurs, avec la plus forte croissance entre le premier et le deuxième trimestre enregistrée depuis 1988 et des anticipations claires d'un second semestre plus vigoureux », a d'ailleurs souligné Paul Otellini, P-DG d'Intel.
Au deuxième trimestre, Intel a enregistré une perte nette de 398 millions de dollars contre un bénéfice de 1,6 milliard de dollars un an plus tôt. Cette perte s'explique par l'amende de 1,45 milliard de dollars infligée par la Commission européenne pour abus de position dominante. Si l'on exclut l'impact de cette amende sur les comptes, le groupe de Santa Clara (Californie) a affiché un bénéfice d'un milliard de dollars ou 18 cents par action, soit 10 cents de mieux que le consensus.
Pour le trimestre en cours, Intel vise des ventes comprises entre 8,1 et 8,9 milliards de dollars. Les analystes étaient moins optimistes et tablaient sur un chiffre d'affaires de 7,81 milliards de dollars. La marge brute est, elle, attendue à 53%, à un ou deux points près.
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Activité de la société
Le groupe STMicroelectronics a été créé en juin 1987 à la suite du regroupement de Thomson Semiconducteurs (France) et de SGS Microelettronica (Italie). En mai 1998, SGS-Thomson Microelectronics a pris le nom de STMicroelectronics. Le groupe franco-italien est l'un des premiers fabricants mondiaux de semi-conducteurs et le premier européen. Il exerce son activité dans plusieurs domaines : les télécommunications, l'électronique grand public, l'informatique ou encore l'automobile. Le groupe réalise une grande partie de ses ventes en Asie-Pacifique puis en Europe et en Amérique du Nord et enfin dans les pays émergents. Le groupe compte près de 50.000 employés, 16 unités de recherche et développement avancées, 39 centres de conception et d'applications, 15 principaux sites de production et 78 bureaux de vente dans 36 pays.
Les points forts de la valeur
- STM évolue vers un modèle d'activité dit « fab-light », qui consiste à ne pas détenir en propre ses capacités de production. Le groupe devrait ainsi améliorer ses marges.
- Avec un portefeuille de produits " différenciés ", STMicroelectronics a noué des partenariats stratégiques avec ses principaux clients, notamment dans le secteur des télécommunications et de l'électronique grand public.
- La structure financière de ST Microelectronics est saine.
- Le groupe a annoncé la création d'une entreprise commune avec Intel dans les mémoires flash, baptisée Numonyx. La cession de la division mémoires flash permettra au groupe de s'alléger d'un fardeau, cette activité affichant de faibles marges et étant fortement consommatrice de capitaux.
Les points faibles de la valeur
- STM évolue dans un secteur extrêmement concurrentiel et fortement cyclique qui alterne phases de surcapacités et de sous-capacités.
- Le groupe réalise une part importante de son chiffre d'affaires avec Nokia, ce qui lui confère une importante exposition à la santé du fabricant finlandais de téléphones mobiles.
- le groupe présente une structure de coûts plus rigide que celle de ses concurrents.
- Si le groupe publie ses comptes dans la devise américaine, une grande partie de ses coûts reste libellée en euros. Le groupe met toutefois en place une politique de change qui le protège partiellement des fluctuations à la hausse comme à la baisse.
Comment suivre la valeur
- Le niveau d'activité des fabricants de semi-conducteurs est bien évidemment lié à l'évolution des principaux débouchés du secteur (informatique, téléphonie mobile, électronique grand public, électronique embarquée, ou encore la domotique). Ainsi, le secteur est fortement cyclique, c'est-à-dire qu'il varie en fonction de la conjoncture et, plus particulièrement, en fonction du marché des équipements électriques et électroniques.
- Parallèlement, le niveau des stocks mondiaux de semi-conducteurs est un bon indicateur de tendance. En général, plus il est élevé, plus la demande est faible, et plus les capacités de production sont excédentaires, donc peu rentables.
- Certains analystes considèrent que le marché des semi-conducteurs est désormais un marché mature, qui ne devrait plus afficher des taux de croissance supérieurs à 15 %. On peut s'attendre à voir se former à l'avenir des alliances entre les différents acteurs du secteur.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Electronique
Certains experts estiment que le marché de l'électronique mondial devrait particulièrement souffrir en 2009. Le chiffre d'affaires de cette industrie, qui s'élevait environ à 1140 milliards d'euros en 2008, devrait chuter de près de 7% cette année. Toutefois le secteur devrait se redresser dès 2010 (avec une hausse de 1,6%). Les perspectives sont bien meilleures pour le secteur de l'électronique grand public mondial. GfK anticipe une croissance de 4% de ce marché pour 2009. Cette progression serait réalisée grâce à la forte contribution des pays Bric (Brésil, Russie, Inde et Chine), qui représentent désormais le quart des ventes mondiales d'électronique grand public. En France, les plans sociaux se multiplient dans l'industrie électronique. Selon les données du ministère de l'emploi, les groupes d'équipements et de composants électriques ou électroniques ont supprimé 7100 postes en France en 2008, ramenant les effectifs de la filière à 382000 salariés. Entre 2001 et aujourd'hui, les suppressions se sont élevées à 76000 emplois, soit 17% de l'effectif total.
=/Semi-conducteurs/=
Le recul du secteur mondial en 2009 sera bien plus marqué qu'en 2008, avec une chute des ventes de 24,1 % d'après GfK. Les prévisions de la Semiconductor industry association (SIA) sont similaires avec une baisse anticipée de 21,3 % cette année. Le Japon et l'Europe seront les plus affectés, avec un recul d'activité supérieur à 26%, du fait d'une demande en berne mais aussi de délocalisations de la production vers des pays à plus faibles coûts de main d'oeuvre. Les acteurs japonais doivent également affronter l'appréciation du yen face au dollar et à l'euro. Par contre, l'activité dans la zone Asie-Pacifique, notamment en Chine, résistera bien et se développera. La SIA prévoit que l'activité devrait rebondir l'année prochaine avec une croissance de 6,5%. Pour 2011, la progression devrait être similaire. Pour mieux affronter la détérioration de leur environnement, les acteurs choisissent de s'unir. Selon les analystes, cette tendance devrait perdurer. Le rapprochement entre les fabricants japonais NEC et Renesas souligne cette tendance, de même que l'offre d'achat du fabricant américain Broadcom sur Emulex, société spécialisée dans les produits de réseau et de stockage.