Le groupe irlandais CRH, deuxième fabricant de matériaux de construction mondial, bondit de 7,68% à 16,33 euros à la Bourse de Dublin à la faveur d'un vaste programme de réduction des coûts. Frappé de plein fouet par la crise, CRH compte sur ces mesures et le plan massif de relance américain pour améliorer ses performances financières après un premier semestre catastrophique. Le groupe a prévenu qu'il redoutait une chute de son bénéfice semestriel à 100 millions d'euros, contre 600 millions un an plus tôt. Les analystes tablaient en moyenne sur 245 millions d'euros.
CRH a annoncé son intention d'économiser 555 millions d'euros par an supplémentaires en 2009 et 2010. En janvier dernier, le premier producteur d'asphalte aux Etats-Unis avait déjà annoncé la réduction de 895 millions d'euros.
"Cette réduction est bienvenue et devrait aider le groupe à lutter contre l'érosion des marges alors que les volumes continuent de décliner dans la plupart de ces marchés", a commenté un analyste de Davy Stockbrokers cité par Bloomberg.
CRH espère que le repli de ses bénéfices devrait s'atténuer au cours du deuxième semestre avec les premiers effets de ce plan d'économie et la relance massive de 787 milliards de dollars mise en oeuvre par Barack Obama.
"Malgré quelques dégradations de brokers avant cette publication, cela reste une mauvaise surprise significative", a estimé un analyste de Collins Stewart dans une note adressée à ses clients. "CRH est une société très bien considérée et le marché a tendance à prendre ses avertissements avec légèreté", a-t-il ajouté.
(P-J.L)
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LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - Matériaux
Selon Moody's la crise de l'immobilier devrait générer une baisse de la demande mondiale de ciment entre 5% et 10%, en 2009. Cette tendance inciterait les entreprises à se livrer à une guerre des prix. Comme le souligne l'agence de notation, certains acteurs souffrent d'un endettement trop conséquent du fait d'acquisitions. Ainsi Lafarge, qui a racheté Orascom, supporte une dette nette représentant 1,15 fois ses fonds propres. Face à une situation financière très tendue, il est devenu urgent pour certains groupes d'être recapitalisés. Saint-Gobain et Lafarge ont décidé de lever chacun 1,5 milliard d'euros en Bourse. A cela s'ajoute une politique de réduction des coûts : aux 400 millions de réductions de coûts dégagées l'an passé, Saint-Gobain va ajouter 600 millions d'euros. Lafarge prévoit, lui, 200 millions d'économies en 2009, contre 120 millions prévus initialement dans le cadre du programme Excellence 2008. Aucune acquisition n'aura lieu en 2009, pour Saint-Gobain, alors que Lafarge va réduire de 40% ses investissements.