Le constructeur automobile américain General Motors devrait être fixé sur son sort dans les tout prochains jours, les audiences consacrées au volet principal de son plan de restructuration s'étant terminées jeudi au tribunal des faillites de New York.
Le juge Robert Gerber a ajourné la séance vers 16H00 (20H00 GMT) après trois jours consacrés à l'examen d'une motion essentielle à la sortie du groupe du redressement judiciaire: la vente de ses meilleurs actifs à une nouvelle structure controlée par les gouvernements américain et canadien.
Après avoir entendu depuis mardi témoins et plaidoiries, balayé plusieurs centaines d'objections, le juge new-yorkais s'est retiré pour délibérer, mais il doit encore recevoir des requêtes finales écrites.
Le juge n'a pas précisé quand il rendrait publique sa décision, ni de quelle manière.
De source proche du dossier, on estimait qu'une décision pourrait intervenir dès ce week-end, alors que plusieurs avocats ont prévu de remettre leur copie entre vendredi et samedi.
En dépôt de bilan depuis le 1er juin, le "nouveau" GM qui doit émerger du processus judiciaire sera détenu à 60,8% par l'Etat américain, 11,7% par l'Etat canadien et 17,5% par le syndicat automobile américain UAW.
Les créanciers doivent recevoir les 10% restants en échange de l'annulation de 27 milliards de dollars de dette.
Les actifs non repris du "vieux" GM auront vocation à être liquidés par la justice, un processus qui devrait prendre quelques années.
Un aval de la justice pourrait permettre au nouveau GM de débuter ses activités dès la mi-juillet, selon le scénario le plus optimiste. Le groupe aurait alors fait un passage éclair de 45 jours sous administration judiciaire.
Une rapidité qui fait écho au "précédent" Chrysler, dont le redressement était aussi appuyé par la Maison Blanche. Ce concurrent trois fois plus petit que GM n'a eu besoin que de 40 jours pour échapper à la tutelle de la justice.
Reste que les possibles appels des innombrables mécontents du plan GM - plus de 850 objections ont été déposées - risquent de retarder le processus.
Le risque d'enlisement a été présenté comme une menace sérieuse pour la survie pure et simple du groupe. Les défenseurs du plan de restructuration n'ont eu de cesse de rappeler devant le juge Gerber que Washington avait fixé une date limite au 10 juillet pour boucler le processus.
Plusieurs centaines d'avocats et d'investisseurs individuels sont venus au tribunal contester des modalités du plan: détenteurs d'obligations GM, syndicats minoritaires, concessionnaires, associations de consommateurs...
Ces mécontents ont alimenté des heures de débats sous la houlette du juge Gerber, qui en a retoqué avec agacement, leur reprochant de doublonner ou d'être hors sujet.
Le projet de vente est critiqué pour être biaisé par l'implication de Washington et pour être expéditif, avec des sacrifices arbitraires.
Les représentant de l'Etat ont défendu une aide fédérale "de bonne foi" mais non acquise, rappelant la possibilité d'un retrait des financements si la vente n'était pas conclue d'ici le 10 juillet.
"Il n'est pas crédible de penser que la Maison blanche dise demain +nous laissons tomber GM puisque nous sommes face à une impasse en tribunal+", a lancé Michael Richman, représentant des créanciers minoritaires.
"Les conséquences de parier sur un +bluff+ des autorités seraient irréversibles", a averti l'avocat de GM, Harvey Miller, qui a dit "ne pas avoir entendu Washington" évoquer une extension de l'échéance du 10 juillet.
Il n'y a pas d'autre créancier prêt à injecter 60 milliards de dollars comme l'ont fait les gouvernements des Etats-Unis et du Canada depuis décembre, a-t-il martelé. Et d'ajouter: "Qui va assurer le financement (de l'entreprise) pendant que tout le monde s'amuse en tribunal?".
Une liquidation de GM aurait des "risques systémiques" ont insisté les défenseurs du plan, en évoquant la mise en péril de centaines de milliers d'emplois en Amérique du nord.