Dans un feuilleton digne de la série Dallas, la tension est encore montée d'un cran lundi dans la guerre qui oppose les milliardaires propriétaires de Porsche sur l'avenir du constructeur de voitures de luxe et de sa filiale Volkswagen.
Porsche a rejeté l'offre de Volkswagen, révélée ce week-end, qui proposait d'acheter 49,9% des activités automobiles de son premier actionnaire et de fusionner à terme les deux groupes.
"Il y a une offre de Volkswagen. Pour nous, ce n'est pas un chemin praticable", a indiqué à l'AFP un porte-parole de Porsche. Dans ce cas de figure, le crédit de 10,75 milliards d'euros récemment accordé par un consortium de banques arriverait "tout de suite" à échéance, a-t-il argumenté.
Joint par l'AFP, un porte-parole de Volkswagen (VW) n'a pas souhaité faire de commentaires.
"Nous devons décider maintenant si chacun suit son propre chemin ou s'il s'agit d'un chemin commun", a de son côté insisté Christian Wulff, chef du gouvernement de l'Etat régional de Basse-Saxe (nord), deuxième actionnaire (20%) de VW derrière Porsche (51%) et favorable à une fusion.
Depuis des semaines, les familles Porsche et Piëch, héritières du constructeur de voitures de sport, ne cessent de se déchirer sur fond d'urgence financière.
Les deux cousins germains, Ferdinand Piëch -proche de Volkswagen dont il est président du conseil de surveillance- et Wolfgang Porsche --qui occupe les mêmes fonctions chez Porsche-, s'opposent sur la façon de sauver Porsche, lourdement endetté après l'achat de 51% de Volkswagen.
M. Piëch préfère une fusion avec VW quand son cousin soutient toujours le très contesté patron de Porsche, Wendelin Wiedeking, qui veut sauvegarder l'indépendance de Porsche et, dans le même temps, son poste.
Parallèlement, Porsche a entamé des négociations avec le Qatar. Celles-ci sont "dans la dernière ligne droite", mais "aucune décision n'a encore été prise" sur la manière dont le Qatar va investir, a indiqué le porte-parole de Porsche.
Trois possibilités sont encore sur la table, selon lui : une participation du Qatar dans Porsche, l'achat des options sur des actions VW que détient Porsche, "ou bien les deux". Ce dernier cas de figure aurait la préférence de l'émirat.
Mais "le Qatar va être réticent à acheter une part de Porsche avant un accord général sur la perspective à moyen terme avec VW", estime Sal Oppenheim dans une note.
Difficile de toute façon de se repérer dans ce qui devient "une farce" selon l'analyste d'IHS Global Insight, Tim Urquhart.
Ainsi, l'offre révélée ce week-end par voie de presse émane de Volkswagen, mais celui-ci ne confirme pas, démentant simplement qu'il ait fixé un ultimatum à Porsche pour lundi.
Du côté de Porsche, l'offre est confirmée mais si elle a bien été envoyée à Wolfgang Porsche, auteur samedi d'un communiqué de presse assassin sur le supposé ultimatum, elle n'a pas été transmise au directoire de Porsche, affirme un porte-parole du groupe.
"Beaucoup de mal est fait à la réputation de Porsche et de VW", juge M. Urquhart, estimant que les "deux parties" devraient cesser de "distiller leurs griefs en public" et mettre "leurs egos de côté".
Un voeu pieu jusque-là, comme en témoigne la virulence de certaines déclarations.
Ainsi, l'ancien boxeur Uwe Hück, chef du comité d'entreprise de Porsche, a soutenu dans la presse sa direction et accusé M. Piëch de refuser de puiser dans sa fortune personnelle pour sauver Porsche, préférant "avec Wulff et les chefs de VW, piller le patrimoine de VW pour désendetter Porsche".
Dans la matinée, M. Wulff, "un peu irrité", a demandé aux groupes de s'occuper de leur future stratégie, "et non de faire une copie de Dallas et Dynastie", une allusion aux célèbres séries télévisées américaines.