Sanofi-Aventis plonge de 6,39% à 41,85 euros pénalisé par une série de mauvaises nouvelles. Morgan Stanley a retiré le titre de sa liste des valeurs préférées et abaissé sa recommandation de Surpondérer à Pondérer en ligne avec un objectif de cours réduit de 58 à 48 euros. Le broker s'alarme la montée des inquiétudes entourant le risque de cancer de son médicament contre le diabète, le Lantus, après la publication d'une étude d'UBS mercredi à ce sujet.
"Même si le risque accru de cancer lié au Lantus était dissipé, l'attention des médias sur ce sujet va probablement pénaliser le profil de croissance du titre de manière dramatique", explique le bureau d'études.
Pour Oddo aussi, "cette polémique pèsera sur le titre dans les prochaines semaines". Mais, "tant que cette polémique restera cantonnée au monde financier, elle n'a que très peu de chance d'affecter le chiffre d'affaires de Lantus". Le broker pense donc "qu'il est urgent d'attendre avant de tirer des conclusions hâtives".
En l'absence de preuves ou de d'éléments solides en défaveur de Lantus, Oddo ne modifie pas ses prévisions à ce stade et il maintient sa recommandation Achat et son objectif de cours de 55 euros.
Credit Suisse partage ce point de vue. Dans la mesure où ses enquêtes à ce sujet n'ont donné aucun résultat, le courtier a décidé pour le moment de réitérer son opinion de Surperformance et son objectif de cours de 50 euros.
Plus prudent, JP Morgan a dégradé la valeur de Surpondérer à Neutre avec un objectif de cours abaissé de 52 à 44 euros.
A cette polémique, s'est ajoutée l'annonce de la fin du Di-Antalvic. Hier soir, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a annoncé le retrait progressif du célèbre antalgique du marché français. Cette décision a été prise à la suite d'un avis de l'Agence européenne du médicament, estimant que le bénéfice du produit, qui a représenté pour Sanofi 9 millions d'euros de ventes l'an dernier, était insuffisant par rapport au risque de décès en cas de surdosage.
Dans ce climat fébrile, les investisseurs n'ont pas prêté attention à l'annonce par Sanofi du début de la production à grande échelle de son vaccin contre la grippe A (H1N1) dans ses infrastructures aux Etats-Unis et en France.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Numéro quatre mondial de la pharmacie, derrière Pfizer, GlaxoSmithKline, et Novartis, Sanofi-Aventis est né du rapprochement du français Sanofi-Synthelabo et du franco-allemand Aventis en 2004. Fort de près de 100 000 collaborateurs dans le monde, le groupe réalise un chiffre d'affaires consolidé de 27 milliards d'euros. Il développe 7 axes thérapeutiques majeurs : cardiovasculaire, thrombose, cancer, diabète, système nerveux central, médecine interne et vaccins.
Les points forts de la valeur
- Le groupe possède 8 médicaments qui réalisent plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires (blockbusters).
- Le portefeuille de produits en développement est important.
- Sanofi a gagné le procès Plavix aux Etats-Unis. La protection du brevet est maintenue aux Etats-Unis jusqu'en novembre 2011.
- Le directeur général, Gérard Le Fur, dont le mandant courait en principe jusqu'en 2010 a été débarqué au profit de Chris Viehbacher, venu de GlaxoSmithKline, qui met en oeuvre une stratégie de "long terme".
- Sanofi-Aventis a acquis le fabricant de génériques tchèque Zentiva. Le rachat de Zentiva devrait permettre à Sanofi-Aventis de se renforcer sur le marché des génériques et d'augmenter sa présence dans les pays émergents d'Europe de l'Est à fort potentiel de croissance.
Les points faibles de la valeur
- Comme les autres valeurs du secteur, Sanofi est affecté par le durcissement des politiques de santé qui pèse sur les ventes de médicaments comme en France ou en Allemagne.
- Sanofi a abandonné complètement sa pilule anti-obésité Acomplia (rimonabant) en raison des effets secondaires psychiatriques du produit. L'enjeu financier autour de l'Acomplia était d'importance pour Sanofi-Aventis puisque le groupe attendait du rimonabant un chiffre d'affaires annuel pouvant aller jusqu'à 3 milliards d'euros.
Comment suivre la valeur
- D'une manière générale, les valeurs pharmaceutiques résistent en période de crise, et affichent à long terme des croissances soutenues (seulement 20% de la population mondiale a un accès normal aux médicaments, nombre de maladies ne sont pas encore traitées, et l'espérance de vie s'allonge rapidement).
- En outre, les valeurs pharmaceutiques sont sensibles aux évolutions réglementaires et aux décisions des autorités sanitaires (comme la FDA aux Etats-Unis). Plus particulièrement, il faut être attentif au chiffre d'affaires généré par chacun de ses produits et à la durée de vie de leurs brevets, et suivre les résultats des études cliniques pour identifier les médicaments à fort potentiel.
- Enfin, le titre présente un intérêt spéculatif, dans la mesure où le pacte d'actionnaires liant L'Oréal (10,5 % du capital) et Total (12,13 % du capital) est arrivé à échéance fin 2004. La cession des parts d'un de ces actionnaires de référence pourrait aussi provoquer un afflux de titres sur le marché.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pharmacie - Santé
Avec l'expiration des brevets de médicaments vedettes comme le Lipitor de Pfizer ou l'Effexor de Wyeth, le secteur devrait subir la disparition de 100 milliards de dollars de chiffre d'affaires au niveau mondial d'ici à cinq ans. Pour faire face à ce phénomène, trois grosses opérations (de plus de 40 milliards de dollars chacune) ont été récemment annoncées : la première concerne l'acquisition par le suisse Roche de la totalité du capital de sa filiale Genentech, deuxième groupe américain des biotechnologies. La seconde est relative au rachat de Wyeth, fabricant de l'Advil, par l'américain Pfizer. Enfin la dernière porte sur l'absorption de Schering-Plough par Merck. Pour tous les acquéreurs l'objectif est de consolider leur portefeuille de médicaments. Ces rachats soulignent également l'intérêt croissant pour les biotechnologies et la diversification visée par les groupes dans ce domaine. D'autres opérations devraient voir le jour en considérant notamment la crainte des acteurs face à la réforme du système de santé prônée par le nouveau président américain Barack Obama.