Lufthansa s'est rapprochée lundi du titre de première compagnie aérienne européenne avec le rachat annoncé de la britannique BMI, aux précieux accès sur Londres, et le feu vert de Bruxelles à la prise de contrôle de Brussels Airlines.
Grâce à British Midland (BMI) et ses quelque 11% des droits de décollage et d'atterrissage de Londres Heathrow, le groupe allemand détiendra environ 15% de la totalité des droits du premier aéroport européen, derrière British Airways, a précisé à l'AFP une porte-parole de Lufthansa.
La compagnie allemande, qui possédait déjà 30% de BMI, va monter à 80% au terme d'une transaction complexe et par étapes, lancée au 1er juillet. Outre ses créneaux à Heathrow, BMI est également très présente sur les vols transatlantiques.
Lufthansa a fait coup double lundi: elle a aussi obtenu le feu vert de la Commission européenne sur sa prise de contrôle de Brussels Airlines, renforçant son poids depuis l'aéroport de Bruxelles.
Et elle attend toujours l'aval des autorités européennes de la concurrence sur son rachat d'Austrian Airlines (AUA), qui lui ouvrira un boulevard vers l'Europe centrale et orientale.
Si les acquisitions de Brussels Airlines et d'AUA s'inscrivaient clairement dans la stratégie d'expansion du groupe pour devenir le numéro un européen du secteur aérien devant Air France-KLM, la prise de contrôle de BMI est l'issue d'un scénario plutôt accidentel.
L'affaire BMI avait fait irruption en octobre dernier, lorsque le grand actionnaire de la compagnie britannique, Michael Bishop, avait jugé opportun d'activer une OPTION de vente (put) de ses parts à Lufthansa, soit 50% plus une action, selon un accord remontant à 1999.
Cependant le ton était monté entre Lufthansa et M. Bishop ces dernières semaines. Les termes originaux du contrat prévoyaient la cession de BMI pour 400 millions d'euros selon la presse, un montant non confirmé mais non démenti par une porte-parole de Lufthansa interrogée par l'AFP.
Une dépense élevée pour prendre le contrôle d'une entreprise fragilisée: à la fois victime du recul de la demande du trafic aérien et de la hausse des prix du pétrole, BMI a accusé une perte record de 114 millions d'euros l'an dernier.
M. Bishop a porté le différend en justice fin mai. Lufthansa assurait que des conditions pour le rachat n'étaient "pas remplies". "Le prix et l'évolution de la situation de BMI était un élément clé du conflit", selon une source proche du dossier interrogée par l'AFP.
Finalement, M. Bishop a accepté de renoncer à exercer son option de vente moyennant environ 208 millions d'euros d'indemnités de la part de Lufthansa.
Ses parts seront acquises au 1er juillet pour environ 57 millions d'euros par une holding de droit britannique spécialement créée à cet effet, LHBD, dont Lufthansa prendra d'abord 35%.
Les 65% restants de LHBD reviennent à une "société britannique" qui devra par la suite les revendre à Lufthansa. Son identité sera dévoilée une fois que l'accord sera finalisé. "Il ne s'agit ni de M. Bishop ni d'un futur partenaire stratégique", a assuré la porte-parole.
Lufthansa devait trouver un repreneur de droit britannique pour s'assurer que BMI conserve ses licences d'exploitation et de droits d'aéroport, a-t-elle expliqué.
Quant à la Commission européenne, elle a déjà donné son feu vert à l'acquisition de BMI le mois dernier.