Sanofi-Aventis progresse de 0,34% à 48,065 euros malgré la décision défavorable sur l'Eloxatine formulée par la justice américaine. Dans une note adressée à ses clients, Crédit Suisse reconnaît que la décision du tribunal du New Jersey de statuer contre le groupe dans le litige l'opposant à certaines sociétés de génériques concernant son traitement anticancéreux aux Etats-Unis est "clairement une déception". Toutefois, invoquant les perspectives sur les marchés émergents et le succès annoncé du Multaq (contre l'arythmie cardiaque), le broker a renouvelé son opinion positive sur le titre.
Credit Suisse a en effet réitéré son opinion de Surperformance et son objectif de cours de 50 euros sur Sanofi-Aventis. Cependant, le broker a réduit ses estimations de bénéfice par action 2009 et 2010 de 2% et 3%. Il tablait auparavant sur le lancement d'un générique de l'Eloxatine aux Etats-Unis en septembre 2010.
Le produit engendre un chiffre d'affaires de 1,4 milliard de dollars et une marge élevée, a souligné le bureau d'études. Mais il ne se dit pas surpris par le fait que Sanofi ne modifie pas ses prévisions dans la mesure où le groupe n'avait pas relevé ces dernières malgré la hausse des ventes des vaccins contre la grippe porcine.
Après la récente bonne progression de l'action, l'analyste redoute un repli de 2% à 3% du titre tout en restant positif sur la valeur. En effet, Sanofi dispose de deux catalyseurs potentiels de hausse à court terme : le séminaire sur les marchés émergents le 2 juillet et l'approbation par la FDA du Multaq, son traitement contre l'arythmie cardiaque, au troisième trimestre 2009.
Après une année 2008 noire, marquée par l'abandon de l'Acomplia et le départ de son directeur général Gérard Le Fur, l'année 2009 apparaît comme celle de la reconquête pour Sanofi. Flanqué d'un nouveau management apprécié des analystes, le groupe affiche désormais une hausse de 18%, soit légèrement supérieure à celle enregistrée par le CAC 40 (+16%).
En début de semaine, Kepler a d'ailleurs entamé sa couverture de Sanofi-Aventis avec une recommandation d'Achat et un objectif de cours de 62 euros. Selon le broker, le groupe réunit tous les ingrédients d'un cas parfait de retournement (valorisation faible, nouveau management proactif, bonnes nouvelles à attendre dans le pipeline et amélioration de la productivité de la R&D).
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Numéro quatre mondial de la pharmacie, derrière Pfizer, GlaxoSmithKline, et Novartis, Sanofi-Aventis est né du rapprochement du français Sanofi-Synthelabo et du franco-allemand Aventis en 2004. Fort de près de 100 000 collaborateurs dans le monde, le groupe réalise un chiffre d'affaires consolidé de 27 milliards d'euros. Il développe 7 axes thérapeutiques majeurs : cardiovasculaire, thrombose, cancer, diabète, système nerveux central, médecine interne et vaccins.
Les points forts de la valeur
- Le groupe possède 8 médicaments qui réalisent plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires (blockbusters).
- Le portefeuille de produits en développement est important.
- Sanofi a gagné le procès Plavix aux Etats-Unis. La protection du brevet est maintenue aux Etats-Unis jusqu'en novembre 2011.
- Le directeur général, Gérard Le Fur, dont le mandant courait en principe jusqu'en 2010 a été débarqué au profit de Chris Viehbacher, venu de GlaxoSmithKline, qui met en oeuvre une stratégie de "long terme".
- Sanofi-Aventis a acquis le fabricant de génériques tchèque Zentiva. Le rachat de Zentiva devrait permettre à Sanofi-Aventis de se renforcer sur le marché des génériques et d'augmenter sa présence dans les pays émergents d'Europe de l'Est à fort potentiel de croissance.
Les points faibles de la valeur
- Comme les autres valeurs du secteur, Sanofi est affecté par le durcissement des politiques de santé qui pèse sur les ventes de médicaments comme en France ou en Allemagne.
- Sanofi a abandonné complètement sa pilule anti-obésité Acomplia (rimonabant) en raison des effets secondaires psychiatriques du produit. L'enjeu financier autour de l'Acomplia était d'importance pour Sanofi-Aventis puisque le groupe attendait du rimonabant un chiffre d'affaires annuel pouvant aller jusqu'à 3 milliards d'euros.
Comment suivre la valeur
- D'une manière générale, les valeurs pharmaceutiques résistent en période de crise, et affichent à long terme des croissances soutenues (seulement 20% de la population mondiale a un accès normal aux médicaments, nombre de maladies ne sont pas encore traitées, et l'espérance de vie s'allonge rapidement).
- En outre, les valeurs pharmaceutiques sont sensibles aux évolutions réglementaires et aux décisions des autorités sanitaires (comme la FDA aux Etats-Unis). Plus particulièrement, il faut être attentif au chiffre d'affaires généré par chacun de ses produits et à la durée de vie de leurs brevets, et suivre les résultats des études cliniques pour identifier les médicaments à fort potentiel.
- Enfin, le titre présente un intérêt spéculatif, dans la mesure où le pacte d'actionnaires liant L'Oréal (10,5 % du capital) et Total (12,13 % du capital) est arrivé à échéance fin 2004. La cession des parts d'un de ces actionnaires de référence pourrait aussi provoquer un afflux de titres sur le marché.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pharmacie - Santé
Avec l'expiration des brevets de médicaments vedettes comme le Lipitor de Pfizer ou l'Effexor de Wyeth, le secteur devrait subir la disparition de 100 milliards de dollars de chiffre d'affaires au niveau mondial d'ici à cinq ans. Pour faire face à ce phénomène, trois grosses opérations (de plus de 40 milliards de dollars chacune) ont été récemment annoncées : la première concerne l'acquisition par le suisse Roche de la totalité du capital de sa filiale Genentech, deuxième groupe américain des biotechnologies. La seconde est relative au rachat de Wyeth, fabricant de l'Advil, par l'américain Pfizer. Enfin la dernière porte sur l'absorption de Schering-Plough par Merck. Pour tous les acquéreurs l'objectif est de consolider leur portefeuille de médicaments. Ces rachats soulignent également l'intérêt croissant pour les biotechnologies et la diversification visée par les groupes dans ce domaine. D'autres opérations devraient voir le jour en considérant notamment la crainte des acteurs face à la réforme du système de santé prônée par le nouveau président américain Barack Obama.