Les jours se suivent et se ressemblent pour l'industrie européenne et plus particulièrement dans le secteur des matériaux de construction. Après Saint-Gobain, c'est au tour du cimentier allemand HeidelbergCement de boucler un accord de refinancement. Fragilisé par la crise, le groupe détenu par le milliardaire allemand Ludwig Merckle est parvenu à refinancer 8,7 milliards d'euros de dettes auprès d'une cinquante d'établissements différents. A la Bourse de Francfort, les investisseurs sont rassurés par la nouvelle : le titre flambe de plus de 17% à 31,05 euros, au plus haut depuis 3 mois.
La nouvelle syndication de 8,7 milliards d'euros (12,1 milliards de dollars) court jusqu'au 15 décembre 2011, a déclaré le groupe dans un communiqué.
HeidelbergCement est alourdi par une dette de 12 milliards de dollars liée au rachat de son concurrent britannique Hanson en 2007. "Avec le refinancement réussi de notre dette bancaire, nous avons assuré notre structure de financement qui, combinée à une trésorerie suffisante, nous apportera une base stable permettrant d'affronter un ENVIRONNEMENT économique extrêmement difficile", a commenté le groupe.
Désormais, le cimentier va poursuivre son programme de cessions d'actifs non-stratégiques. Surtout, il évite la faillite. En effet, les termes fixés par les créanciers étaient de plus en plus difficiles à tenir. En cas de refus du plan de refinancement, les banques auraient pu demander à être payées, ce qui aurait abouti à la mise en cessation de paiement du quatrième cimentier mondial.
La société, dont seulement 5% % du capital est détenu par le public, est dirigée par Ludwig Merckle depuis la mort brutale de son père Adolf Merckle. Ce dernier s'est jeté en janvier dernier sous un train après avoir perdu le gros de sa fortune en Bourse.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - Matériaux
Selon Moody's la crise de l'immobilier devrait générer une baisse de la demande mondiale de ciment entre 5% et 10%, en 2009. Cette tendance inciterait les entreprises à se livrer à une guerre des prix. Comme le souligne l'agence de notation, certains acteurs souffrent d'un endettement trop conséquent du fait d'acquisitions. Ainsi Lafarge, qui a racheté Orascom, supporte une dette nette représentant 1,15 fois ses fonds propres. Face à une situation financière très tendue, il est devenu urgent pour certains groupes d'être recapitalisés. Saint-Gobain et Lafarge ont décidé de lever chacun 1,5 milliard d'euros en Bourse. A cela s'ajoute une politique de réduction des coûts : aux 400 millions de réductions de coûts dégagées l'an passé, Saint-Gobain va ajouter 600 millions d'euros. Lafarge prévoit, lui, 200 millions d'économies en 2009, contre 120 millions prévus initialement dans le cadre du programme Excellence 2008. Aucune acquisition n'aura lieu en 2009, pour Saint-Gobain, alors que Lafarge va réduire de 40% ses investissements.