Moins d'une semaine après la cession de Fiat à Chrysler, les grandes manoeuvres se poursuivent dans le secteur automobile. General Motors Europe a en effet annoncé la signature d'un accord préliminaire pour la cession de sa filiale Saab au constructeur suédois Koenigsegg. Ce désengagement semble fortement apprécié par le marché, puisqu'il permettait au titre GM de s'envoler de 19,51% à 0,98 dollars dans l'après-midi. Lourdement déficitaire, Saab avait été mis en redressement judiciaire afin d'échapper à la faillite en février dernier.
Les ventes en volume de la firme suédoise acquise par le groupe américain il y a une vingtaine d'années ont plongé de 65% sur un an en mai.
La transaction devrait être conclue d'ici la fin du troisième trimestre, pour un montant qui n'a pas été dévoilé. L'accord inclut un engagement de financement de 600 millions de dollars de la Banque européenne d'investissement (BEI) garanti par le gouvernement suédois, a précisé General Motors.
Cette vente représente « la meilleure chance pour Saab de devenir une compagnie plus forte », a estimé le président de GM Europe, Carl-Peter Forster, cité dans un communiqué.
Le choix du repreneur laisse pourtant les analystes sceptiques. Fondée en 1994, Koenigsegg Automotive est une pme confidentielle qui emploie 45 personnes. Ce spécialiste des voitures de sport très haut de gamme fabrique seulement une vingtaine de véhicules par an, vendus plus d'un million de dollars chacun. "Il n'y a pas d'économies d'échelle entre Saab et Koenisegg", a souligné Mikael Wickelgren, expert automobile basé en Suède, cité par Reuters. Selon ce spécialiste, Koenigsegg pourrait tenter de redresser Saab en lui donnant un profil très spécialisé.
M-L.H.
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Automobiles - Constructeurs
Selon l'Association des constructeurs automobiles européens (Acea), le marché européen devrait fléchir de 15% à 20% cette année, entraînant la suppression de 150000 à 200000 postes. La crise incite les ménages à repousser leur achat de voiture. Les banques ont également durci leurs conditions d'octroi de crédits, ce qui pèse sur les ventes à travers les propres filiales financières des constructeurs. Certains spécialistes estiment que la crise ne fait que souligner les problèmes structurels du secteur, marqué par une inadéquation entre les besoins des clients et l'offre des constructeurs. Ceux-ci proposent des voitures trop puissantes, donc consommant trop d'essence, ou trop chères. Les considérations écologiques se développent et les véhicules électriques sont l'objet de toutes les attentions. Renault et Nissan vont consacrer 600 millions d'euros sur la période 2008-2010 dans ce domaine.