Avec une progression de 2,81% à 5,82 euros, Dexia figure parmi les plus fortes hausses du CAC 40. La banque franco-belge a annoncé ce matin que les principales conditions pour la vente de FSA étaient remplies. Dexia devrait donc bientôt céder sa filiale américaine de rehaussement de crédit à l'américain Assured Guaranty. La transaction devrait être bouclée le 1er juillet prochain. Dans un communiqué, Dexia précise qu'elle devrait percevoir 361 millions de dollars (256 millions d'euros environ) en numéraire et 44 567 000 actions du groupe américain.
La confirmation de cette cession, qui marque la fin de l'aventure américaine de Dexia, est une véritable bouffée d'air frais pour le marché. En effet, FSA était largement considérée comme le point faible de l'établissement.
A l'été 2007, Dexia avait tenté de rassurer sur son exposition à la crise des subprimes, déclarant qu'elle était correctement couverte et qu'elle ne connaîtrait pas de perte. La désillusion ne se fait pas attendre : en octobre, la banque franco-belge indique que FSA a connu une perte nette trimestrielle de 121,8 millions de dollars.
Un an plus tard, Dexia décide d'entamer un recentrage de sa filiale américaine sur ses activités d'assurance. En août 2008, FSA doit abandonner le segment des ABS ( titres associés à des créances), après de nouvelles pertes abyssales liées à la crise des subprimes. Coût de l'opération : 300 millions de dollars.
Au mois de novembre dernier, la banque franco-belge indique avoir perdu 1,544 milliard d'euros au troisième trimestre, et annonce la cession de FSA, dont la perte nette s'est élevée à 460 millions sur cette période.
Sur l'ensemble de l'année 2008, le poids de FSA s'est fait pleinement sentir dans les comptes de Dexia : les pertes de la filiale américaine représentent 3,139 milliards d'euros pour une perte totale de 5,868 milliards pour Dexia.
Au moment de l'annonce de la cession de FSA, le cours de la banque était tombé à moins de 5 euros, contre une valorisation proche des 25 euros à l'été 2007.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Dexia est né du rapprochement en 1996 des deux principaux acteurs en Europe du financement public local : le Crédit Local de France et le Crédit Communal de Belgique. Les deux institutions ainsi que la Banque internationale à Luxembourg (BIL) ont été unifiées sous l'enseigne unique Dexia en 1999. Dexia constitue une des toutes premières fusions transfrontalières dans le secteur bancaire européen et se classe parmi les quinze plus grands établissements financiers de la zone euro. La banque franco-belge, leader mondial des services financiers au secteur public local, intervient également dans les domaines des services financiers de proximité, de la gestion d'actifs, ainsi que de la trésorerie et des marchés de capitaux. En matière d'administration de fonds, RBC Dexia Investor Services a été lancé en 2006 en collaboration avec la Royal Bank of Canada et se classe parmi les dix premières banques dépositaires au monde. Dexia est également une banque de détail de premier plan en Belgique et au Luxembourg et répond aux besoins en services financiers de plusieurs millions de clients.
Les points forts de la valeur
- Le positionnement du groupe sur le secteur public local lui assure des revenus récurrents et peu risqués car peu dépendants de l'évolution des marchés financiers. Son stock de prêts donne au groupe une bonne visibilité.
Les points faibles de la valeur
- L'activité de capital market du groupe est réduite.
- La concurrence pèse sur les marges de l'activité de Banque des particuliers ainsi que dans le financement public du fait de la forte liquidité et de faible risque.
- La filiale américaine du groupe, FSA, a pâti de l'ENVIRONNEMENT instable aux Etats-Unis. Elle a enregistré près d'un milliard de dollars de pertes sur les trois derniers trimestres et a nécessité des injections de capital pour préserver la notation AAA nécessaier à son activité.
Comment suivre la valeur
- Dexia se définit lui-même comme une valeur contracyclique c'est-à-dire qui évolue dans le sens inverse des cycles économiques. Il profite ainsi des périodes difficiles par les politiques de relance de l'équipement public et le maintien de taux d'intérêts bas. En période de croissance, il résiste par les techniques d'ingénierie financière proposées aux collectivités.
- Il faut surveiller la politique de développement du groupe à l'international. Dexia affiche notamment des ambitions au Mexique, au Canada ou encore au Japon dans le domaine du financement public. Le groupe est également intéressé par l'Europe de l'Est.
- En raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
Selon le BCG, la crise va amener les banques à profondément changer leur modèle. Il deviendra nécessaire pour elles de se concentrer sur leurs clients, et non plus sur leurs produits. Les changements devraient notamment porter sur la taille de leur portefeuille d'activités, leur modèle de gouvernance, leur stratégie opérationnelle. En France, la fusion entre les Caisses d'Epargne et les Banques Populaires, les deux maisons mères de Natixis, va donner naissance à la deuxième banque française. Cette opération intervient alors que les deux établissements ont enregistré de mauvaises performances en 2008. Les Caisses d'Epargne ont enregistré leur première perte historique (2 milliards d'euros) tandis que les Banques Populaires ont pâti de leur première perte depuis la Seconde Guerre mondiale. L'Etat, qui pourrait en détenir jusqu'à 20%, va injecter 5 milliards d'euros dans le nouvel ensemble. La nomination à sa tête de l'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée, François Pérol, a suscité une polémique, en soulignant l'irruption de l'Etat dans la gouvernance.