Rio Tinto cède 4,53% à 2783 pence, pénalisé comme l'ensemble du secteur minier par le repli des cours des matières premières. L'essentiel est ailleurs. Le 14 juin au plus tard, l'Australie donnera son avis sur l'accord signé par le groupe minier australo-britannique avec géant de l'aluminium Chinalco, propriété de l'Etat chinois, pour s'assurer un apport de 19,5 milliards de dollars. Or, selon des sources proches du dossier citées aujourd'hui par Reuters, Chinalco pourrait revoir ses projets à la baisse en raison à la fois de l'opposition de Canberra et des actionnaires de Rio Tinto.
Selon les termes de l'accord actuel, Chinalco s'est engagé à acheter des obligations convertibles pour 7,2 milliards de dollars et à investir 12,3 milliards de dollars sous forme de participation dans certaines activités clés de Rio Tinto, dans le minerai de fer, le cuivre et l'aluminium.
Pour le gouvernement australien et les actionnaires de Rio Tinto, cet accord pose problème. Le groupe minier offre aux chinois la possibilité de porter à 18% sa participation dans le groupe, soit le double d'aujourd'hui. Or, les actionnaires de Rio Tinto n'ont aucun droit de préemption tandis que Chinalco occupera deux sièges au conseil d'administration.
Pour les observateurs, en cherchant à consolider sa situation financière, Rio Tinto risque de bafouer deux règles élémentaires du monde capitaliste : accorder à son principal client encore plus de pouvoir et ignorer le principe d'équité entre actionnaires.
Devant ces critiques, Chinalco pourrait donc accepter de revoir à la baisse l'émission d'obligations qui lui était destiné afin de limiter sa participation dans Rio à 14,9%. Soucieux apaiser les esprits, Rio Tinto pourrait laisser l'ensemble des investisseurs avoir accès aux obligations convertibles.
Pour la célèbre agence économique et financière britannique Breakingviews, Rio Tinto a désormais les moyens d'éviter la solution chinoise en lançant une augmentation de capital de 12 milliards de dollars et en réduisant les dividendes. Bien s-r, une telle opération ouvrirait grand la porte à une contre-offre de son éternel rival BHP Billiton, mais peut-être est-ce un moindre mal...
(P-J.L)