Danone a chuté de 5,14% à 37,58 euros hier, après avoir annoncé qu'il allait procéder à une augmentation de capital de 3 milliards d'euros. L'opération sera lancée dans les prochains jours "en fonction des conditions de marché", a précisé le directeur général délégué de Danone, Emmanuel Faber. Le géant de l'agroalimentaire entend ainsi "réduire son endettement" et "accroître sa flexibilité financière et stratégique" en vue de procéder à des acquisitions de taille moyenne ou petite.
La dette nette du champion des yaourts est en effet plus importante que celle de ses concurrents : elle s'élevait à la fin décembre à 11 milliards d'euros, pour 8,7 milliards d'euros de fonds propres. L'objectif est de ramener le ratio dette sur Ebitda de Danone à 1,7 contre 2,8 aujourd'hui.
"Cette annonce surprise est clairement une mauvaise nouvelle. Nous estimons que la dilution sera d'au moins 9% sans compter une très probable décote", a commenté un trader cité par Reuters.
De son côté, Emmanuel Faber a indiqué que l'augmentation de capital aurait, en année pleine, un impact dilutif de 10% si la totalité des trois milliards d'euros était souscrite.
Il a également précisé lors d'une conférence téléphonique que le groupe n'avait "absolument aucun projet d'acquisition majeure dans les semaines ou les mois à venir". Danone a toutefois souligné qu'il voulait être un contributeur "proactif" à la consolidation de l'industrie de la nutrition médicale.
Le groupe a reconfirmé ses objectifs pour 2009, à savoir une progression continue de la marge opérationnelle courante en données comparables et une croissance de 10% de son bénéfice net courant dilué par action en données comparables.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Performances
- Principales activités : (i) Produits Laitiers Frais, (ii) Eaux et (iii) Alimentation Infantile et Nutrition Médicale
- Chiffre d'affaires : Croissance de 19,1% en 2008 à 15,2 milliards d'euros du fait de l'acquisition de Numico (Croissance de 8,4% à données comparables)
- Résultats : En 2008, croissance de 12,3% du résultat opérationnel courant (à 2.27 milliards d'euros) et amélioration de la marge opérationnelle courante de 53pb (à 14,91%) à données comparables.
- Prévisions : pour 2009, compte tenu du ralentissement économique, y compris dans les pays émergents, table sur une croissance interne de quelques points inférieure aux 8 % à 10 % visés pour 2008. Prévoit également une hausse de 10% de son bénéfice net dilué par action à périmètre de consolidation et taux de change constants.
Stratégie
- Dans le cadre de sa stratégie de recentrage sur la santé, le groupe a cédé entre 1997 et 2007 la totalité de ses activités d'Epicerie, ses activités d'Emballage, ses activités de Fromage et Charcuterie (Galbani), ses activités Brassicoles Européennes, ses activités Sauces et ses activités Biscuits (à l'exception de ses participations en Amérique Latine et en Inde).
Après l'acquisition du néerlandais Numico, en octobre 2007, Danone intègre désormais deux métiers orientés santé et en forte croissance, la nutrition médicale et la nutrition infantile.
Dans un ENVIRONNEMENT très difficile, Danone compte consolider sa stratégie d'innovation en 2009.
- Evénements financiers : En 2007 le groupe a mené simultanément une cession majeure (pôle Biscuits) et une acquisition stratégique, la plus grosse jamais effectuée par le Groupe (Numico).
Les points forts de la valeur
- Acteur majeur de l'industrie alimentaire mondiale ;
- Bonne résistance à la crise grâce à la renommée de ses marques ;
- Fort dynamisme en termes d'offre grâce à une politique d'innovation constante et à une grande réactivité par rapport à la demande des consommateurs (en France, face au poids croissant des marques de distributeurs, lancement de l'Ecopack, pack de yaourts à 1 euro) ;
- Politique de cessions d'actifs non stratégiques (récemment sa filiale en Australie et Nouvelle-Zélande Fructor) pour réduire l'endettement ;
- Le positionnement santé permet au groupe de répercuter les hausses de prix de ses matières premières, et donc de préserver ses marges ;
- Avec un flottant de plus de 78%, et en l'absence d'un actionnaire de référence, le groupe est potentiellement opéable=> intérêt spéculatif.
Les points faibles de la valeur
- En France, essor des marques de distributeurs dans un contexte de crise ;
- Difficultés structurelles du pôle des eaux embouteillées dans les pays développés ;
- Le conflit avec le chinois Wahaha s'enlise (depuis 2005). Il est désormais arbitré par la chambre de commerce de Stockholm ;
- Du fait des nouvelles normes comptables (qui imposent de réévaluer les goodwill), le groupe pourrait enregistrer des dépréciations élevées suite au rachat de Numico ;
- Cette acquisition de plus de 12 milliards d'euros a gonflé l'endettement du groupe.
La valeur et son secteur
- Le secteur : Dans un contexte économique très tendu, les grands acteurs tels que Danone ou Nestlé résistent car leur capacité d'innovation leur permet développer de nouveaux produits à plus forte valeur ajoutée.
- La valeur dans son secteur : n