Les créanciers de General Motors devaient décider d'ici mardi soir s'ils souscrivent à un plan de redressement leur faisant perdre l'essentiel de leur mise, ou s'ils préférent l'acculer au dépôt de bilan pour tenter leur chance devant un tribunal des faillites.
Pour le numéro un américain de l'automobile, l'accord des créanciers est une pièce essentielle du puzzle à résoudre avant de soumettre officiellement en fin de semaine à l'administration un nouveau plan de redressement viable, conformément à l'ultimatum posé fin mars par le président Barack Obama.
Interrogé par l'AFP, un porte-parole de GM a précisé que l'offre expirait à minuit (mercredi 4H00 GMT) et qu'un résultat - ou éventuellement une prolongation de l'offre - serait annoncé mercredi.
La restructuration de la dette de GM porte sur 27 milliards de dollars.
Le seuil d'acceptation a été fixé très haut. Pour satisfaire le Trésor, il faudra qu'au moins 90% des créanciers acceptent de convertir leurs créances en actions, opération à l'issue de laquelle ils obtiendraient 10% du capital.
Selon le Wall Street Journal, à l'issue de la restructuration, le syndicat de l'automobile UAW obtiendrait 17,5% du capital et neuf milliards de dollars de titres de dette, au lieu des 39% du capital mentionnés initialement, afin de pouvoir financer le fonds d'assurance-santé des retraités du groupe.
Cette nouvelle répartition du capital du "nouveau GM", qui reste à confirmer officiellement, est sûrement destinée à désamorcer la grogne des investisseurs, qui s'estiment lésés par rapport au syndicat. La dette de GM est répartie entre 120 établissements financiers et 100.000 investisseurs individuels.
Un "comité ad-hoc" des créanciers a proposé fin avril un plan alternatif leur accordant 58% de la société nouvelle General Motors, tandis que les syndicats obtiendraient 41%, et les actionnaires actuels 1%.
Dans ce schéma, la nationalisation partielle serait évitée, "le gouvernement américain n'aurait pas à convertir les 20 milliards de dollars de prêts accordés (ndlr: 19,4 milliards au total ont été versés entre décembre et vendredi dernier), et la nécessité d'accorder des prêts supplémentaires serait dramatiquement réduite", avait fait valoir un responsable du cabinet Houlihan Lokeyn Howard and Zukin, conseiller du comité des créanciers.
Aucun représentant de ce cabinet n'était joignable mardi pour faire un point des discussions sur cette proposition.
Mais Douglas Bernstein, un avocat représentant les équipementiers automobiles dans la faillite de Chrysler, soulignait récemment que les porteurs de titres obligataires GM étaient sous forte pression après le précédent de Chrysler, acculé au dépôt de bilan il y a un mois à la suite de la résistance de certains créanciers.
"Pour un créancier de GM, il faut comprendre que le vrai risque est de se retrouver avec rien, ou presque rien", relevait M. Bernstein.
Chez Chrysler, les créanciers récalcitrants, de plus en plus isolés, ont dû finalement renoncer à contester le plan de restructuration soumis au juge des faillites, faute de moyens. Sauf un: le trésorier de l'Etat de l'Indiana, dont le recours devait être examiné mardi par un juge de district.
Si la pétition de l'Indiana devait être repoussée, un juge des faillites pourrait valider dès mercredi le plan de redressement de Chrysler. Selon un document juridique du Trésor, la vente à Fiat des actifs sains du numéro trois américain de l'automobile pourrait intervenir dès vendredi.
Pendant que les créanciers de GM évaluaient leurs options, les membres du syndicat UAW devaient se prononcer sur l'accord conclu par leurs représentants avec la direction du constructeur, annoncé jeudi dernier.
Un responsable syndical a émis des doutes sur la disposition de la base à faire les sacrifices demandés, alors que la direction du groupe entend vendre aux Etats-Unis des voitures produites en Chine.
"Si GM reçoit une aide gouvernementale pour aider à sa restructuration, et profite largement des énormes sacrifices des membres de l'UAW, actifs et à la retraite, ainsi que d'autres parties prenantes, nous pensons qu'il devrait être obligé à garder un nombre maximum d'emplois aux Etats-Unis", s'est plaint un responsable syndical, Alan Reuther.