Le titre Air France-KLM a bondi de 11,44% hier après la publication des résultats annuels, enregistrant la plus forte hausse des valeurs du CAC 40. A première vue, pourtant, les chiffres dévoilés par la compagnie aérienne peuvent sembler décevants. La perte nette annuelle de 814 millions d'euros qu'elle a dévoilée est en effet la première de son histoire. Un chiffre qui se compare à un bénéfice net de 756 millions d'euros sur l'exercice précédent. Le franco-néerlandais a en outre présenté une perte d'exploitation de 129 millions d'euros.
Cette perte s'explique notamment par le prix d'achat du pétrole, qui a littéralement plombé les comptes de la compagnie, représentant le deuxième poste de dépense derrière les salaires.
De plus, Air France-KLM, qui a vu son chiffre d'affaires s'incliner de 12,2% au quatrième trimestre, attend une nouvelle baisse des ventes sur l'exercice 2009.
Ces résultats sont toutefois meilleurs que ce qu'attendait le marché. Les analystes tablaient ainsi sur une perte d'exploitation de 204 millions d'euros et sur une perte nette de 927 millions. Air France-KLM avait lui évoqué une perte d'exploitation de l'ordre de 200 millions d'euros. La trésorerie atteint par ailleurs 4,2 milliards d'euros en fin d'exercice, à un niveau jugé «élevé» par Pierre-Henri Gourgeon, le directeur général du groupe.
Côté perspectives, la direction s'est voulue rassurante, disant discerner «les premiers signes d'une stabilisation des effets de la crise» depuis six à huit semaines.
Le transporteur, qui a relevé son objectif d'économies à 600 millions d'euros, compte économiser 1,9 milliard de dollars sur sa facture pétrolière sur l'exercice en cours. Il entend par ailleurs continuer à réduire la voilure, avec 3 000 nouvelles suppressions d'emplois attendues en 2009. Sur l'exercice précédent, le groupe, qui aujourd'hui emploie 107 000 personnes, avait réduit ses effectifs de 2 700 personnes.
Air France-KLM reste toutefois prudent, rappelant que l'ENVIRONNEMENT économique au premier trimestre «reste difficile» et juge «faible» la visibilité sur le second semestre.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Air France est devenue la première compagnie mondiale en terme de chiffre d'affaires depuis sa fusion avec la société néerlandaise KLM, avec un chiffre d'affaires annuel de plus de 19 milliards d'euros et des perspectives de synergies importantes. Le groupe Air France-KLM concentre ses activités autour de trois métiers principaux : le transport de passagers, le transport de fret et les services de maintenance et d'entretien.
Les points forts de la valeur
- La fusion Air France-KLM s'affirme de plus en plus comme une très grande réussite. Les synergies montent en puissance, ce qui, combiné à une politique stricte de contrôle des coûts, permet d'améliorer fortement la rentabilité du groupe.
- Les "hub" (plate-forme de correspondance) d'Air France et de KLM, respectivement Roissy et Schiphol, assurent au groupe une capacité de développement unique en Europe, et un énorme avantage stratégique sur ses concurrents.
- Le mouvement de concentration qui se profile dans le secteur aérien pourrait servir Air France-KLM, qui pourrait participer au sauvetage d'Alitalia, et sortir renforcé des difficultés de certaines petites compagnies.
- L'appartenance à l'alliance Skyteam constitue un atout commercial majeur. Desservant 684 destinations dans 133 pays, SkyTeam s'est imposée en cinq ans comme une alliance de référence.
- Air France bénéficie d'une situation financière saine, et d'une forte réactivité aux évolutions économiques et géopolitiques, grâce au contrôle des coûts et à l'ajustement des capacités.
- L'âge de la flotte d'Air France-KLM : 9,1 ans seulement contre 14 à 15 ans pour certains de ses concurrents.
Les points faibles de la valeur
- Les compagnies à faible coût comme EasyJet ou Ryanair avivent la concurrence sur les trajets court-courriers.
- La hausse des prix du fuel est susceptible de peser sur les résultats du groupe, malgré les couvertures.
- Sous l'effet de la récente flambée des prix du carburant, Air France-KLM a multiplié les surcharges carburant, qui alourdissent le prix des billets et découragent une partie de la clientèle.
Comment suivre la valeur
- Comme Air France et KLM l'étaient, le nouveau groupe qu'ils forment reste sensible au niveau du trafic aérien, et donc à la conjoncture, aux flux touristiques et à la confiance des voyageurs.
- En outre, en particulier lorsque le climat général est perturbé (guerres, craintes d'attentats, épidémies), les mesures de protection des marges (adaptabilité de la flotte, réduction des coûts) et parallèlement, le coefficient de remplissage des avions, indicateur clé, sont à suivre.
- Gros consommateur de carburant, Air France-KLM est aussi sensible à l'évolution du prix du pétrole, bien que sa politique de couverture atténue cet impact.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Transport aérien
Pour le moment l'Iata n'a pas revu à la baisse ses prévisions de pertes pour 2009, qu'elle estime à 2,5 milliards. Elles devraient se réduire, comparées à 2008, grâce à la baisse des cours du pétrole. Néanmoins, considérant la baisse continue du trafic aérien, nombre de professionnels jugent cette prévision optimiste. L'Iata chiffre également à 3% la baisse du trafic passagers en 2009. De nombreuses compagnies souffrent de leur système de couverture, nommé "fuel hedging ", et qui consiste pour le transporteur à fixer ses besoins en kérosène pour une période donnée, à un prix déterminé à l'avance. Or lorsque le prix du pétrole baisse, ce qui se produit actuellement, la compagnie ne peut pas en bénéficier car elle doit payer un prix fixé. Ainsi pour l'avenir et après renégociations, Air France-KLM, est parvenu à réduire ses taux de couverture de 80% à 43% pour l'exercice 2009-2010, pour un prix moyen de 67 dollars le baril, de 60% à 18% pour 2010-2011, à 72 dollars le baril, et de 60% à 21% pour 2011-2012.