Le conseil d'admnistration de l'équipementier automobile Valeo a saisi la justice après la découverte d'enregistrements clandestins de certaines de ses réunions et a appelé les actionnaires à ne pas voter la prime de départ de l'ex-PDG Thierry Morin.
Le groupe a indiqué lundi avoir "procédé à une enquête interne" après "la découverte récente d'enregistrements clandestins de certaines réunions d'administrateurs".
"Au vu des informations recueillies", le conseil d'admnistration a "décidé de saisir la justice", a-t-il annoncé. Concrètement, le groupe a déposé une plainte contre X, a-t-on appris auprès de Valeo.
En outre, le conseil d'administration a décidé de "ne pas recommander" aux actionnaires d'approuver la résolution concernant les indemnités de départ de M. Morin, lors de l'assemblée générale du 9 juin prochain.
Le conseil a aussi décidé vendredi de retirer à M. Morin le titre de président d'honneur qu'il lui avait conféré le 20 mars, a annoncé le groupe.
L'enquête interne et la décision d'engager une action judiciaire font suite à des informations fin avril de RTL. Selon la radio, un employé accuse l'ex-PDG de Valeo d'avoir fait poser des micros pour enregistrer des réunions du conseil d'administration de l'entreprise portant sur son avenir, et auxquelles il n'était pas convié.
Thierry Morin avait été remercié le 20 mars par le conseil d'administration pour "divergences stratégiques" et remplacé par un tandem composé d'un directeur général, Jacques Aschenbroich, et d'un président du conseil, Pascal Colombani.
M. Morin avait obtenu à son départ un parachute de 3,26 millions d'euros brut, correspondant à deux ans de la rémunération moyenne des trois dernières années précédant son départ. Cette somme lui a été versée le 23 mars.
L'accord d'indemnisation de M. Morin comporte aussi la possibilité pour l'ex-PDG de conserver le bénéfice des options d'achat et de souscription d'actions qui lui étaient accordées. Il sera présenté à l'assemblée générale du 9 juin.
Si la résolution était rejetée par l'assemblée générale, le conseil d'administration de Valeo, qui avait approuvé le parachute doré de M. Morin, pourrait alors décider d'engager une procédure pour récupérer l'indemnité versée.
Venant après d'autres précédents, l'annnonce de cette indemnisation accordée à M. Morin avait suscité un nouveau tollé, s'agissant d'un groupe ayant enregistré 207 millions d'euros de perte nette en 2008.
Le chef de l'Etat Nicolas Sarkozy avait estimé "qu'un dirigeant qui a mis son entreprise en difficulté puisse partir avec un parachute doré ce n'est pas responsable, ce n'est pas honnête", réagissant aux polémiques autour de l'octroi de stock-options et de parachutes dorés.
Le Premier ministre François Fillon avait indiqué que l'Etat était "opposé" au versement de la prime de départ à l'ex-PDG de Valeo, le ministre du Budget Eric Woerth avait jugé cette indemnité "pas normale" et le secrétaire d'Etat à l'Industrie Luc Chatel avait annoncé que l'Etat s'y opposerait lors de l'assemblée générale.
La présidente du Medef Laurence Parisot avait de son côté demandé à M. Morin "de renoncer immédiatement" à ses indemnités.
L'Etat est actionnaire à hauteur de plus de 8% de Valeo via le Fonds stratégique d'investissement (FSI) et la Caisse des dépôts.
Le principal actionnaire de Valeo est le fonds américain Pardus, avec près de 20%, qui n'a fait "aucun commentaire" sur les décisions du conseil où il a un siège d'administrateur.