Avec une chute de 9,97% à 1,50 euro, le cours Natixis témoigne de la déception des investisseurs au lendemain de la publication des résultats trimestriels de la banque. La filiale commune de Banque Populaire et Caisse d'Epargne a en effet perdu 1,839 milliard d'euros au premier trimestre 2009 en raison d'une forte perte au sein de la structure de cantonnement. Le marché attendait une perte de seulement 474 millions d'euros. Il s'agit du quatrième trimestre consécutif terminé dans le rouge pour Natixis, qui avait déjà perdu 2,8 milliards d'euros en 2008.
Conséquence : Banque Populaire et Caisse d'Epargne, les deux actionnaires de référence, vont injecter 3,5 milliards d'euros dans leur filiale commune. 1,5 milliard sera fourni par les actionnaires sous forme d'avance, tandis que les 2 milliards restant correspondent à une émission de TSSDI (titres hybrides). Cette nouvelle injection, qui s'ajoute aux 5,6 milliards d'euros de recapitalisation de Natixis l'an dernier, permettra de porter le ratio de solvabilité de la banque à 9,4%.
Le résultat désastreux de Natixis s'explique en large partie par une perte de 1,9 milliard d'euros dans la structure de cantonnement, où sont logés les actifs illiquides et toxiques.
Cette structure a subi de plein fouet les effets de la crise, et plus particulièrement la baisse du marché immobilier en Europe et aux Etats-Unis, ainsi que la dégradation de la situation des réhausseurs de crédit.
Hors structure de cantonnement, les activités pérennes de Natixis ont atteint un résultat net courant de 214 millions d'euros. Outre ce chiffre positif, la banque d'affaires souligne les performances de son activité de gestion d'actif, qui a enregistré une collecte nette de 5,2 milliards d'euros.
(An.P)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Natixis est né en novembre 2006 de la fusion des activités de banque de gros des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne. Initialement les participations respectives des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne dans le nouvel ensemble étaient de 45,5%. Mais la mise sur le marché de 233,65 millions de titres, au prix de 19,55 euros, a permis de les abaisser à 34%.
Le nouveau groupe s'affiche comme la première banque française en matière de gestion d'actifs avec plus de 500 milliards d'euros sous gestion dans le monde. Natixis s'organise autour de 6 pôles d'activités: la banque de détail, la banque de financement et de marché, la banque d'investissement privé, l'assurance-crédit et les crédits à la consommations et autres prestations.
Les points forts de la valeur
-Un quart de ses revenus proviennent des sommes reversées par les réseaux des Banques Populaire et des Caisses d'Epargne, par nature peu cycliques.
-Natixis devrait profiter des synergies de fusion attendues à 522 millions d'euros.
-Le nouvel ensemble bénéficie d'un important potentiel de croissance compte tenu du soutien de ses réseaux.
Les points faibles de la valeur
- De tous les grands établissements français cotés à Paris, Natixis est le plus lié aux revenus cycliques, de banques d'affaires (40% des recettes) et de marché (10%).
- Le système de gouvernance de la banque, partagé entre ses deux actionnaires principaux, Banque Populaire et l'Ecureuil, peine à convaincre de son efficacité, malgré leur réaction rapide lors du rachat de CIFG, une filiale de Natixis touchée par la crise du subprime, pour 1,5 milliard de dollars, qui a permis d'éviter une recapitalisation à la jeune banque.
- La faible visibilité de l'activité de banque d'investissement de Natixis, son plus gros contributeur en termes de revenus, ne joue pas en sa faveur.
Comment suivre la valeur
- Le groupe est très sensible à l'évolution des marchés financiers (pour sa division banque d'investissement), mais également à celle de la conjoncture économique (pour son activité de banque de financement).
- Par ailleurs, en tant que valeur financière, le titre est sensible à l'évolution des taux d'intérêts.
- En raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
Selon le BCG, la crise va amener les banques à profondément changer leur modèle. Il deviendra nécessaire pour elles de se concentrer sur leurs clients, et non plus sur leurs produits. Les changements devraient notamment porter sur la taille de leur portefeuille d'activités, leur modèle de gouvernance, leur stratégie opérationnelle. En France, la fusion entre les Caisses d'Epargne et les Banques Populaires, les deux maisons mères de Natixis, va donner naissance à la deuxième banque française. Cette opération intervient alors que les deux établissements ont enregistré de mauvaises performances en 2008. Les Caisses d'Epargne ont enregistré leur première perte historique (2 milliards d'euros) tandis que les Banques Populaires ont pâti de leur première perte depuis la Seconde Guerre mondiale. L'Etat, qui pourrait en détenir jusqu'à 20%, va injecter 5 milliards d'euros dans le nouvel ensemble. La nomination à sa tête de l'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée, François Pérol, a suscité une polémique, en soulignant l'irruption de l'Etat dans la gouvernance.