La banque franco-belge Dexia, qui a frôlé le dépôt de bilan en septembre et essuyé une perte de 3,3 milliards d'euros en 2008, a renoué avec les bénéfices au premier trimestre, ce qui a fait s'envoler son titre mercredi à l'ouverture de la Bourse de Paris.
Le résultat net de 251 millions d'euros est en baisse de 13,1% sur un an, mais il se compare favorablement à la perte de 2,6 milliards d'euros enregistrée au 4e trimestre.
En effet, la crise financière a pesé à hauteur de 431 millions sur ses comptes au 1er trimestre, contre 3,2 milliards au dernier trimestre, au cours duquel avait été comptabilisée notamment la perte attendue sur la vente de sa filiale américaine FSA, dont la cession est prévue pour la mi-juin.
Les métiers de base, financement des collectivités locales, banque de détail et commerciale, affichent des contributions positives, mais le pôle gestion d'actifs et assurance est en perte à cause de la baisse des marchés actions.
La banque, qui a été victime de l'assèchement du marché interbancaire, dont elle dépendait étroitement pour se financer, après la faillite de Lehman Brothers, assure que sa liquidité s?est améliorée grâce à la garantie des Etats belges, français et luxembourgeois, accordée début octobre à concurrence de 150 milliards d'euros.
Cette aide, qui lui a permis de lever 90 milliards d'euros de financements à ce jour, a favorisé le retour de la confiance, ce dont témoigne la croissance des dépôts de la clientèle (+3,5 milliards d'euros depuis fin décembre).
Par ailleurs, "le plan de transformation annoncé en novembre commence à porter ses fruits", a souligné son patron Pierre Mariani lors d'une conférence de presse à Bruxelles retransmise par téléphone.
Ce plan comprend, outre la cession de FSA, le cantonnement d'un portefeuille obligataire de 157 milliards d'euros, un programme de réduction des coûts et le recentrage de la banque sur ses activités et marchés "de base" (France, Belgique, Italie, péninsule ibérique).
"Ce trimestre confirme la bonne qualité de notre portefeuille obligataire, qui n'a enregistré aucune dépréciation majeure", a indiqué M. Mariani.
Il a souligné également que l'augmentation du coût du risque (provisions pour défaut de paiement) chez Dexia était "modérée" par rapport à ses concurrents, preuve que son portefeuille de crédits est lui aussi de qualité.
Les analystes de Crédit Suisse ont jugé la "performance opérationnelle bien meilleure qu'attendue", se félicitant que les coûts de financement ne "détruisent" pas la capacité de la banque à dégager des profits.
Le coût pour Dexia de la garantie des Etats, valable un an, s'est élevé à 80 millions d'euros ce trimestre et est estimé à 500 millions sur 12 mois.
Alors que se tient dans l'après-midi à Bruxelles l'assemblée générale de la banque, son président Jean-Luc Dehaene a justifié la hausse de salaire fixe de M. Mariani, critiquée par certains syndicats de Dexia.
"C'est une réaction populiste de bon ton dans le monde actuel", a-t-il dit. Car si le salaire fixe de M. Mariani est en hausse de 8,45% par rapport à celui de son prédécesseur Axel Miller, sa rémunération globale est en baisse. En effet, M. Miller jouissait d'un certain nombre d'avantages financiers qui ont été supprimés, a-t-il rappelé.